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La démocratie africaine matraquée : Au Sénégal Macky Sall à l’école d’Issoufou Mahamadou

 Les événements qui se déroulent actuellement au Sénégal sont d’une extrême gravité car ne présageant rien de rassurant pour la démocratie du pays de la Téranga. Si désormais, parce qu’on est au pouvoir, l’on peut se donner le droit, au su et au vu de tout le monde, de harceler un adversaire qu’on craint, travaillant à lui coller des accusations qui le mettraient hors du jeu, alors il faut croire que la démocratie africaine francophone est en danger. Et comment ne pas s’indigner que depuis de longs mois que le régime de Macky Sall s’acharne contre son opposant, devenu son adversaire personnel, personne dans le monde et sur le continent ne s’en indigne, laissant le président sénégalais et sa machine traquer sa bête noire, revenant après la plainte de son ministre qui n’a pas prospéré, pour, en désespoir de cause, rallumer, la fameuse accusation de viol qui, elle-même, si le droit devrait être dit, quand l’on a relevé des contradictions flagrantes dans les dépositions de la plaignante. Les propos de la jeune fille, en plus d’être contredits par la patronne des lieux par rapport à certains éléments qui sous-tendent sa déposition notamment quand, le moment indiqué par la plaignante a été reconnu par la responsable comme un jour où ses services n’étaient pas ouverts pour quelque activité que ce soit et quand, au moment indiqué, Sonko était sur un plateau de télé. Le mensonge, peut donc servir sous nos tropiques d’arme politique ? Où est la morale de nos hommes politiques ?

C’est l’Afrique francophone comme ça.

Tout le monde a pu comprendre, avec les foules que le jeune leader draine qu’il fait peur et certainement pas qu’à Macky Sall qui, de toute façon, par les principes, ne devrait pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. La trouvaille, en vérité, est nigérienne, inaugurée par l’ancien président nigérien qui, pour s’assurer d’une victoire facile et forcée, ne trouve mieux à faire qu’à trouver les moyens d’accuser son adversaire le plus craint et pour ensuite se débrouiller à lui coller une condamnation qui le qui le sort de la compétition après l’avoir déchu de ses droits civiques, sans que cela ne soit même limiter dans le temps. Et personne n’avait rien dit ici et ailleurs. Tout le monde a regardé faire. C’est d’autant grave que l’on trouve des raisons de magnifier une telle démocratie, disant que le Niger serait la meilleure démocratie de la terre. Pourquoi, quand même voyant le pays tomber dans des turbulences qui risquent de porter gravement atteinte à sa stabilité, l’Union Africaine, la CEDEAO, l’UEMOA, continuent de se taire sur un cas aussi grave ? Pourquoi, les Etats-Unis qui, en d’autres temps, constants avec eux-mêmes, peuvent dénoncer les dérives, souvent prenant même des mesures de rétorsions contre des démocraties qui déraillent, aujourd’hui se complaisent dans des silences assourdissants qui donnent à douter de l’engagement de la grande Amérique dans le monde pour la promotion de la démocratie et des droits fondamentaux ? Pourquoi donc l’Amérique ne dit plus rien des dérives de nos démocraties ? Peut-elle être manipulée par la France qui ne voudrait plus qu’elle interfère dans son giron ? Peut-elle ne pas s’offusquer que la démocratie de l’Afrique francophone soit la plus malade et la plus instable du fait justement, des louvoiements dont elle est l’objet de la part de prédateurs des libertés publiques, des autocrates souvent imbus de leur personne à ne croire à aucune valeur républicaine. Ses discours anti-impérialistes lui valent-ils de tels déboires ? Beaucoup de gens disent qu’avec le discours qu’il a, la France ne peut jamais accepter qu’il vienne au pouvoir car cet autre pays, quoi qu’il en coûte, ne doit pas lui échapper. Mais peut-on contrôler l’Histoire ?

Et le Sénégal risque de sombrer…

La situation au Sénégal, du jour au lendemain, ne fait que se tasser, les positions se radicalisant dans les deux camps. On ne peut que s’en inquiéter quand on voit la détermination des soutiens chaque jour plus nombreux dans le pays de l’homme que le régime en place veut abattre. Dans les questions électorales, n’est-ce pas le peuple qui est le meilleur juge et le meilleur arbitre ? Pourquoi donc, avant le peuple, veut-on trouver l’alibi d’écarter un autre ? En quittant Ziguinchor pour la marche de la liberté qui doit le conduire jusqu’à Dakar, l’on a vu des foules affluer pour accompagner le jeune leader scandant des slogans qui en disent long sur leur détermination et sur leur volonté inébranlable à ne céder à aucune pression d’où qu’elle vienne. Pourquoi donc la France n’aime pas tout leader politique qui a un discours qui est en phase avec son peuple ? Peut-on donc continuer à regarder, indifférent, la situation qui, de jour en jour, se dégrade sous nos yeux, presque complice à regarder le sort de ce pays porté à des radicalités destructrices ? Pourquoi donc, le monde blanc ne veut pas aider l’Afrique à parfaire sa démocratie, soutenant des dictateurs déguisés en démocrates ? Faut-il croire que pour ces partenaires, l’Afrique ne mérite pas d’avoir des démocraties dynamiques où les volontés populaires déterminent les choix politiques ? Le Sénégal, une des plus vieilles démocraties francophones ne mérite pas ce que Macky Sall est en train de lui faire vivre. Quand on considère le comportement de tous ces opposants charismatiques une fois arrivés au pouvoir, l’on ne peut que douter de leurs convictions et de leur foi politique. Qui pouvait croire que Mahamadou Issoufou, qu’Alpha Condé, que Macky Sall puissent se comporter en fossoyeurs de la démocratie, venant pour renverser toutes les règles du jeu et vouloir, par leurs égoïsmes, qu’eux seuls émergent sur l’échiquier ?

De tels actes, sont pourtant les raisons de toutes les instabilités que les pays vivent notamment avec des hommes qui refusent de laisser la démocratie fonctionner selon ses lois ou parce que, violant les volontés des peuples, on leur impose par des élections truquées et bancales, des dirigeants qui ne sont pas ceux de leur choix. Il est donc impératif, pour que l’Afrique, après les drames des guerres civiles, des génocides, des famines, de la colonisation et de l’esclavage, ne vivent pas d’autres tournures tragiques par lesquelles elle devra encore sombrer pour n’être que ce continent maudit, pour lequel, plus par la faute de ses enfants, tous les horizons devront se fermer.

En attendant l’Amérique et l’Union Européenne…

Quelques pays croient que l’on gagnerait à promouvoir et à partager un certain nombre de valeurs portées par la démocratie. Il faut donc soutenir le travail inlassable des sociétés civiles africaines qui, malgré l’étouffement dont elles sont victimes de la part de régimes liberticides et autoritaires, se battent pour le respect de principes qui sont l’essence même de la démocratie et de l’Etat de droit. Comment ne pas saluer cette initiative de la diplomatie néerlandaise à Cotonou qui, discrètement, apprend-on, réunit la société civile béninoise pour un séminaire portant sur l’avenir de la démocratie en Afrique. Sans doute que ce pays ami s’est rendu compte des graves incertitudes qui pèsent sur l’avenir de la démocratie sur le continu si la tendance actuelle devrait être poursuivie. C’est un choix responsable de la part de ce partenaire et l’Afrique, quand d’autres ne peuvent plus agir ainsi, ne peut que douter de leur solidarité avec les peuples et avec leur démocratie.

Gobandy