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Nomination de Abdou Dan Galadima à la Cour d’État : Une grosse épine dans le pied du CNSP

Abdou Dan Galadima ! Ce nom n’a sans doute pas fini de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Pour un magistrat, c’est tout de même assez insolite d’être ainsi au coeur des discussions, des débats et des prises de parole publiques. Sur les réseaux sociaux, dans les colonnes des journaux, sur les plateaux de télévision et les studios de radio, partout, l’on ne parle que de Abdou Dan Galadima. En fait, il n’est pas étranger aux Nigériens et c’est ce qui dérange quelque peu au niveau du Cnsp où la nomination de ce magistrat à la tête de la Cour d’Etat se révèle une sorte de goulot d’étranglement. Pour des officiers qui tiennent d’abord à leur image de marque ainsi qu’à leur serment pris devant le peuple nigérien, il y a de quoi se préoccuper avec les salves de tirs groupés de toutes les couches sociales. Vice-président de la Cour constitutionnelle qui a validé le hold-up électoral de 2016, il est devenu par la suite président de la Cour de cassation, poste occupé jusque-là par un autre magistrat, Bouba Mahaman, qui n’a pas également bonne réputation, d’abord pour avoir cautionné la candidature de Bazoum Mohamed qui ne satisfaisait pas aux dispositions de l’article 47 de la Constitution de l’époque, puis pour avoir validé les résultats d’un autre hold-up électoral dont toutes les preuves ont été apportées que les procès-verbaux ont été fabriqués qui, dans des officines privées, qui sous des arbres ou triturés pour obtenir les suffrages voulus..

Abdou Dan Galadima peut-il raisonnablement être président de la Cour de cassation sous le Cnsp ? Au-delà de ses liens avec Issoufou Mahamadou que d’aucuns évoquent pour exiger sa récusation, l’homme a été tout de même, non seulement vice-président de la Cour constitutionnelle qui a cautionné et validé le hold-up électoral de 2016, mais également président de la Cour de cassation sous un régime qui a fait de la justice, l’instrument d’asservissement et de lutte politique par lequel le Pnds Tarayya a, pendant près de 13 ans, réglé les comptes aux opposants politiques, acteurs de la société civile et journalistes malpensants. Selon les confidences d’une source qui a requis l’anonymat, il y aurait à ce jour des centaines de prisonniers politiques, victimes d’une justice à géométrie variable.

Alors que l’on apprend que les membres de la Cour d’État nommés doivent prêter serment ce jour, 16 novembre 2023, Abdou Dan Galadima est devenu pour le Cnsp une épine dans le pied. Une grosse épine qui va impacter considérablement les relations du Cnsp avec les nigériens, visiblement déçus, pour ne pas dire choqués, par la nomination de ce magistrat à la Cour d’État. Icône plombée d’un régime que les Nigériens détestent, Abdou Dan Galadima peut s’estimer heureux d’avoir été porté au pinacle du système judiciaire sous une Transition militaire dont il pourrait tout attendre des premiers responsables, sauf une prime à la complicité passive et/ou active de ce qui s’est passé pendant près de 13 ans dans ce pays.

 Laboukoye