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Lutte du peuple malien pour la souveraineté et l’intégrité du territoire national : Quand les autorités nigériennes servent de porte-voix à la France

Alors que, de plus en plus, en Afrique comme au niveau international, la France est de plus en plus esseulée dans son projet de partition du Mali et de ses accointances flagrantes avec Kidal, l’épicentre des terroristes et des trafiquants de drogue comme l’a dénoncé Issoufou Mahamadou, les autorités nigériennes s’illustrent dans un rôle trouble. À Paris où il était avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian, Hassoumi Massoudou, le ministre des Affaires étrangères nigérien, a claqué la langue comme un griot au service de la France. Selon des informations en provenance de médias français, la présence de Hassoumi à Paris s’inscrit dans le cadre de la réunion avortée des pays du G5 Sahel à cause du coup d’Etat intervenu à Ouagadougou. Mais pourquoi est-il seul avec Jean Yves Le Drian ? Entraîné dans un point de presse sur le Mali sans que les circonstances aient été clarifiées, Hassoumi Massoudou s’est fait plus royaliste que le roi. Il traite les autorités militaires de la Transition malienne d’officiers ayant échoué sur le terrain de la guerre et qui se permettent de prendre le pouvoir politique. Pire, il met en doute leur patriotisme qu’il traite de frelaté, dénonçant au passage la présence du partenaire russe dont les autorités maliennes ont librement contracté les services.

La sortie médiatique de Hassoumi Massoudou, à Paris, tout seul avec le ministre des Affaires étrangères français, semble avoir été négocié par l’Elysée qui sait disposer à Niamey d’appuis solides et aveugles, d’hommes corvéables à merci pour porter la voie et le combat de la France. Un combat que les autorités nigériennes mènent si efficacement par procuration pour la France. Jean Yves Le Drian n’a pas d’ailleurs manqué de le souligner : « Nous avons des relations extrêmement étroites avec le Niger », a déclaré le ministre français lors du point de presse, non sans avoir rendu hommage à la « démocratie » nigérienne qui a vu, dit-il, « un homme démocratiquement élu succéder à un homme démocratiquement élu ». Des mots perçus, du côté de Niamey comme de Bamako et de Ouagadougou comme l’expression de la démagogie, de la fausseté et de la roublardise des autorités françaises.

Ces tirs croisés et concertés entre les autorités françaises et nigériennes contre le Mali présentent davantage le Niger dans une posture assimilée par de nombreux Nigériens à de la servitude vis-à-vis de la France.

En écho à ce que Jean-Yves Le Drian a déclaré, Hassoumi Massoudou a dit que le Niger condamne ferment le coup d’Etat intervenu au Burkina Faso et que cela ne saurait être accepté dans l’espace de la Cedeao. « Nous sommes déterminés, au niveau de la Cedeao, à faire en sorte que l’expérience de confiscation du pouvoir par une junte militaire soi un échec, aussi bien au Mali, au Burkina Faso que partout ailleurs dans l’espace de la Cedeao », a rappliqué le ministre nigérien des Affaires étrangères. Avec le même vocabulaire que celui usité dans le discours officiel de l’Elysée, Hassoumi a relevé qu’ils ne comprennent pas que des chefs militaires qui ont échoué sur le terrain de la guerre prennent le pouvoir politique et au nom d’un patriotisme frelaté, font appel à des mercenaires pour défendre l’intégrité de leur territoire ». Ces tirs croisés et concertés entre les autorités françaises et nigériennes contre le Mali présentent davantage le Niger dans une mauvaise posture. Une posture assimilée par de nombreux Nigériens à de la servitude vis-à-vis de la France qui mène un combat de préservation de ses intérêts, quoi qu’i puisse en coûter aux pays concernés.

Au Niger, les autorités actuelles ont fait leur choix. Elles ont choisi de soutenir la France, de l’appuyer et de l’accompagner dans cette guerre sordide contre ses anciennes colonies. Les installations et matériels militaires français déguerpis au Mali ont été réinstallés au Niger, précisément à Niamey qui est depuis lors devenue la plateforme du dispositif sécuritaire français au Sahel. Le discours tenu par Hassoumi Massoudou sur les autorités militaires de la Transition malienne n’est, donc, pas si surprenant que ça. Avant Hassoumi Massoudou, le Président Bazoum Mohamed a embouché la même trompette, avec le même vocabulaire et la même intransigeance que son ministre des Affaires étrangères. Pour nombre d’observateurs, nigériens mais aussi étrangers, l’extrême violence verbale des autorités nigériennes à l’encontre des autorités militaires maliennes et leur soutien aveugle à l’Elysée n’a rien à voir avec un quelconque attachement à des valeurs démocratiques et républicaines. Selon une opinion répandue, cette tolérance zéro des autorités nigériennes à l’encontre des autorités militaires de la Transition malienne est un combat d’arrière-garde.

Une cinglante réponse saluée pour les civilités diplomatiques observées par le Premier ministre malien. Ce qui a manqué cruellement chez Hassoumi Massoudou.

Pour Niamey, qui a tremblé à la suite du coup d’Etat au Burkina Faso, il s’agit de conjurer le mauvais sort en arrêtant net ce feu de coup d’Etat qui ravage l’Afrique de l’Ouest. Après le Mali, La Guinée de Sékou Touré est tombée entre les mains des militaires avant que Ouagadougou ne s’inscrive au tableau d’affiche. Une tendance qui, selon une télévision occidentale, inquiète tant les autorités nigériennes que le Président Bazoum a refusé de dormir au Palais présidentiel. Une information que Niamey a démentie, sans toutefois réussir à convaincre sur l’inexistence de lien dynamique entre la position sans concession des autorités nigériennes et l’angoisse morbide de subir le même sort que celles du Mali, de Guinée et du Burkina Faso. Selon les mêmes sources, les autorités nigériennes, issues d’élections dont les résultats sont toujours contestés par l’opposition politique, font absolument preuve de zèle pour servir les intérêts français au Sahel. Même le devoir de réserve auquel elles sont tenues lorsqu’elles interviennent en dehors des arcanes des instances régionales ne les retient pas. Le propos de Hassoumi Massoudou n’a pas laissé les autorités maliennes indifférentes. Réagissant à la déclaration du ministre nigérien des Affaires étrangères, Choguel Maïga, le Premier ministre malien a souligné que, fort heureusement, cette position exprimée par Massoudou est loin d’être celle de la majorité écrasante du peuple nigérien, proche et solidaire du peuple malien. Et pour ne rien laisser au hasard, il a dit défier l’invité de Jean-Yves Le Drian d’organiser un rassemblement populaire de la taille de celui qu’Assimi Goïta a réussi à Bamako le …2022. Une cinglante réponse saluée pour les civilités diplomatiques observées par le Premier ministre malien. Ce qui a manqué cruellement chez Hassoumi Massoudou. Quant à la France, qui peine à convaincre de sa bonne foi dans la guerre contre le terrorisme au Sahel, elle peut se réjouir d’avoir des alliés aussi bienveillants que les dirigeants nigériens, déterminés, comme l’a déclaré Hassoumi Massoudou, à faire en sorte que l’expérience de « confiscation » du pouvoir par une junte militaire soit un échec, aussi bien au Mali, au Burkina Faso que partout ailleurs dans l’espace de la Cedeao ». On se demande bien comment.

Doudou Amadou