Skip to main content

Fonds de solidarité nationale : Les richards nigériens sont vraiment des pingres

 Les sanctions prises contre le Niger, de manière illégale, par une CEDEAO qui ne sait plus pourquoi elle a été créée et pourquoi elle existe, ont réveillé en chaque Nigérien un sentiment patriotique qui s’est au fil des jours tissé et renforcé. Les Nigériens, même s’ils devraient mourir de telles sanctions, ne sont pas prêts à céder, décidés à endurer les souffrances que leur combat leur commande ; et ils tenaient courageusement, dans des situations difficiles, ne s’en plaignant pas. Ils avaient dit de l’électricité du Nigéria qu’ils n’en voudront plus jamais, et que le Benin, pour l’éternité, pourrait fermer sa frontière : les Nigériens résisteront pour leur dignité ! Le Niger ne vit par aucun de ces pays dès lors que la CEDEAO ne peut isoler le Niger du monde, pas même de l’Afrique où plusieurs autres portes lui restent ouvertes. Le Niger s’en sortira, n’en déplaise à Tinubu, à Patrice Talon, à Nana Ado, à Macky Sall, à Alassane Dramane Ouattara. A Emmanuel Macron, notre nouvel ami !

Cette situation inconfortable a fait naitre chez les Nigériens un sentiment fort de patriotisme qui les fit tenir la sentinelle pour accompagner la marche du CNSP, mais aussi, pour participer financièrement et matériellement à « l’effort de guerre ». Les Nigériens de l’intérieur se mobilisaient ; ceux de la diaspora aussi. Tous s’alliaient à l’idéal de liberté que porte le CNSP dont l’ambition est de libérer le pays de toute domination pour faire des choix souverains courageux qui devront déterminer le parcours qu’il vient d’entamer.

Chacun donnait ce qu’il pouvait donner, souvent individuellement, souvent collectivement. Et les Nigériens, à juste titre, saluaient l’élan de solidarité qui s’emparait de leurs concitoyens qui donnaient pour que la patrie soit préservée de toute menace, nous revenant pour nous donner plus de fierté. Cependant, l’annonce de ce que donnait la chambre de commerce du Niger, le patronat, même s’il avoisine le milliard, posait quelques questions. En effet, faut-il franchement s’attendre des hommes friqués du pays d’une aussi modeste contribution à la solidarité nationale quand beaucoup d’entre eux ne se sont enrichis que par les marchés de l’Etat ? La déception est grande chez les Nigériens qui pensent que la Chambre pouvait sans doute faire mieux, car elle en a les moyens. Mais, peut-on s’attendre à mieux dans un pays où, le commerçant, au lieu de chercher les moyens de soulager les consommateurs, cherchent en de telles situations, des possibilités de s’enrichir davantage ? On avait vu comment, juste au lendemain du coup d’Etat, les prix avaient grimpé sur les marchés, rendant certaines denrées inaccessibles pour certains ménages nigériens. Peut-on faire faire ça à ce pays en lutte et en guerre ?

La chambre de commerce du Niger, sans qu’on ne voit la contribution de la région de Zinder, , contribuait au fonds national de solidarité à hauteur de 722 millions de francs cfa. Même pas le milliard, s’en plaignent les détracteurs ! Et on les comprend : les Nigériens voient leur fierté froissée quand les leurs ne peuvent pas être capables des mêmes élans de générosité, pingres à donner comme picsous. Ne dit-on pas que, comme en aumône, ce que l’on donne au pays, on le gagnera, multiplié ? Pourquoi donc « les riches » nigériens ne veulent pas trop donner ? S’il est vrai que les nouveaux milliardaires, souvent en fuite, ne peuvent pas donner pour ne pas se faire découvrir, pourquoi ceux qui – et on les connait dans le pays – par leur sueur, avaient bâti leur empire pour trôner aujourd’hui sur des « fortunes propres », peuvent-ils hésiter à donner davantage ? Faut-il croire qu’ils seraient aussi solidaires du combat de Bazoum contre la patrie pour n’avoir pas de grand coeur pour donner ?

Peuvent-ils être moins que des Maliens ou des Burkinabés ? Comment ne pas poser cette question quand on apprend qu’un seul Malien, lui tout seul, a donné à l’Etat du Mali plus de 14 milliards sans aucun remords, heureux d’avoir aidé son pays qui en avait grandement besoin dans les moments qu’il traverse ? Un tel homme, demain, quand le pays va se redresser, que ne peut-il pas avoir avec un tel Etat qui ne peut que lui être reconnaissant car, quand même, il s’agit d’un Patriote. Un Burkinabé donnait quant à lui, et lui seul aussi, à son pays, plus de six milliards de francs sans faire trop de bruit sur sa contribution franche, nationaliste, reconnaissant sans doute qu’il le devait à un pays qui lui aura aussi tout donné pour être celui qu’il est devenu. D’ailleurs, au Mali, ils sont plus 124 personnes qui donnaient chacun à la patrie 1 milliard, poursuivant leur route, sans exiger quelques tapages pour leur geste de solidarité naturelle envers la nation. Et on fait trop de bruit pour l’ensemble des richards du pays pour 722 millions !

Pourtant, de ces hommes qui se sont enrichis, qui n’a pas bénéficié d’un marché de l’Etat ou de quelque monopole pour faire entrer une marchandise quelconque dans le pays ? Est-ce ainsi qu’il faut le payer au pays ? Dans ce pays, il faut que l’on commence à se regarder et à se dire quelques vérités même si elles doivent fâcher. Le Niger mérite mieux qu’une telle image. Quant chez nos frères chrétiens, alors qu’arrivent leurs fêtes, l’on met tout en solde, pour permettre même aux plus démunis d’être dans les ambiances de la fête et n’exclure personne de la bombance de tels jours, au Niger chez les musulmans, quand arrivent les jours de fêtes, c’est le moment de tout compliquer aux consommateurs en rehaussant les prix. Et dire, pour de telles fêtes religieuses, qu’ils prient Dieu. Ce n’est que normal qu’ils ne puissent pas s’enrichir avec de tels comportements quand, aux prochaines fêtes, on les retrouve, à la même place, sous les mêmes soleils, ne pouvant provoquer les fortunes rêvées. Est-ce vraiment ça être musulman ?

Changeons !

Comme le dit un Nigérien qu’on peut entendre sur les réseaux sociaux, choqué par de tels comportements, ces moments doivent, au contraire, réveiller l’élan de solidarité de ceux à qui le Ciel a fait la faveur de ses bénédictions pour les gratifier d’une certaine fortune, pour aller acheter, à travers le monde, tout ce dont leurs compatriotes ont besoin, pour revenir leur vendre, à prix supportables, ce dont ils ont besoin pour vivre. Un tel acte ne vaut-il pas mieux qu’un tour souvent vaniteux à la Mecque ? C’est à croire que nous avons à portée de main ce qui nous conduit au paradis mais nous allons loin le chercher, et souvent par des voies incertaines. Ils sont nombreux qui peuvent aller amener du riz, du maïs, du blé, du sucre, de l’huile, pour venir le vendre aux Nigériens afin que de tels produits soient disponibles malgré les sanctions et les offrir à des prix supportables.

Il nous faut changer, pour que notre Islam ne soit pas que dans les mots, mais dans nos actes et dans nos coeurs : en sachant partager, même sans donner, comme dans de tels cas où celui qui allège les choses à ses proches les aide sans s’en rendre compte. Et nous le pouvons aussi dans ce pays où, c’est vrai, les égoïsmes ont ruiné les coeurs de leur bonté et de leur religiosité, de leur foi.

Nous pouvons aussi être ce peuple fier de lui-même et au grand coeur qui sait donner. Qui sait partager. Qui sait donner le sourire à des moments où les visages en sont déserts. Riches du Niger, ouvrez vos coeurs pour que les pauvres, ceux qui ont eu moins de chance que vous, vivent un peu mieux et vous aident à ouvrir les portes dorées du paradis pour lequel, tous, ici-bas, semblent prier. Et Tariq Ramadan n’a pas tort : « Dieu ne regarde pas notre corps ; Il regarde notre coeur…. ».

Mairiga