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Rencontre entre le président de la République et les acteurs de la société civile : Nouvelle simulation ou remise en cause véritable du Président Mohamed Bazoum?

 «Le Président Bazoum Mohamed est assurément en train de patauger, sans boussole et sans vision » ? C’est le constat fait par un acteur politique de premier plan qui a requis l’anonymat. «En 10 mois de gouvernance, il n’a toujours pas fini d’exposer et de partager ses intentions et sa volonté, fait-il observer, non sans avoir souligné qu’il a visiblement perdu les pédales». Pour la seconde fois en moins d’un an, le Président Bazoum a voulu d’une rencontre avec les acteurs de la société civile. Une rencontre qui a duré quatre heures d’horloge et dont le menu a touché un peu à toutes les préoccupations actuelles. L’insécurité qui est en train de gagner toutes les régions du pays, la détention des prisonniers pour des délits d’opinion ou politiques, la cohésion nationale en délitement, etc. Même la lutte contre la corruption, abandonnée sur l’autel de l’affaire du ministère de la Défense nationale (Mdn), a été à l’ordre du jour et Bazoum Mohamed ne s’est pas interdit d’en parler. Une attitude jugée ostentatoire et insultante pour certains observateurs qui ont relevé que le Président Bazoum a déjà promis sans jamais rien faire. Au contraire, il a enfoncé le clou et le sort réservé au scandale du Mnd atteste, sinon de la fourberie en cours, du moins de l’incapacité du chef de l’État à donner le moindre souffle aux préoccupations des acteurs de la société civile.

Selon le compte-rendu public des acteurs de la société civile, en fin de compte, après avoir échangé sur tous les aspects et rappelé au chef de l’État les positions des organisations de la société civile (Osc) sur les sujets évoqués, positions devant lesquelles Bazoum Mohamed s’est incliné, de nouveaux accords de principe ont été obtenus. Outre l’engagement de Bazoum Mohamed «de ne jamais inquiéter et emprisonner des acteurs de la société civile pour leurs opinions et de ne plus faire entrave à l’exercice des libertés individuelles et collectives, notamment la liberté de manifestation dont il dit avoir lui-même joui pour en devenir un prédateur», il a été également question, entre autres, «de la volonté du chef de l’État de poursuivre, malgré les obstacles qu’il a lui-même soulevés, la lutte contre la corruption, les fraudes aux concours et examens, les recrutements complaisants, le trafic d’armes, de la drogue et du carburant ».

C’est sur la base de la convergence de vues notée que les Osc ont souligné faire dans les prochains jours des propositions tendant à concrétiser la volonté de décrisper le climat politique et social et de jeter les bases d’une réflexion et d’actions collectives visant à sortir le Niger de la crise grave dans laquelle il est installé et qui menace son intégrité et sa souveraineté. Une perspective que certains n’ont pas hésité à qualifier d’hypothétique, voire, de leurre. D’autres ont estimé que Bazoum Mohamed a finalement réussi à mettre les Osc dans son sac et que plus rien de bon n’est envisageable. Une vue sans doute extrême de la situation qui va nécessairement connaître des développements inattendus. L’affaire malienne n’est pas sans ricochets sur son voisin nigérien dont le président actuel n’a pas besoin de note d’analyse pour savoir qu’il y a lieu de désamorcer la bombe avant qu’elle n’explose.

La rencontre du Président Bazoum avec les Osc qui ont récemment déclaré leur intention de se constituer partie civile dans l’affaire du Mdn et de poursuivre la lutte judiciaire jusqu’à ce que les auteurs et leurs complices répondent de leurs actes devant la justice, est certainement problématique pour les deux parties. Les Osc ne pourraient sans doute pas offrir, à nouveau, une troisième chance à Bazoum Mohamed qui promet sans cesse sans lendemain. C’est, donc, probablement, l’ultime perche qu’elles tendent au Président Bazoum, quitte à celuici de la saisir et d’en faire bon usage. Quant à ce dernier, il est à la croisée des chemins. S’il recule devant ses engagements, il perdra toute crédibilité et pour toujours. S’il s’avise de donner suite à ses engagements, il doit se préparer à croiser le fer avec les mis en cause dans les énormes détournements de fonds publics, notamment au ministère de la Défense nationale. Et il sait qui sont-ils.

Doudou Amadou