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Réussite de la transition : Combattre le mal et tracer de nouveaux chemins

Réussite de la transition Combattre le mal et tracer de nouveaux chemins Réussir une transition n’est pas chose aisée, tant l’on a à faire face à de si nombreux aléas et défis aussi complexes qu’il serait de les hiérarchiser pour savoir, pertinemment, ce qu’il y a à affronter en premier pour en finir avec un autre, selon un timing qui correspond à un agenda que la transition se serait donné pour répondre aux attentes des Nigériens. Le défi majeur, dans le nouveau contexte, est de ne pas tomber dans les erreurs des transitions que le Niger a connues depuis Cheffou Amadou jusqu’à Mahamadou Danda. Pour réussir cette nouvelle aventure, il faut que les nouvelles autorités se démarquent de toute accointance pour ne travailler qu’aux seuls intérêts du Niger en créant les conditions qui puissent permettre un nouveau départ. Les mollesses que le CNSP semble avoir avec l’ancien régime risquent bien de le perdre. On ne fait jamais une chose, surtout un coup d’Etat, à moitié. On est obligé de faire sérieux. Quand changeant de stratégie, la France, à ciel ouvert, peut, maintenant à travers certains responsables dont sa ministre des Affaires Etrangères, Catherine Colonna qui peut ouvertement dire sur France 24 qu’ils feront tout pour faire échouer la transition au Niger sans préciser à quelle fin, l’on est en droit de s’interroger sur le nouvel activisme, en complicité avec certains Nigériens égarés, du pouvoir français qui ne se remet pas de ses déboires au Niger, cherchant, rancunier, à détruire le Niger par un autre moyen quand sa CEDEAO commence à douter de l’efficacité de la solution française qu’elle lui intime d’appliquer, inquiète, comme c’est le cas des sanctions injustes, que cela ne se retourne contre elle et ses propres intérêts. Les Nigériens doivent ouvrir les yeux et, avant eux, les nouvelles autorités du pays. Si la France insiste à croire qu’elle peut encore quelque chose au Niger pour revenir dans le pays, même s’il lui faut pour cela marcher sur le cadavre de Bazoum, c’est qu’elle croit, à travers une certains nonchalance du nouveau pouvoir à demander des comptes au régime précédent que le CNSP serait « clanisé » et divisé sur les options à faire pour gérer la transition. La France, qui a l’habitude des complots, pourrait donc croire qu’elle peut s’en servir à déstabiliser le régime des militaires qu’elle refuse toujours de reconnaitre, même si entre temps, contrainte, elle décide de partir du pays. Il faut donc que le CNSP garde la ligne et traite sans complaisance les problèmes qu’il a trouvés dans le pays après le coup d’Etat, problèmes qui pourraient aussi justifier, ne serait-ce qu’en partie, son action. Dès lors, le devoir de justice est un impératif catégorique auquel, si la transition veut réussir, elle ne saurait se soustraire. Mais, elle peut faire d’autres choix, quitte à elle de les assumer. Être avec le peuple est une chance. Il ne faut pas perdre de vue ce pacte essentiel. Il y a d’autant plus à prendre au sérieux les menaces françaises que, parlant de problèmes ethniques que personne ne lit dans le pays, la France, celle-là même qui a détruit, il y a quelques décennies, le Rwanda, commence à jouer sur les mêmes paliers dans le cas du Niger. Dans un pays où, des civils, dans la rue, narguant les Nigériens, sous la Renaissance, peuvent se pavaner sans jamais en être inquiétés, avec des armes de guerres, et que par un autre, sur les réseaux sociaux, on peut apprendre que des gens auraient des armes, de l’argent et les plus belles voitures dans le pays, il faut que les maisons, partout, soient perquisitionnées pour récupérer toute arme que des gens, de manière illégale, pourraient posséder. Il ne faut donc pas jouer avec ce que la France murmure jusqu’à avoir l’outrecuidance de l’avouer officiellement par des ministres en fonction. Le CNSP doit agir. Et vite.

Assainir…

Aujourd’hui, pour sortir la tête de l’eau, le Niger n’a d’autres choix que de combattre les maux qui ont ruiné ce pays et détruit son image, sa cohésion. Si, pour quelques raisons, la transition devrait, protéger certains acteurs politiques dans leurs responsabilités à travers la gestion qu’ils ont, à un moment ou à un autre, assumée. Peut-on franchement communier avec le peuple du Niger si certains crimes devraient rester encore impunis ? Peut-on laisser d’autres acteurs échapper à la justice et faire croire qu’on venait pour régler les problèmes du pays ? Les injustices, sans que cela ne se fasse dans un esprit de règlement de compte, peuvent-elles ne pas être soldées quand d’autres, abusant de leur pouvoir ou de leur position dans le système défait, peuvent arracher à d’autres leurs biens ou simplement, pour leurs plaisirs cyniques, sans que les preuves de leurs allégations ne soient constituées, trainer en prison des adversaires, mentant sur leur cas ? La politique n’est pas faite pour que les hommes s’entre-déchirent, pour qu’ils se détruisent les uns et les autres. Elle est faite pour prendre soin de l’homme. Pour rendre possible l’harmonie à l’intérieur des sociétés.

Il y a bien de dossiers pour lesquels les Nigériens attendent de voir la machine judiciaire se mettre en marche et, pour lesquels, le CNSP doit être intransigeant pour garantir un traitement judiciaire objectif et indépendant afin que chacun, selon son degré d’implication dans un dossier ou dans un autre, réponde de ses actes. L’Uranium-Gate qui pourrait embarrasser Emmanuel Macron quand son ouvrier le plus engagé, Hassoumi Massaoudou, devrait être une pièce maitresse du dossier reconnue par les justices française, belge et américaine qui le citent dans la scabreuse affaire, peut-elle rester, même au niveau national impunie ? Peut-on ne pas auditer la gestion des projets, au niveau des ministères, à un niveau central et à un niveau déconcentré ? Il faut que la transition se donne tous les courages possibles pour ne plus fléchir et ne plus céder,pour quelques raisons de relations de personne à personne qui pourraient jouer dans la traque des malfaiteurs, ce au nom de la responsabilité d’Etat, face à des cas patents et avérés de corruption et de détournements, pour, selon le cas, acquitter ou condamner des coupables présumés. La confiance avec le peuple et le soutien des Nigériens dépendent bien du traitement que la transition fera de tous ces problèmes, bien connus de tous, et que les Nigériens, depuis des années ont, dénoncés sans succès. Peut-on laisser des gens qui ont détourné les fonds de projets et de sociétés d’Etats et qui ont dilapidé les deniers publics continuer à se pavaner et faire croire qu’on venait pour régler les problèmes du pays ? De même, les Nigériens commencent, deux mois après, à se demander pourquoi, dans la chaine de l’administration, on continue à garder les mêmes hommes.

Toute la lumière doit être faite sur la gestion précédente. Et, par les efforts des Juges honnêtes et de la COLDEFF, l’Etat doit être remis dans ses droits en récupérant tout ce dont l’Etat a été spolié par les rapaces du système prédateur de la Renaissance. Il s’agit d’une question de Justice et il faut que, conformément à sa promesse de ne protéger personne, le CNSP aide le Général Tiani à remplir ce contrat avec le peuple du Niger devant lequel, moult fois, il prenait l’engagement de ne pas trahir les aspirations profondes des Nigériens. Le volet assainissement est donc un aspect de la gestion actuelle sur lequel on ne saurait transiger. Il faut aller au bout et l’on sait à quel point il y a à faire sérieux dans le domaine avec tant de dossiers connus et qui restent à découvrir, le ravage des renaissants étant immense. Et la transition s’en rendra compte dès qu’elle engagera de manière officielle, avec la communication qui sied, la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. L’insouciance et la cupidité de certains acteurs politiques et autres hommes d’affaires qui se sont amusés à faire des affaires quand, par leurs laxismes, le Niger devrait payer le plus lourd tribut au terrorisme, ne peuvent pas restés impunis. Ils doivent répondre. Mais déjà, il y a un des acteurs sur lequel pèsent de lourds soupçons qui, placés sous mandat de dépôt, devront répondre de leurs actes et tenter, s’ils le peuvent, de s’innocenter devant le Juge, le seul, qui pourrait désormais les délivrer de leurs déboires qui commencent.

Supprimer les institutions-bidons, budgétivores…

L’assainissement dont nous parlons doit également concerner l’espace institutionnel pour auditer le dispositif afin de juger de la pertinence et de l’utilité de certaines institutions qui ont été créées ici et là, le plus souvent de manière fantaisiste. A quoi sert une Halcia quand, en vérité, elle ne travaille dans bien de cas qu’à étouffer des dossiers qui, s’ils avaient été mis à la disposition de la Justice, pourraient mieux avoir le traitement qui convient et de manière impartiale tant que la justice peut être indépendance dans les faits, non dans les textes ? A quoi sert un CESOC quand, de manière pratique, l’on ne peut voir l’impact réel de son travail sur la vie de la nation, servant simplement de parlement bis sans importance. Il y en a certainement beaucoup d’autres sur lesquelles l’on peut à juste titre se demander quelle plus-value peuvent-elles avoir dans la marche du pays sinon que de servir de doublon ou d’institution-bidon dans l’architecture institutionnelle, juste pour avoir plus de postes à pourvoir afin de contenter les « mange-mil » de la démocratie, la clientèle politique, et grever le budget national.

L’Etat ne peut pas continuer à donner à manger à un personnel politique oisif, peu utile dans la vérité, mais chèrement payé surtout quand, en plus d’émoluments gâteux, on devrait lui offrir un confort pour un travail qui n’existe pas.

Baliser les chemins à suivre…

Lorsque la transition aura assaini tout l’espace, il lui faudra alors, réfléchir à trouver les moyens de refonder la démocratie nigérienne, en mettant en place des dispositifs coercitifs difficiles à contourner et des règles de jeu inviolables du fait de leur clarté. En seconde étape, il s’agit pour le CNSP, pour réussir sa transition, de tracer de nouveaux chemins, de poser des balises qui peuvent permettre à la démocratie de ne plus vivre les atermoiements qu’elle a connus de par le passé et qui lui ont fait vivre les fiascos que l’on sait. C’est pour cela qu’il faut institutionnaliser le CNDP qui doit être l’organe de régulation interne à la classe politique pour désamorcer ses crises et aplanir des divergences qui peuvent conduire à des crises potentielles. Le comportement que le PNDS au pouvoir a eu vis-à-vis de cette structure politique doit être analysé pour éviter que demain, d’autres, par les mêmes actes et les mêmes suffisances, en viennent à mettre à mal le dialogue politique si indispensable pour prévenir les crises. Le maître-mot de la nouvelle voie sera, ce qu’un homme politique nigérien de renom et grand officier de l’armée, Feu Moumouni Adamou Djermakoye avait appelé le « consensus » au point d’être désigné par ses compatriotes par un tel mot auquel il a cru. Pendant toute sa carrière politique, pour débarrasser la politique nigérienne de ses violences et de ses incompréhensions, convaincues que pour l’intérêt général, il s’est battu, sans être toujours bien compris de certains de ses compatriotes, un consensus auquel un peuple peut toujours aller, transcendant les clivages et les contradictions. S’il n’existe pas, il faut donc inventer ce consensus.

Mairiga