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Visite de travail du Président à Tahoua : Bazoum Mohamed dans les marécages issoufiens ?

Depuis le 17 janvier, le Président Bazoum Mohamed est l’hôte des populations de la région de Tahoua à qui il a décidé de consacrer trois jours de son temps pour une visite de travail. Une visite en de 72 heures qui a débuté avec Tillia, à 22 kilomètres de Tahoua. Il s’est rendu, ensuite, à Tebaram, Bagaroua, à 300 kilomètres de la capitale de l’Ader. Dans ce séjour à Tahoua, Bazoum Mohamed s’est fait accompagner d’une grosse armada de personnalités politiques. Selon une note signée du directeur de Cabinet du président Bazoum, ce n’est pas moins de 11 ministres du gouvernement qui figurent sur la liste des membres du gouvernement qui accompagnent le chef de l’Etat. 11 ministres dont celui de la Défense nationale, ceux de la Santé, de l’Enseignement technique, de l’Equipement, des Transports, des mines et des Finances. Ce qui fait dire à un observateur que Bazoum Mohamed s’est déplacé avec son gouvernement.

Bien qu’il ait déjà effectué des déplacements en région, notamment à Maradi, à Tillabéry et à Diffa, le président Bazoum est pris à partie par une partie de l’opinion nationale qui redoute, dans ce déplacement du chef de l’État la résurgence des vieux démons de la gouvernance issoufienne. À Maradi, en août 2021, Bazoum Mohamed a passé 48 heures.

À Tillabéry, il a fait deux séjours, notamment dans l’Anzourou en septembre 2021 et à Diffa, enfin, il a effectué une mission de travail de trois jours en début juillet 2021. Des précédents qui ne mettent pas pour autant Bazoum Mohamed à l’abri de critiques acerbes dans ce déplacement de Tahoua. « Il fera sans doute toutes les communes de Tahoua », fait remarquer un observateur. D’autres font simplement remarquer : « il est parti à Tahoua », comme s’il s’agissait d’une fatalité redoutée.

La crainte d’une résurgence de la gouvernance issoufienne

Dans ces préjugés sur une visite de travail qui n’est pas la première, aussi bien en termes de durée que d’envergure de l’équipe qui accompagne le Président Bazoum, il faut voir l’ombre de l’ancien président. Particulièrement omniprésent depuis qu’on l’a vu, presque en duplication au président en titre, à Accra, à Oslo (Norvège), à Paris, précisément à l’Elysée, l’ancien président, Issoufou Mahamadou a réussi à faire comprendre, en peu de temps, qu’il est là et bien là, au coeur du pouvoir. La visite du Président Bazoum à Tahoua est, donc, vue sous un autre angle que celui sous lequel les précédentes ont été effectuées. Pour certains, avec les récentes manifestations publiques de l’ancien président, dans des circonstances hautement symboliques, la visite de Tahoua consacre la reprise en main du pouvoir par le lobby issoufien. « Bazoum Mohamed, laisse-t-on entendre ici et là, ne peut pas ». C’est la formule consacrée depuis un certain temps pour dire à la fois qu’il n’a ni le pouvoir, ni la volonté de réussir quoi que ce soit. Pour les tenants de cette thèse, largement vérifiée, disent-ils, à la lumière du compterendu des organisations de la société civile de leur rencontre avec l’intéressé, Bazoum Mohamed a eu le temps de constater les limites objectives de ses capacités d’action. Et s’il continue de tenir certains discours, c’est juste pour ne pas perdre totalement la face. Au sein de l’opinion nationale, le sort réservé à l’affaire du ministère de la Défense nationale a créé une déception totale. C’est la preuve idéale de son impuissance. Ceux qui croyaient en la capacité de Bazoum Mohamed à changer le cours de la gouvernance sont désabusés. Ils constatent, amèrement, que si ce n’est pas en pire, la gouvernance ne connaîtra pas un autre développement.

En attendant les répercussions sur la vie de la nation

Il faut faire semblant. Mais, jusqu’à quand le Président Bazoum peutil se contenter de discours et espérer bénéficier du silence des acteurs sociaux et politiques ? Lors de sa rencontre avec les Osc, le 13 janvier 2021, il a encore réitéré sa volonté de poursuivre la lutte contre la corruption. Une lutte qu’il n’a jamais commencée en vérité et qu’il a de toute façon perdue avec la renonciation de l’Etat à se constituer partie civile dans le scandale du ministère de la Défense nationale où, officiellement, ce sont 76 milliards de francs CFA qui ont été détournés. De l’avis d’un acteur de la société civile très en vue, c’est sans doute la dernière chance qui a été donnée au Président Bazoum Mohamed de montrer sa bonne foi. Il a ressassé les mêmes discours et selon un des participants à la rencontre, le Président Bazoum a étalé son incohérence par rapport aux sujets abordés. Il a même, à la limite, reconnu son impuissance à faire bouger le curseur dans la lutte contre la corruption. Un constat amer qui donne du tonus à ceux qui n’ont jamais varié dans leur jugement sur le nouveau président.

Bazoum Mohamed, soutenaientils, ne pourrait rien réussir parce qu’il n’a aucun pouvoir véritable. Bazoum Mohamed effectue ce séjour à Tahoua, forcément en présence de son mentor, soulignent des sources. est, donc, perçu comme une sorte de retour en force d’Issoufou Mahamadou. À Tahoua, de grandes décisions seront prises, note quelqu’un. En attendant de savoir, dans les prochains jours et semaines, ce que Tahoua a accouché comme décisions politiques, les Nigériens spéculent, convaincus que ce séjour aura des répercussions sur la vie de la nation.

YAOU