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Fraude massive de cigarettes : Des responsables de douane soupçonnés

La semaine dernière, la contrebande de cigarettes était à son paroxysme avec la saisie de plus de 6000 cartons de marque ORIS à Dosso. En réalité, selon des sources crédibles, la fraude massive de cigarettes a pris une proportion inquiétante depuis quelques temps. Cette saisie à Dosso ne serait que la face visible l’iceberg. Le stratagème utilisé par les fraudeurs et leurs complices tapis à la douane, pour faire écouler le produit dans le pays, serait d’indiquer aux services douaniers que le produit est destiné à la réexportation. En semblant d’ignorer que la réglementation en vigueur sur la question de réexportation de certains produits dont la cigarette exige une autorisation. Ainsi, l’opération de Dosso serait la découverte, au grand jour, d’une pratique qui est perpétrée depuis longtemps. On se rappelle que, le samedi 1er janvier 2022, une équipe de la douane dit avoir escorté un véhicule de marque Corolla transportant des cigarettes sur Ayorou (région de Tillabéri). Alors qu’en réalité le véhicule qui transportait la cigarette qui est de marque ARIYENA serait une fourgonnette.

Mais qui est derrière cette fraude ?

La question taraude les esprits et les Nigériens sont surpris que, présentant la marchandise prohibée que l’on a saisie à Dosso, l’on ne présenta jamais les trafiquants, ceux dont c’est la marchandise, sachant qu’elle ne peut rentrer au Niger sans un convoyeur. Et selon nos sources, la fraude concernerait des hauts gradés de la douane qui s’adonnaient au trafic de cigarettes depuis des années, avant que, pour cette dernière opération qui échoue, l’affaire foire par la découverte de la cargaison de cigarettes que la délégation ministérielle allait voir. D’ailleurs, l’on parle depuis quelques temps d’une autre marque – BON, c’est son nom – qui se vend à Agadez et à Niamey où on peut l’acheter à 700f ou 1000f voire, en certains endroits, à 500Fcfa.

L’on se demande, à juste titre, comment dans ces conditions, alors que l’Etat décidait depuis la loi de Finances 2023 de passer à la taxation supérieure de la cigarette, sans doute pour décourager sa consommation dans le pays, si ce n’est la fraude, l’on peut trouver à si bon marché de telles cigarettes ?

C’est ainsi que pour brouiller des pistes qui peuvent conduire à des milieux dont le rôle est justement de combattre de telles pratiques, l’on fait entendre que la quantité saisie serait destinée à la réexportation qui, elle, est régie par un règlement qui en fait une prérogative du Ministre du commerce qui, seul, peut délivrer un document pour une telle transaction. Or, s’il avait produit un tel document pour cette marchandise, sans doute qu’il ne se rendrait pas à Dosso.

Questions ?

Pourquoi donc, l’on ne peut voir personne derrière une telle affaire qui concerne quand même quelques trois milliards et ce n’est pas peu ? Et surtout, pourquoi les douaniers suspectés d’avoir des liens avec cette quantité saisie n’ont pas été inquiétés ? On apprend d’ailleurs, selon d’autres sources, que lorsque le Ministre des Finances aurait demandé des explications à la Direction Générale de la douane, des voix auraient minimisé l’affaire, faisant croire que ce n’est que de l’enfumage alors même qu’il s’agit d’une affaire grave.

La quantité de cigarette saisie est actuellement entreposée à Dosso, dans les magasins de l’OPVN. Mais l’affaire est loin d’être suffisamment éclaircie. Il y a à poursuivre les enquêtes pour porter à l’opinion nationale les auteurs de cette fraude qui, en plus de causer du tort à la mobilisation des ressources internes pour laquelle le fisc et la douane se mobilisent, convoient un produit dangereux pour la santé des hommes et surtout des jeunes dans le pays. Cette affaire ne doit donc pas rester là où on voudrait l’étouffer. Il est donc d’une nécessité que le Président de la République ordonne une enquête autour de cette affaire.

Ali Soumana