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Société Civile : L’étincelle viendra-t-elle des enseignants ?

L’avenir des peuples de la sous région Ouest africaine est en train de dessiner à travers deux acteurs : les militaires qui ne semblent pas très bien appréciés tant sur le plan national qu’international et les activistes des organisations de la Société Civile qui, eux aussi, présentent souvent un bicéphalisme qui ne présage rien de bon. Qu’en est-il de la situation réelle de ces acteurs au Niger ? Lequel d’entre eux sera le porte-flambeau de la révolution nigérienne, à l’image de celle du peuple du Mali ? Nous planchons sur la révolte noble et légitime du peuple malien vis-à-vis des abus commis de longue date par la France dans ce pays avant de voir clair dans la situation qui prévaut au Burkina Faso.

Pour les premiers acteurs, à savoir les militaires, nos propos restent sommaires car leur intervention est souvent synonyme d’énigmes à plusieurs niveaux. Elle est mal perçue tant à l’interne qu’à l’externe, elle suscite et engendre des sanctions à l’international et donne l’occasion, aux officiers véreux de saccager les maigres ressources du trésor Public. A vrai dire, même si elle est souhaitable (Le coup d’Etat de Salou Djibo a été fortement applaudi par tous), l’irruption des militaires sur le terrain politique laisse à désirer. De plus, elle reste très hypothétique dans le contexte actuel nigérien. En effet, par des pratiques ségrégationnistes basées sur des considérations très dangereuses et préjudiciables à la cohésion nationale, les autorités au pouvoir ont semé une forte zizanie au sein de la famille militaire. Encore, la gestion de la crise sécuritaire a fortement diminué et fragilisé notre armée.

De nos jours, l’option la plus salutaire face au désordre de gouvernance reste celle qui viendrait des acteurs de la Société civile. Nous excluons volontairement les acteurs politiques car aujourd’hui, il ne faut absolument rien espérer du côté de l’opposition politique. Presque une année s’est écoulée après l’usurpation de la victoire de la CAP21-20, ACC, FDR et Alliés par le pouvoir illégitime en place.

Qu’est-ce qui s’est passé depuis lors ? Quel acte concret l’opposition politique a-t-elle posé pour contraindre les usurpateurs à reconsidérer leur position ? Rien si ce n’est des va-et-vient inutiles entre Niamey et Abuja.

Ceci dit, face à la sourde oreille des autorités quant aux cris incessants du peuple qui réclame une meilleure gouvernance, seuls les acteurs sérieux de la société civile peuvent interagir de façon efficace. Il ne s’agit nullement de mener des actions subversives contre le pouvoir en place. L’issue serait que la Société Civile passe par des voies légitimes et autorisées pour balayer ces incapables rompus dans l’arnaque, la corruption et la dilapidation des ressources du pays. A ce niveau aussi, il faudrait un énorme travail à la base pour décanter la composante de ces organisations. En effet, dans ses manoeuvres sournoises d’endoctrinement et d’achat des consciences, le pouvoir en place à réussi à mettre sous sa coupe une grande partie des organisations de la société civile. Nominations intempestives et inappropriées des acteurs, des responsables des structures des OSC à des postes indus, octroi de subventions à certaines ONG de gré à gré, les subterfuges employés sont nombreux que le pouvoir a utilisés pour endormir certains responsables des OSC. Certains d’entre eux sont même devenus plus royalistes que le roi. On les entend chaque jour qui livre une guéguerre sans merci à l’opposition ou même à leurs camarades agissant dans l’orthodoxie qui ont refusé de se noyer dans les malversations qui leur ont été miroitées. Plus zélés que les militants même des formations politiques, certains acteurs des OSC déploient une énergie incompréhensible sur les réseaux sociaux ou sur les médias de la place à caresser le pouvoir. C’est dire que, même si actions il faut attendre, elles ne viendront jamais de certains acteurs des OSC endoctrinées par le pouvoir ; nous sommes au Niger ; on se sait.

Malgré ce contexte lamentable servi par les OSC, il y en a quand même qui n’oeuvre véritablement sous aucune contrainte, sans aucun endoctrinement, en toute liberté. Ces acteurs jouent juste leur rôle de contrôle citoyen de l’action publique et de défense des intérêts matériels et moraux de leurs militants ; allusion est ici faite en direction de certains syndicats et regroupements corporatistes qui travaillent fi sabil-lillah, au respect de leurs prérogatives et de leurs agendas. D’ores et déjà, il faut ici exclure au niveau des corporations, l’Intersyndicale qui, comme on le sait est entièrement alignée au pouvoir. L’élan attendu viendrait peut-être ou très certainement d’une nouvelle Union, celle qui a réuni en dernier les syndicats et acteurs évoluant dans le secteur de l’éducation. Comme on le sait, les syndicats évoluant dans le secteur éducatif représentent une force sûre et certaine depuis la nuit des temps à cause de leurs forces de mobilisation inestimables. C’est en connaissance de cause que tous les régimes qui se sont succédé au Niger ont fait des pieds et des mains pour s’attirer la sympathie des syndicats des enseignants. C’est le cas avec le PNDS qui a fait du SNEN sa chasse gardée. Personne n’ignore le rôle déterminant que le SNEN a joué tant dans la victoire du Pnds que dans sa gouvernance : mobilisation des militants en campagne et passivité maladive durant le règne du PNDS ; pas de contestations sérieuses.

Pour l’heure, il semble bien que les enseignants ont fini par comprendre l’utilisation qui a été faite d’eux. Surtout, la création de syndicats multiples dans le même secteur a été un handicap sérieux qui a fragilisé le mouvement des enseignants. Est-ce à dire que les uns et les autres ont enfin compris la manoeuvre dilatoire du politique qui a motivé en encouragé la fragmentation des forces des enseignants par la création de petits syndicats ? Dans tous les cas, cette ère semble être révolue car au courant de la semaine, les différents syndicats des enseignants se sont réunis et ont décidé d’agir désormais ensemble, dans la cohésion. «Si on touche à un seul enseignant, nous allons tous réagir ensemble», a déclaré leur porte-parole. La volonté est réelle et elle est affichée et clamée haut et fort.

C’est une gage de renouveau ou même de renaissance syndicale. Attention ! Il y a lieu de surveiller les agissements de l’ITN. C’est bien la pieuvre du pouvoir, celle qu’il utilise pour endoctriner les centrales syndicales. D’ailleurs, le SNEN reste le socle sur lequel repose l’ITN. Si jamais cette nouvelle Union se désolidarise de l’intersyndicale, le peuple nigérien peut s’assurer d’avoir trouvé le sésame ouvre-toi qui manque au pays. Il reste juste que cette structure s’émancipe et qu’elle pioche qui il faut parmi les organisations de la Société civile et le tour est joué. D’ores et déjà, cette union est en grève de soixante-douze heures depuis le vendredi 29 janvier dernier pour, entre autres, réclamer le paiement régulier des contractuels à termes échus. Ceci dit, le nouvel air de révolution qui souffle sur les pays de l’ouest-africain peut, au Niger, s’appuyer sur les acteurs sérieux des OSC. Pour recomposer le paysage de ces OSC, l’occasion est bellement offerte par les syndicats des enseignants. Qui pourraient se joindre aux autres acteurs connus pour leur probité. Un front élargi de contestation pourrait par des actions choisies contraindre les autorités politiques à prendre des décisions de gouvernance beaucoup plus orthodoxes que la pagaille qu’ils sont en train d’orchestrer.

L’homme qui pourrait profiter de cette occasion est certainement le Président de la République Bazoum Mohamed qui se retrouve aujourd’hui en perte de légitimité et même de réelles prérogatives de gouvernance. Supplanté toujours par l’ex président Issoufou Mahamadou, Bazoum pourrait bien s’appuyer sur une société civile crédible pour contraindre à Issoufou à s’éloigner des affaires du pays. Le Niger a besoin d’un réel changement.

Kaillo