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Procès Abdoulaye Seydou, coordonnateur du M62 : Le SG du Mouvement dénonce ‘’une poursuite et détention arbitraire’’

Les débats ont duré 8 heures d’horloge environ dans le procès opposant Abdoulaye Seydou, coordonnateur du Mouvement M62, à l’Etat du Niger, pour déboucher sur un réquisitoire dans lequel le Procureur de la République a requis 3 ans d’emprisonnement ferme et une amende de 5 millions de francs CFA. Le délibéré est fixé au 14 avril prochain. Emprisonné depuis janvier à la maison d’arrêt de Kollo, Abdoulaye Seydou n’est pas au bout de ses misères avec le gouvernement qui entend visiblement le réduire au silence. Pour le mettre en prison, l’Etat, par le truchement du Procureur de la République, a inventé de toute pièce un chef d’accusation farfelu en lien avec les événements tragiques de Tamou. Lorsqu’il a comparu libre en janvier dernier pour répondre du chef d’accusation de ‘’production et diffusion de données de nature à troubler l’ordre public et à saper le moral de l’armée’’, le ministère public a décidé d’abandonner cette piste pour le poursuivre cette fois par rapport à un nouveau chef d’accusation de ‘’complicité d’incendie volontaire de hangars des orpailleurs’’. De correctionnel, l’affaire prend désormais une tournure criminelle, donnant lieu à l’ouverture d’une information judiciaire dont l’instruction est confiée au doyen des juges d’instruction, rappelle-t-on. Après deux mois de travail sur le dossier, le doyen des juges a prononcé un non-lieu par rapport à l’accusation, les faits n’étant pas constitués. Il a alors renvoyé le coordonnateur du M62 devant le tribunal correctionnel pour ce procès qui s’est déroulé vendredi 31 mars 2023. Les débats entre les parties ont tourné pour l’essentiel sur le contenu de la déclaration publiée par le M62 suite aux témoignages recueillis par l’équipe qu’il a dépêchée à Tamou, quelques jours après le bombardement du site d’orpaillage par l’armée dans le cadre d’une opération de traque d’éléments terroristes. La polémique dans l’affaire se rapporte au nombre de morts civils et blessés qui s’établit respectivement à 11 et à 24, selon les chiffres fournis par la Commission national des droits humains. Il n’y a rien, absolument rien, dans le communiqué du M62 comme données susceptibles de troubler l’ordre public et attenter au moral de l’armée. Ce qui irritait le gouvernement, c’est l’entêtement affiché par les responsables du M62 de poursuivre les investigations pour faire toute la lumière sur l’affaire Tamou. Raison pour laquelle il fallait décapiter le mouvement en mettant au frais son coordonnateur Abdoulaye Seydou. Pour l’organisation, sa poursuite et sa détention sont arbitraires. ‘’Quand on écoute le parquet, mêmes les arguments qu’il donne c’est par rapport au nombre de morts. Or le M62 n’a jamais parlé de nombre de morts avancés par le parquet. Il a été rapporté dans notre déclaration que des citoyens à travers les réseaux sociaux ont parlé de tel nombre de morts et le ministère de la Défense dans son communiqué a avancé un chiffre et c’est ce qui a motivé notre mission terrain pour faire les constats qui ont été consignés notre déclaration’’, a déclaré Sanoussi, secrétaire général du M62. ‘’Nous avons demandé à ce qu’il y ait une enquête indépendante pour que cette affaire de Tamou soit tirée au clair. Mais ce harcèlement judiciaire contre notre coordonnateur ne nous surprend pas parce que bien avant qu’on ne soit là, l’adjoint du procureur l’a dit devant son avocat : avec ou sans raison, ils vont le jeter en prison’’, a ajouté Sanoussi, à l’issue du procès. Pour lui, il s’agit d’un cas de détention et de poursuite arbitraire contre un défenseur des droits humains. ‘’Nous n’allons jamais baisser la garde, nous allons continuer à nous mobiliser pour que justice soit faite et qu’il y ait manifestation de la vérité dans le cadre de l’affaire dite Etat du Niger contre M62, pour que lumière soit faite par rapport à la tuerie de Tamou et que les victimes civiles soient mises dans leur droit’’, a martelé le SG du M62.

Tawèye