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Hassoumi/Ouhoumoudou : Souké et Siriki à Paris

Deux personnalités importantes de l’ancien régime, depuis des mois, jouent aux guignols à l’extérieur, faisant croire que leur régime serait couvert de toutes les vertus et eux-mêmes vertueux et, pour ce, ils demandaient à ne pas accepter que leur pouvoir tombe comme ça, sans que le monde qui nous regarde ne daigne le défendre au nom de valeurs universelles de la démocratie qu’eux, pendant dix ans, n’ont que peu respectées. Indépendamment de ce que les deux sont complices d’un régime qui a gouverné par le mal et pour le mal, sans jamais prendre leurs distances vis-à-vis de certains faits, c’est que les deux compagnons d’infortune qu’une situation oblige aujourd’hui à marcher ensemble, sont des hommes sales : affaire uranium-gate pour le premier Massaoudou Hassoumi, et des malversations pour le second à la BIA, et autres impairs à la tête du ministère des Finances. Ne parlons de sa collaboration au cabinet du président de la République à une époque où les plus gros scandales se déroulaient dans le pays et notamment, sous les pieds du magistrat suprême. Surpris par les événements du 26 juillet 2023 alors qu’il assurait l’intérim du Premier Ministre en mission à l’extérieur du pays, Hassoumi Massaoudou, en athlète confirmé, s’est aussitôt trouvé des talents de sportif et de guignol pour se déguiser et échapper aux contrôles de la police afin de pouvoir sortir du pays pour rejoindre d’autres camarades qui partaient plus tôt en exil, cherchant le moyen d’échapper à la Justice nigérienne qui pourrait leur demander des comptes relativement à leur gestion. Mais, plus que pour cette préoccupation, rêvant de revenir au pouvoir, l’ancien ministre des Affaires Etrangères partait aussi pour prendre la tête de la « résistance » et animer la rébellion contre les nouvelles autorités. On croit au PNDS qu’il est fort pour ça : le sale boulot. Là, il avait, à ses côtés Ouhoumoudou Mahamadou, l’ancien Premier Ministre et, comme ces deux personnages étranges qui ont fait rire tout le Sahel dans leurs oeuvres, Souké et Siriki, colportant une parole frelatée avec laquelle ils espéraient convaincre le monde sur leur sort, allant d’Abuja à Paris, pour faire le plaidoyer de leur régime corrompu. Flanqué de l’ancien Premier Ministre, terne, sans charisme, économiste médiocre qui a échoué à la BIA, aux Finances et à la Primature, les deux compères, s’agrippant au rêve fou de retrouver le fauteuil perdu alors que tout le monde sait que, même marchant ensemble, les deux, dans la même situation, ne défendent pas la même cause, l’un étant acquis à la cause de Bazoum, tandis que l’autre ne jure que par Issoufou qui lui fit, malgré ses échecs, le privilège de monter dans l’échelle politique alors qu’aucun talent ne peut l’y prédestiner pour être l’homme qu’il a été à travers l’ascension fulgurante qu’il connut. Après bientôt quatre mois d’activisme infructueux, ils doivent bien réaliser qu’ils perdaient jusqu’à leur honneur car, pour avoir travaillé à l’extérieur à amener des armées coalisées à s’attaquer à leur pays, aucun Nigérien ne peut avoir quelque estime pour eux. Alors que les nouvelles autorités commencent à prendre langue avec les dirigeants du monde et notamment de la CEDEAO, ils peuvent enfin comprendre qu’ils perdaient tout et qu’ils n’ont d’interlocuteur aujourd’hui qu’Emmanuel Macron qui, lui-même, cherche le moyen de retourner sa veste, pour revenir au Niger sous un nouveau visage. Ainsi, comme la hyène des récits de Djado Sékou, les égarés des bords de la Seine, errants et perdus, dans le remord de leurs extrémismes destructeurs, vivent dans les tourbillons de la déchéance l’échec de leur combat.

L’un, Massaoudou, on savait qu’il est plein de paroles pourries tant il a du venin dans le verbe mais jamais l’on a cru qu’il puisse aller à certains extrémismes jusqu’à prêcher la guerre contre le Niger dont on doute qu’il soit sa patrie. Mais, sans doute qu’après ces petits mois passés en clandestinité à l’extérieur, le zélateur du régime déchu a pu enfin comprendre les duretés de l’exil et les douceurs de la patrie même quand, pour une raison ou une autre, on se plaindrait qu’il soit l’un des plus pauvres de la terre. Il n’y a rien de beau que de vivre libre, même pauvre, dans son pays. N’est-ce pas Jean-Pierre ?

Ce déflaté de la politique, qui n’a pas tiré les leçons de ses premiers déboires à la suite de la bataille interne au sein de son parti pour la candidature à la candidature, vient ainsi grossir les rangs des Fama qui infestent le landerneau politique nigérien. Ainsi, dans son activisme à défendre Bazoum, plus par rancune contre Issoufou Mahamadou que contre le CNSP, Hassoumi Massaoudou, oublieux de ses gaffes, n’a rien épargné pour protéger un peu de lui pour l’avenir. Ainsi, devenait- il, comme cette hyène aveugle des récits épiques de Djado Sékou qui, consciente de son mal, ne sait plus où vivre : en brousse, elle est la proie facile d’autres bêtes qui pourraient, profitant de ses cécités nouvelles, se venger de sa prédation et au village, elle sait que les bergers l’attendent de pieds fermes pour lui faire payer ses raids dans les troupeaux qu’elle a souvent décimés. Egaré sur les bords de la Seine, il rêve d’un nouveau pays alors que la France n’est pas vivable. Il a conscience que l’exil finira par l’éprouver car, sans trouver du travail pour assurer la survie dans le froid de la France qu’il a connu en d’autres temps, rogné par l’âge aussi, il ne pourra pas tenir longtemps pour vivre du RMI, (le revenu minimum d’insertion) qu’on pourrait, à titre humanitaire, lui concéder dans une France qui ne sait que faire des colères de ses chômeurs. Quelques sauts au Restau du coeur pourraient peut-être, de temps en temps, atténuer la galère de l’exil, se consolant comme Fama résigné qui, comptant sur la clémence de Dieu, avait cette parole consolatrice : « Tant qu’Allah existera dans le firmament, [on] ne réussira pas à [le] faire crever de faim et de soif ».

La politique de la terre brûlée que Hassoumi Massaoudou avait adoptée, oubliant qu’il laissait derrière lui une patrie et une famille, et toute une histoire aussi le perd dans le monde pour ne plus savoir vers où partir quand il peut savoir que l’asile français ne peut être que de courte durée, surtout quand on sait que les Justices française, belge et américaine pourraient, à tout moment, l’interpeller dans le dossier de l’Uraniumgate, lui qui partait conduire les transactions et ouvrir le compte à Société Générale, la banque française qui devrait protéger la manne gagnée dans le bisness où, selon ses confidences ubuesques, le « Niger gagnait sans avoir rien fait ».

Seul le coût de la vie au Nigéria pourrait être supportable, mais le Nigéria n’est pas un abri sûr et pourrait, à l’occasion de ses sorties pour vivre un peu, tomber dans des guet-apens qui le ramèneraient au Niger qui lui fait tant peur aujourd’hui quand il peut se rappeler que c’est Tiani qui y gouverne. Alors où aller finalement ? La question, ces derniers jours, taraude l’esprit des fuyards dont les images, comme Souké et Siriki, avaient circulé en fin de semaine sur les réseaux sociaux où on les découvre, débrayés, inquiets pour leur avenir. Si d’autres ont des pays où des familles peuvent les accueillir, où Hassoumi pourra finalement prendre ses quartiers pour vivre étant entendu qu’il a aujourd’hui enfin compris que sa rébellion est vouée à l’échec, tout le monde ayant fait le choix raisonné de reconnaitre la « Junte » et de parler avec elle, le Niger n’ayant d’autres dirigeants que celle-là. L’échec est donc cuisant et on peut lire la lassitude sur le visage sénile de l’ancien Premier Ministre à qui un âge aurait pu commander une autre attitude au lieu de ce comportement jusqu’au-boutiste qui les a perdus sur les chemins.

Hassoumi Massaoudou, un homme qui a tout perdu….

De quelle patrie peut-il donc se revendiquer, lui qui tenait mordicus à ce que la France et la CEDEAO viennent attaquer le Niger pour le bombarder et le dynamiter ? Peut-il aimer revenir vivre dans un pays détruit, réduit en cendres où ne jonchent que les cadavres de ses frères et soeurs Nigériens ? Peut-il donc croire qu’il puisse cohabiter dans un tel pays fantôme avec le seul rescapé qui restera au milieu des fleuves de sangs des Nigériens ? Non, dans ce Niger, il sait qu’il n’a aucune place. Et à l’âge qui est le sien, il faut bien plaindre le pauvre. Mais il a une seconde patrie, le Mali, le pays du père. Sauf que là même, il n’a pu rien protéger de lui : il a insulté avec fracas, sans démesure, n’épargnant rien que la décence diplomatique commande. Contre le Mali, il a eu les discours les plus acerbes et démesurés au point où, sidéré par les propos qu’il pouvait avoir contre ce pays frère, Dr. Choguel Kokala Maïga, le Premier ministre malien, se demandait quelle école de diplomatie pouvait avoir fait cet homme pour s’autoriser de telles dérives, de telles inepties que les règles de la bienséance, avant celles de la diplomatie, proscrivent ? Le Mali, dans les moments difficiles que l’Exilé devra affronter les prochains mois, voire les prochaines années, ne peut pas, sensément, être pour lui une terre d’accueil. Il le sait, du reste. Entre lui et les Maliens, il ne reste plus rien. Ouhoumoudou, peut-être, peut ouvrir boutique à Abuja, mais pour combien de temps quand on aura mis à prix leurs têtes dans la jungle du Nigéria ?

Ainsi devenu paria, ils savent surtout que tout ce qu’ils ont pu amasser comme fortune ces douze dernières années ne leur profitera plus. Tous ses biens – biens meubles, immeubles et comptes bancaires garnis - sont recensés et enregistrés, du moins pour le cas de Massaoudou. On apprend de certaines sources qu’il possèderait au moins 16 villas construites par des architectes marocains. On peut d’ores et déjà imaginer la valeur que pouvaient avoir de tels investissements quand, pour les réaliser, l’on se sert d’une expertise extérieure du BTP. Il sait qu’il ne peut pas les justifier et on comprend que l’homme s’agite, conscient qu’il pourrait perdre tout le butin constitué à la suite de douze années de pillages et de vols organisés par son parti à la tête du pays. En vérité, il est ici loisible de comprendre que son engagement ne se faisait pas seulement pour défendre le fauteuil de Bazoum encore moins la démocratie, mais pour qu’il puisse conserver sa fortune qu’un retour impossible de son champion compromet aujourd’hui. Les Nigériens tiennent à ce que tout ce dont on a spolié l’Etat revienne dans le patrimoine de l’Etat car ceux qui ont ces milliards, ces nombreuses habitations et autres immeubles, ces champs et ces jardins, ces comptes en banque ou ces sous cachés dans les fonds des maisons, ne peuvent pas les justifier. Ils devront les rendre. Un nouveau visage de Kountché est là pour faire le travail.

Ainsi, comme l’homme qui nait venant au monde sans rien pour regagner son Créateur ainsi qu’il venait au monde, ils s’en iront sans rien après le pouvoir, Hassoumi et beaucoup d’autres, ainsi qu’ils étaient venus en politique : les poches vides…, vidées par la Coldeff.

Par Mairiga