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Transition au Niger CNSP : l’impossible changement ?

Les Nigériens, depuis quelques jours, se posaient mille et une questions. La transition, peut-elle asseoir les jalons d’une nation refondée, d’une démocratie réparée et reconfigurée ? Peut-elle aider à rassembler, à unir ce Niger, en repensant sa Justice ? Plusieurs fois, le Chef de l’Etat est sorti pour rassurer ses compatriotes qu’il ne trahira pas les aspirations de ses compatriotes. On a cru au grand officier de l’armée, à la parole donnée de l’âge qui est le sien, au sens du sérieux qu’il incarne, au respect que force l’exemplarité de son parcours professionnel. Il avait ce capital de confiance, même si certains milieux avaient travaillé, usant de mensonges, d’intox et de manipulations diverses pour le discréditer aux yeux des Nigériens mobilisés massivement autour de lui et de ses compagnons du CNSP. On tenta de l’éloigner des Nigériens en faisant croire qu’il ne jouerait que pour un autre dans cette mission historique qu’il s’est donnée et qui a fait de lui aujourd’hui un héros national.

Pourtant, bien d’indices portent à faire attention à ce qui pourrait se tramer à l’ombre du CNSP, non pas de la part de ses membres, mais de la part du personnel qu’elle a gardé dans des positions importantes de l’administration pour travailler avec des hommes et des femmes qui sont acquis à la cause d’acteurs de l’ancien régime. Peut-on être sûr que bien de ces acteurs travaillent sincèrement à la réussite de la transition quand, pour avoir laissé des gens travailler avec leurs téléphones, ils peuvent, avec ceux-là, pensé leurs stratégies à mettre en oeuvre pour saborder la transition, avec l’aide, on l’imagine, d’une France qui ne s’en cache plus pour dire qu’elle travaillera à faire échouer la transition ? Le CNSP doit donc prendre conscience de ses fragilités, car les responsables du PNDS ne sont pas des enfants de coeur. Il y a de quoi s’en méfier. Quand on entend la France miser sur un échec de la transition, c’est qu’elle escompte des possibles fissures au sein du CNSP que des acteurs internes peuvent provoquer, usant de quelques relations. On ne triche pas avec un peuple ; on fait son travail ou on fait autre chose, quitte à s’assumer. La vérité est que ça ne va pas. Et il faut entendre les Nigériens puisqu’ils ne le disent pas pour faire mal, mais pour le ressaisissement, pour que le Niger ne quitte pas la trajectoire qui lui donne ses rêves nouveaux. Les dernières nominations en conseil des ministres ont sonné l’alerte. On ne comprend pas. On n’y comprend rien. On avait espéré non pas un grand chambardement mais quelque chose qui annonce un grand changement, qui rassure que le Niger est dans une nouvelle dynamique. Après plus de deux mois d’attendre, il faut en convenir qu’avec les nominations entendues, les Nigériens sont perplexes. Inquiets ; c’est le mot. Comment peut-on faire du neuf avec du vieux ? Le Niger en vient-il à manquer de cadres ? Souffre-t-il d’une pénurie de compétences pour n’avoir que les mêmes têtes à promouvoir ? Peut-on y lire quelques connivences avec un clan du PNDSTarayya ? En faisant de telles options suspectes, le CNSP et son gouvernement peuvent-il rassurer les Nigériens ? Comment comprendre que dans un gouvernement de quelques vingt membres, les dix-huit secrétaires généraux et les dix-huit secrétaires généraux adjoints soient du PNDS ? Est-ce donc des mêmes hommes dont les Nigériens se plaignaient de la gestion qu’ils doivent encore se contenter, ne pouvant pas trouver mieux même au sein du PNDS pour trouver des hommes et des femmes qui ne se seraient pas compromis ? Où est le changement qu’attendaient les Nigériens et pour lequel, ils se levaient à l’unisson pour défendre la transition ? Les Nigériens ne demandent pas une chasse aux sorcières mais quelque chose de juste et de judicieux pour ne plus sentir le fantôme du monstre défait. Ce peuple qui a trop souffert a besoin d’être rassuré.

Comment peut-on rassurer, quand l’on apprend qu’à la santé l’on a maintenu des agents qui seraient restés au même poste pendant au moins 14 ou 15 ans, voire 18 ? On est où là ?

Cela, ne permet pas de rassurer et de motiver les travailleurs. Quand les mêmes, qui les ont souvent torturés, doivent continuer à les gérer, ne leur donne-ton pas l’opportunité de régler leurs comptes, de continuer le même clanisme, les mêmes exclusions, de perpétuer les mêmes médiocrités ? Veut-on leur donner le temps de faire disparaitre les preuves d’une mauvaise gestion que l’on pourrait leur opposer ? Non, ce n’est pas bon.

La gestion des hommes est une question délicate lorsque l’on veut réussir ses engagements pris avec le peuple. Le CNSP doit conserver et renforcer son pacte avec le peuple qui est devenu, audelà de la force des armes, le bouclier qui le protège et avec lequel, il peut ne plus avoir peur d’aller dans tous ses choix. La mobilisation des Nigériens a dissuadé la CEDEAO et fait peur à la France. On ne peut pas comprendre dans ce ministère où les plus grosses affaires se soient passées, et notamment avec la gestion de la pandémie de la COVID, que l’on maintienne le personnel qui aura joué, d’une manière ou d’une autre, dans la magouille.

Ces interrogations légitimes que l’on se pose, doivent amener les nouvelles autorités, non pas à s’en offusquer et à se questionner sur les complicités qui leur imposent certains collaborations qui peuvent leur nuire, mais à ouvrir les yeux pour bien voir autour ce qui se trame par certains à qui on pourrait avoir fait confiance. On ne peut pas comprendre que des gens restent plus de dix ans au même poste pour espérer de leur part quelque efficacité si ce n’est de la routine. D’autres Nigériens – y compris du PNDS – attendent, il faut leur donner la chance de s’affirmer pour servir plus généreusement. Ils partaient aussi à l’école pour être utiles à leur pays !

Quand on entend la nomination au ministère de l’Enseignement supérieur de Pr. Tidjani Alou, grand universitaire il est vrai, mais homme de l’ombre qui avait été le tout premier que nommait Issoufou Mahamadou en 2011 et qui serait le maître à penser politique du système, l’on ne peut que douter des choix du CNSP et de son gouvernement pour aller dans la refondation d’un Niger nouveau. Il n’est que difficile de croire avec de tels choix que le Niger est libéré de la même camarilla dont la gestion cahoteuse justifiait les événements du 26 juillet dernier.

Le Niger a des ressources humaines immenses, il faut les exploiter à bon escient en lui évitant la collaboration de ceux qui auraient utilisé leur science à sa déstructuration. Il ne faut pas oublier que la France est partie mais qu’elle reste en embuscade, pour espérer avoir dans le système ceux qui ont servi l’ancien régime dont elle défend la cause pour s’en servir à fomenter les complots qui nuiront au CNSP et à sa transition. Faisons donc attention à nous-mêmes. N’est-ce pas celui-là qui aurait mobilisé les enseignants-chercheurs autour de la cause de la Renaissance ? Il faut faire en sorte que ce peuple- là ne doute pas. Autant l’on a besoin de sa cohésion que l’on a besoin aussi de celle du CNSP qui doit comprendre qu’il est dans une mission historique qui fait d’eux les grands héros de notre histoire contemporaine.

Ce pays a besoin de renaitre. D’espérer. De croire. D’oser surtout.

Alpha