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Oumarou Dogari et PNDS : Genèse d’une relation énigmatique

Dans un arrêté N°0036/D/M/ PCVN/SG du 28 janvier 2022, le président du Conseil de ville de Niamey, l’honorable Oumarou Moumouni Dogari interdit le 31e anniversaire du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (Pnds-Tarayya) qui était prévu se tenir le dimanche 31 Janvier à Niamey. Ce meeting entrant dans le cadre de la commémoration du 31e anniversaire dudit parti a été interdit «…pour des raisons d’état d’urgence sanitaire, risque d’infiltration et risque de trouble à l’ordre public, en application de l’article 22 de l’ordonnance 2010- 84 du 16 décembre 2010, portant Charte des partis politiques.». On ne peut plus clair, la cause est légitime et l’enjeu en vaut la taille. Il reste que cette décision soulève quand même quelques interrogations chez le commun des mortels qui n’arrivent pas à se situer sur la santé réelle de la collaboration entre le patron de la ville de Niamey et le pouvoir de Bazoum Mohamed qui, une tautologie, est quand même le Président du Niger au nom justement du Pnds- Tarayya. C’est bien le meeting anniversaire du parti au pouvoir que vient d’annuler l’honorable Oumarou Moumouni Dogari qui joue à un jeu mitigé que l’on n’arrive pas à décrypter à sa juste valeur. Soit.

Rappelons que les relations entre le Pnds-Tarayya et l’honorable Dogari ont pris un tournant décisif lors des joutes politiques qui ont opposé Tandja Mamadou aux forces de la CFDR qui combattaient son Tazartché illégitime. A cette période, la toute première structure mise en place par l’opposition (Dans laquelle siégeaient le Pnds- Tarayya et le LUMNA FA) était le Front pour la Défense de la Démocratie (FDD) dont le bureau régional de Niamey était présidé par Dogari. Les deux formations politique se sont donc retrouvées côte à côte, pour ne pas dire ensemble, derrière un même idéal qui consistait à barrer la route aux ambitions démesurées du président Tandja Mamadou qui s’était octroyé un bonus illégitime de trois années. L’occasion a ainsi profité aux hommes du Pnds-Tarayya et du LUMANA FA de sympathiser et même de nouer de vraies relations amicales. Dogari et certaines pontes du Pnds-Tarayya se retrouvaient même autour des mêmes tables pour partager un verre de thés.

Après la victoire de la CFDR, les deux partis précités se sont encore retrouvés au sein d’une même mouvance qui a remporté les élections présidentielles et porté Mahamadou Issoufou au pouvoir. Bien avant, le ralliement de LUMANA FA au Pnds- Tarayya a fait couler beaucoup d’encre. Cette alliance était non seulement improbable, mais elle semait le doute dans l’esprit d’une grande majorité des militants des deux formations politiques. Pour beaucoup de nigériens, cette alliance avait été rendue possible grâce justement au plaidoyer de certains militants ayant séjourné aux côtés des pontes du PNDS, en l’occurrence Oumarou Dogari, Soumana Sanda et Seyni. Au fait, dans le temps, au moment de la cohabitation au sein de la CFDR, l’autorité morale du Parti, Hama Amadou était en exil et ; même à son retour, il avait été réticent quant à une telle alliance. Ce sont ces principaux lieutenants, Dogari en tête qui lui avaient imposé une telle conduite. Le vin tiré fut bu et le PNDS s’était retrouvé à gérer le pouvoir ensemble avec le LUMANA-FA. La suite vous la connaissez ; retenons juste que le président du Conseil de la Ville de Niamey était devenu en ce temps un grand ami du Pnds-Tarayya. Ceci dit, aux dernières élections présidentielles, les amis d’antan se sont retrouvés cette fois-ci dans une position d’extrême belligérance. Le LUMANA-FA à l’opposition et le Pnds-Tarayya à la mouvance présidentielle. L’on connait bien le degré de l’animosité qui a caractérisé leurs relations non seulement durant la campagne électorale qu’après la proclamation des résultats. Tout compte fait, chacun est aujourd’hui à la place que Dieu lui a octroyée. Néanmoins, le très chanceux Dogari s’est retrouvé à la tête du Conseil de Ville de Niamey pour un 2e passage, encore appelé à gérer au sein du pouvoir du Pnds- Tarayya. Rappelons-nous encore les tous premiers jours de la gérance de Dogari. Ses tous premiers actes avaient franchement donné le tournis à ses propres militants. Du reste, certaines décisions qu’ils avaient prises concernant l’annulation de certaines manifestations de l’opposition et des OSC avaient fait douter ses propres proches quant à la réalité de sa nouvelle position. Ses camarades des partis de l’opposition, conduite légitimement par sa propre formation politique le LUMANA-FA, ne comprenaient plus les agissements de l’homme Dogari.

En effet, comment peut-il signer des actes qui interdisent des manifestations organisées par un bord auquel appartient sa propre formation politique ? Aujourd’hui encore, au LUMNA-FA tout comme au sein de la CAP20-21, on approche avec prudence l’homme, tant son comportement s’apparente-t-il souvent à un jeu de deux poids deux mesures. En clair, l’on ne se demandait plus si l’homme n’est pas en train de basculer dans l’autre camp, au vu des avantages faramineux que lui octroie sa nouvelle fonction. De plus, les autorités du Pnds-Tarayya à tous les niveaux ne manifestaient aucune résistance quant aux actes de gouvernance qu’il posait. C’était comme si le Pnds-Tarayya lui donnait carte blanche et lui, par reconnaissance, jouait le jeu en interdisant systématiquement les projets de manifestations tant de l’opposition que de certaines Organisations de la société civile non acquises au pouvoir. Ce sont des réalités qui ont eu cours au moins deux ou trois fois durant l’exercice de la gérance de Dogari à la tête du Conseil de Ville de Niamey. Un seul bémol avait un tant soit peu opposé la communauté urbaine de Niamey aux autorités du ministère de l’intérieur ; c’était la question de nomination des secrétaires généraux des municipalités/ là aussi, il parait que c’était le Président de la République lui-même qui avait haussé le ton pour que les décisions de Dogari soient respectées et entérinées. Souvenez-vous que dans le temps on avait même vu une sorte d’opération de charme du pouvoir vers les militants de LUMANA-FA de Niamey. Au fait le PNDS est à présent réellement que la Communauté Urbaine de Niamey est une chasse gardée de LUMANA-FA et d’aucuns avaient imaginé que le parti au pouvoir entreprendrait de récupérer ce fief, justement par l’intermédiaire de Dogari.

Dans le temps et aujourd’hui encore, le singe ressemble à l’homme. Conséquence ?

Les agissements de Dogari seraient étroitement surveillés par sa formation politique.

C’est dans ce contexte combien énigmatique que l’honorable Oumarou Moumouni Dogari vient de nous servir encore et encore une autre énigme. A quoi rime l’interdiction du meeting du parti au pouvoir, son présumé ami intime avec lequel il reste en odeur de sainteté jusque-là ? Surtout que parallèlement, une autre manifestation annoncée plus gigantesque et tumultueuse, plus risquée sur tous les aspects, vient d’être autorisée : la marche des forces vives de la nation. Franchement, cet événement suscite des interrogations monstres. A quoi joue Dogari ? Pourquoi décide-t-il subitement de tourner le dos à ses amis du Pnds- Tarayya ? Certes, la décision est tout à fait légitime au vu des arguments avancés. Cependant, il s’agit quand même de Dogari et du PNDS ; deux acteurs qui ont témoigné jusque-là de relations sans faute. A moins que l’homme n’ait ouvert les yeux et l’esprit pour enfin reconnaître qu’il est hautement redevable tant au LUMANA FA qu’à son autorité morale Hama Amadou. Si tel est le cas, il faut saluer le courage de l’homme.

Kaillo