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Le mouvement Hamzari est allé prendre ses racines dans les confins du terroir de son initiateur

Le mouvement Hamzari n’a pas fini de parler de lui, ayant encore à écrire sa longue épopée qui ne fait que commencer. Alors que certains milieux du parti de Foumakoye Gado tentent de minimiser le mouvement, le discréditant même, le voilà qui poursuit sereinement son bon bout de chemin, posant, dans la discrétion ses fondations, et émergeant pour de nouvelles gloires politiques. Il y a quelques jours, c’est à Malbaza qu’Elhadj Amadou Djidout, partait pour rencontrer les populations de ladite localité afin de les entretenir sur la situation préoccupante du pays et, notamment, du mouvement qui est en gestation depuis des mois, appelé à jouer un rôle politique majeur dans le pays. Il faut rappeler que ce qui a motivé la naissance de ce mouvement vient de constats amers dans la conduite des affaires de l’Etat et, ce, depuis que Mohamed Bazoum est arrivé au pouvoir. En effet, alors que c’est lui qui est élu et donc qui doit mener le bal, voilà qu’on le contrarie, certains milieux ne voulant pas qu’il ait les coudées franches pour gouverner selon ses convictions politiques. Quand on voit la mobilisation du jour, l’on ne peut que croire à ce que ce mouvement puisse compter sur une certaine base qui croit à son objet, à la réalité des problèmes qui sont en train de le mobiliser. C’est un atout majeur et une situation profitable au mouvement pour s’enraciner dans le peuple, avec partout, tant dans la population en général que dans le parti d’Issoufou Mahamadou, le PNDS en particulier, où l’on compte des Nigériens déçus et aujourd’hui inquiets pour l’avenir du pays et de sa démocratie.

Mobilisation au grand jour….

Peu à peu, le mouvement sort de l’ombre, poursuivant son chemin et ses convictions. Les images que l’on a vues de la mobilisation ne mentent pas sur ce que le mouvement ne manque pas d’enracinement, d’ancrage dans son peuple qui puisse lui permettre de se révéler comme une force politique incontournable. Pour certains analystes, d’autres raisons pourraient laisser certaines autres grandes voix du parti se maintenir dans un silence stratégique, pour ne surgir qu’au moment opportun. D’ailleurs, qui ne sait pas qu’au PNDS, ils sont aujourd’hui nombreux, les hommes et les femmes, jeunes ou non, qui n’apprécient pas les conditions dans lesquelles Mohamed Bazoum est appelé à gouverner le pays, ne disposant pas de trop de liberté pour agir et pour décider, étouffé par un PNDS qui croit que c’est lui qui est élu non un homme ? L’on sait qu’ils sont partout dans le pays ces foules qui n’apprécient pas le pouvoir asservi qu’on donne à Bazoum alors qu’il pourrait aimer bien faire pour le pays pour agir autrement que par les injonctions d’une cellule qui cache bien mal ses secrets. L’on peut d’ailleurs entendre dans les différentes interventions que les gens ont assez de cette situation atypique qu’on ne peut accepter dans une démocratie normale parce qu’elle infantilise l’autre pour croire qu’il ne peut, par lui-même, être capable de mieux. Aussi, disent-ils, que s’ils n’ont pas parlé, ce n’est pas parce qu’ils en ont peur, mais parce qu’ils attendent que, le moment venu, sans rien forcer, pour l’Histoire, ils viennent dire tout ce qu’ils pensent de la situation du pays et surtout pour donner leur soutien au mouvement que créait leur frère et ami, Elh. Amadou Djidout à l’appel duquel, ils répondront si massivement pour le rassurer de ce qu’ils comprennent tout l’enjeu de son combat qui, au-delà ses déceptions et ses frustrations qui l’ont vu naitre, se veut aussi être un combat national et nationaliste.

Rappelant les conditions dans lesquelles celui qui porte la voix gênante à l’intérieur du parti avait été exclu du PNDS où, visiblement, la démocratie n’a aucune chance de vivre, ses ténors, imposant la pensée unique, ne pouvant donc pas s’accommoder de voix discordantes, la foule rassemblée a fait entendre ses déceptions et sa volonté de marcher avec son leader, Elh. Amadou Djidout dont le courage politique n’est plus à démontrer quand on sait les rigidités qui gouvernent le PNDS. Les sympathisants diront d’ailleurs qu’ils sont fatigués, ne pouvant pas accepter d’évoluer dans un système qui ne sait respecter l’autre a fortiori même son opinion. Le Niger ne peut pas être géré selon les seules volontés d’un clan, le pays étant un bien commun qui oblige à entendre tous les sons de cloche. Pourquoi, quand certains peuvent alerter pour dire sincèrement et de bonne foi que ça ne va pas, l’on ne veut pas entendre un tel cri, cherchant toujours les moyens de forcer la marche du pays et à étouffer les colères légitimes de gens qui ont quand même le droit de penser autrement.

Vers la constitution d’un parti politique ?

On sait que depuis l’interview exclusive que son fondateur nous donnait pour parler de son mouvement, celui-ci n’excluait pas la possibilité pour le mouvement de se muer en parti politique afin de mieux porter son combat et donner corps à ses convictions et les idéaux qu’il poursuit pour le pays et pour sa démocratie. Sans doute que le mouvement prend le temps de travailler, de manière souterraine, à enraciner le mouvement, à élargir ses bases, à le vendre dans certains milieux du parti dont il est issu et même au-delà car, en toile de fond, il dit se battre pour Bazoum Mohamed et pour son émancipation politique, toutes choses importantes dans la perspective des prochaines élections du pays où, à défaut du PNDS qui pourrait avoir un autre agenda à défendre, le président sortant pourra s’en servir pour porter sa prochaine candidature.

Bazoum est sans doute conscient de ce retournement possible auquel il pourrait être poussé par les jeux politiques. Aussi, doit-il avoir la précaution de se prémunir d’autres stratégies pour ne pas être surpris par des amis que tout le monde s’accorde à reconnaitre aujourd’hui comme ses vrais opposants, et peut-être les seuls, qu’il pourrait avoir aujourd’hui sur l’échiquier. En tout cas, quand on écoute les propos des uns et des autres à l’occasion de cette grande rencontre à Malbaza, l’on peut dire, sans risque de se tromper, que Hamzari est sur la voie, et certainement que les prochains jours, il fera encore parler de lui, notamment quand d’autres pontes sortiront au grand jour pour afficher leurs nouvelles convictions et leurs nouveaux combats. Pour donner forme à leurs ambitions politiques légitimes nées de frustrations et de marginalisations, ils aspirent à aller en congrès pour qu’officiellement, sur la base d’une structure légale, reconnue, la foule de sympathisants que compte le mouvement porte le nouveau parti sur les fonds baptismaux et son leader à la tête du mouvement et ainsi jouer sur l’échiquier le rôle qui lui revient. Leur engagement est d’autant inébranlable qu’ils disent être à 100% avec Hamzari et ses idéaux, avec Elh. Amadou Djidout et son leadership.

Le PNDS, dos au mur ?

Certains, depuis que l’on parle de mésentente, ou du moins d’incompréhensions logiques et normales entre les responsables du parti relativement à la gestion du pouvoir, ne ratent aucune occasion pour inonder les réseaux sociaux de démentis catégoriques et subjectifs, disant à qui veut les entendre, que jamais l’on ne verra la rupture entre les deux hommes, oubliant ce qu’est la politique pour ne jamais jurer sur rien dans le domaine et qu’il s’agit d’hommes qui, quoi qu’on dise, ont leurs états d’âme. Quand on considère la région dans laquelle prend racine ce qu’autres peuvent considérer comme une rébellion politique – et c’en est ainsi car Amadou Djidout a été traité comme tel et chassé du parti comme un malpropre – l’on peut reconnaitre que le malaise au sein du parti est réel, et peutêtre même profond. Dans la région qu’Issoufou Mahamadou veut, sur des artifices, réglée comme étant exclusivement Tarayya, le parti est sans doute en train de se fissurer, en attendant que d’autres qu’on a, sur des appels subjectifs, appelés en renfort, en leur miroitant des bonheurs irréalistes et invisibles se rebiffent, à savoir Abouba Albadé et Sala Habi, la blessure dans le parti ne fera que se creuser, le malaise s’étendant car ils sont nombreux à reconnaitre que le bonheur d’Issoufou n’est pas forcément celui de la région qui, elle, trouve mieux son affirmation et son sens dans la nation plurielle qui harmonise ses différences, non dans ce qui est de la « régionalité ». Une région ne peut pas être que d’un parti. Cette image que le président Issoufou a voulu donner de son parti l’a desservi car cela a montré qu’il ne croit ni à la nation ni même à la démocratie.

Les lignes sont en train de bouger. Beaucoup d’observateurs et de responsables du parti socialiste reconnaissent aujourd’hui les fragilités de leur parti du fait de la gestion qui en a été faite durant les deux mandats d’Issoufou qui ne donnait des chances d’émergence qu’à un certain sérail, choix politique hasardeux qui a poussé bien de militants à douter de leur socialisme et même à se méfier du PNDS devenu pour d’autres une secte politique dangereuse.

Les prochains jours, assurément, montreront des fractures dans ce parti que l’on a voulu présenter par vanité comme du roc alors que, comme tous les partis politiques de la terre, il ne peut que subir les contrecoups des aléas politiques. En surélevant des Nigériens pour en rabaisser d’autres, le PNDS a catégorisé le peuple et, par une telle politique, son socialisme s’est discrédité et, avec lui, ses leaders d’une époque.

Alpha