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Gouvernance et la bonne marche de la démocratie au Niger : Deux ans que les amis de Bazoum travaillent pour qu’il échoue à tout prix, pour quel agenda ?

 Alors qu’il avait de bonnes intentions à marquer son passage à la tête de l’Etat, Mohamed Bazoum n’a pas trop de chance d’être le capitaine de son navire, le vrai maître de son pouvoir. Son parti trop envahissant et dont le contrôle lui échappe désormais et depuis le dernier congrès, joue au trouble- fête, le gênant énormément dans la conduite des affaires de l’Etat, dans la décision et dans l’action au point de lui faire perdre les pédales, ne sachant plus ce qu’il a à faire.

Il y a avait déjà un an, au premier anniversaire de sa prise de pouvoir, conscient du rôle de saboteurs des siens, il ne voulut pas dresser un bilan, car pour parler de bilan, il savait qu’il n’en y avait pas. Humble, il pouvait s’en contenter en silence. Pour sa fierté, il voulut donc se contenter d’un gros silence sur sa gestion d’une année du pays. Peutêtre aussi parce qu’il sait les grands dossiers et les défis majeurs sur lesquels ses compatriotes l’attendent et pour lesquels, il fit des promesses plusieurs fois réitérées. Mais très vite, sans qu’il ne s’en rende compte, noyé dans les tourbillons des voyages et des ors du pouvoir qu’il découvre, deux années sont passées vite, parlant trop, et agissant très peu. Alors qu’arrive la date du deuxième anniversaire, il peut comprendre à mi parcours du mandat, qu’il ne peut pas ne pas avoir de bilan à présenter pour rassurer les nigériens de ce qu’il est en train de faire au profit du pays, de ce que les choses bougent, de ce que quelque chose change dans la vie des citoyens aujourd’hui désorientés par la misère et l’insécurité.

Les services avaient été ameutés pour concocter un bilan qu’on présentera comme trophée à la gloire de Bazoum et de son bienfaiteur Issoufou Mahamadou qui avait promis de l’accompagner comme si son successeur ne devrait rien savoir faire de lui-même notamment pour gérer un Etat. Et on sait qu’il l’a d’autant plus suivi dans son pouvoir que les Nigériens avaient eu cette impression que leur pays est gouverné à deux ou même, pour d’autres, qu’Issoufou se servirait d’un amimanipulable pour se donner un troisième mandat par procuration, lui négociant des entrées faciles à l’Elysée, à l’Union Européenne, au Nigeria, et sans doute ailleurs aussi. Le bilan, c’est aussi cette gémellarité appliquée au pouvoir avec un autre qui joue au doublon inutile, anormal, et à l’embouteillage dérangeant au sommet de l’Etat où, en principe, l’on n’a qu’un seul fauteuil pour un seul occupant. Bazoum, en deux années de tentative d’émancipation, ne put jamais s’émanciper de tutorat et du coaching d’Issoufou car l’homme, contrairement à ce que l’on veut faire croire, est loin de l’exemplarité qu’on s’efforce de lui donner. Mais les Nigériens peuvent se réjouir qu’au moins, l’ancien président ait pu comprendre combien sa présence gêne et déplait profondément aux Nigériens. Car l’ayant bien compris, depuis quelques mois, l’homme se fait plus discret, vivant presque une certaine prison que les Nigériens lui imposent car ne pouvant plus se mêler du peuple. On sait qu’il ne peut s’éloigner dans les faits d’un homme qu’il lui faut surveiller pour que des dossiers redoutés – et il y en ait beaucoup – n’explosent pas, dossiers dont la déflagration pourrait atteindre les portes de sa maison. De ce point de vue, l’attitude d’Issoufou vis-à-vis de Bazoum, apparaît comme venant d’un certain instinct de survie que lui dicte la conscience de son mal fait contre la nation, contre la démocratie, contre la République, contre les valeurs qui fondent la gestion d’un Etat moderne. Là aussi, deux années de gâchis…

Le bilan de l’école est une catastrophe. Alors qu’il y avait mis toutes ses forces, y a consacré tant de discours et de rencontres, aujourd’hui, l’on peut se rendre compte de ce que rien ne bouge là. Aujourd’hui, si ce n’est ces chantiers de construction de classes qui sont en cours, le ministère n’a pas de bilan à présenter dans le domaine. Ces prétendues formations données souvent à des enseignants ne changent rien aux pratiques de classe et ne rendent pas pour autant meilleurs les enseignants. Ces formation-attrape-perdiems ne servent qu’à dépenser de l’argent et faire croire que le ministère serait dans la démarche voulue par Bazoum pour transformer l’école et surtout – c’est ça le grand problème de ce ministère et de tant d’autres – pour capter quelques sous. Il y a pire : en effet, beaucoup d’autres sont envoyés en formation à l’extérieur, quelquefois en voyages d’études et on peut se rendre compte que cela n’a aucun impact sur la gouvernance scolaire, encore moins sur la qualité des enseignements.

Les derniers événements pour mettre l’Education Nationale sur la sellette, confirment bien cette triste réalité. Il y a trop de magouilles et c’est comme si les hommes venaient pour le trahir non pour l’aider à réussir. Il n’a qu’à regarder lui-même le désastre : comme quoi on n’est jamais trahi que par les siens !

Le Projet LIRE qui a été conçu juste pour ouvrir quelques boulevards par lesquels certains qui se sont pré-positionnés dans le système pour s’enrichir, n’existe que pour le confort de certains agents triés au volet, se pavanant dans des missions, réunions et voyages inutiles. Il y a quelques jours, à Niamey, le Projet finançait une formation au profit d’encadreurs pédagogiques, mais comme il s’agit là de la race marginalisée des enseignants – pas les grands commis de la portion centrale, on ne leur donne même pas les frais de taxi, pas même le déjeuner sur place, alors qu’ils sont censés rester suivre la formation pendant au moins cinq ou six jours, du matin jusqu’à seize heures ! Peut-on faire ça à son frère ? Certaines régions, apprenait- on, auraient même boycotté la formation car dans une telle conception où le ministère fait preuve d’un grand égoïsme, il est évident que les enseignants, faits de conscience, ne peuvent pas accepter d’être utilisés pour permettre à d’autres de piocher des fonds qui ne servent pas l’institution mais des individus. Au Projet LIRE, peut-on entendre des gens se plaindre, disant qu’un tel, le seul important à décider d’y aller et d’avoir des activités financées, aura envahi tout l’espace. Et l’on se demande si le ministre lui-même sait trop sur ce qui se fait là, au nom de l’école ? On comprend donc pourquoi, certains depuis plus d’une décennie, et pour d’autres un peu moins, peuvent rester là, à ne rien faire qu’à courir après des TDR, à «fomenter» des occasions pour se faire des sous, oubliant ce que l’école a à faire de mieux pour les enfants du pays.

Bref, ça ne va pas dans ce ministère et Bazoum Mohamed finira par le savoir, mais sans doute alors qu’il sera trop tard pour lui. On pourrait même dire, sans se tromper, que le Projet LIRE est conçu pour des individus non pour l’Etat du Niger, non pour l’école qui ne sert que de prétexte. Il est donc aujourd’hui urgent, de renégocier ce projet pour qu’il profite véritablement à l’école. Il faut être vigilant, car on le sait, dans la tête de ceux qui profitent, ce n’est pas des bilans qu’on veut, mais des preuves comptables d’activités menées ou non, et pour lesquelles l’on ne juge d’aucune pertinence pour un système en crise.

Il va sans dire que le cas de l’Education, grave certes, n’est qu’un cas isolé parmi tant d’autres. De façon générale, l’on est tous unanime à reconnaître que l’administration, par les pratiques malsaines qui s’y sont développées – exclusion et clanisme, et allez regarder LIRE ! – avec des agents et des services qui ne servent à rien, mis en marge, l’on a fini par démotiver les travailleurs. L’administration est aujourd’hui gérée à la tête du client et il arrive même que des prérogatives soient usurpées pour laisser un autre les assumer, non pour l’efficacité mais pour des visées “prébendières”. Les dernières révélations sur la gestion du MEN en disent long. L’administration est ainsi devenue paresseuse, inactive, “clanisée”. On n’avance pas comme ça dans un pays. Deux années de gâchis et de médiocrité.

Sur le plan de l’assainissement qui devrait débarrasser l’administration de certaines pratiques, il n’y a pas d’actes majeurs posés par le régime. Quelques agents des impôts, de l’Education, de la douane, incarcérés pour des broutilles, ne trompent pas sur le vrai chantier de la lutte contre la corruption qui est d’abord et depuis douze ans, un fléau politique qui met en cause d’abord la gent politique dont la ration alimentaire, pardon corruptive, est chiffrée au bas mot à des milliards dans tous les dossiers. Sur ce point, Bazoum a encore à convaincre car, tous les Nigériens savent que les plus gros voleurs n’ont toujours pas été inquiétés, et il le sait, du reste. On n’a ni oublié les vieux dossiers, encore moins ceux que son système, faute d’efficacité contre le mal, est en train de générer et que la presse et les réseaux sociaux révèlent tous les jours à travers notamment le travail d’activistes qui rendent de gros services à la nation et à la démocratie.

Mais il y a un point sur lequel, l’on ne peut pas reconnaître, même avec un bilan aussi mitigé qui montre hélas, que l’homme est à bout de ce qu’il peut faire dans le domaine. En effet, sur le plan de la sécurité, le Président Bazoum a mené de manière volontariste, des actions pour endiguer le mal. Courageusement même. Du recrutement d’agents et à la dotation des FDS en logistiques et en armes, Bazoum aura tout fait pour vaincre le mal, mais deux ans après, on se rend compte, que ce n’était pas suffisant et que l’insécurité est prégnante, de jour en jour, plus menaçante sur presque tout le pays. Le problème, est-il le choix des hommes ? Alors que la France n’y peut rien même quand elle reste, après avoir été chassée ailleurs, au Niger, ne pouvant sécuriser le pays pendant qu’elle y a désormais l’essentiel de ses troupes et de ses moyens. Il est temps de penser la stratégie de lutte, de savoir avec qui la mener. On la réussira mieux avec des voisions qui sont touchées par le même mal qu’avec cette France de laquelle l’on doute depuis quelques temps et qui, de toute façon, n’a pas de frontière avec nous pour en comprendre mieux la menace. Les nouveaux discours d’Emmanuel Macron, n’y feront rien d’ailleurs.

Le tableau, comme on peut s’en rendre compte, des deux années de gestion de Bazoum, est bien tristement noir. Il est urgent pour lui de regarder autour de lui et parmi ses amis : ça sent le complot ! Ses amis voudront-il le condamner à échouer à tout prix ? Et pour quel agenda ? Allez savoir…

Gobandy