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Conseil consultatif national: Brigi Rafini une très mauvaise carte à jouer

Depuis des jours, l’on peut entendre, à travers les conversations, le nom de Brigi Rafini qui serait sur la liste des personnalités qui pourraient diriger le conseil consultatif. Ce n’est pas pour s’en féliciter, mais, disons-le tout de suite, c’est pour s’en inquiéter. L’information, de manière virale, avait été relayée sur les réseaux sociaux comme une alerte au peuple qui commençait alors à se méfier quelque peu de la nouvelle marche du pays. Si c’est le seul nom que l’on voit circuler, c’est qu’il fait problème. En effet, désormais pour les Nigériens, Brigi, pour être resté pendant dix ans, Premier ministre sous Issoufou Mahamadou, est comptable au premier chef de sa gestion, ne pouvant trouver le moyen de s’en blanchir quand il restait quand même avec lui pour cautionner tous les actes qui se posaient alors qu’il avait, par son libre arbitre, la possibilité de s’en démarquer. Il ne le fit pas. Il endosse donc la responsabilité gémellaire d’une gestion chaotique qui a ruiné le Niger tant du point de vue économique que des valeurs humaines. Et les Nigériens n’ont pas tort de s’inquiéter et pour certains, pour cela, de ne plus douter de proximité redoutée du CNSP avec certains milieux de l’ancien système.

Il y a des raisons objectives de douter du personnage pour lequel, avant de composer avec le système Guri, les Nigériens, reconnaissons- le, avaient un grand respect. Mais en choisissant de composer avec Issoufou – c’est son droit – sans tenir à son image et finalement pour se compromettre, il ne peut plus bénéficier de la même estime qui lui donnait de grandes amitiés et de larges sympathies dans le pays. D’ailleurs, le Niger serait-il en pénurie de cadres compétents et intègres pour n’avoir à promouvoir que les mêmes têtes desquelles les Nigériens se plaignent ?

Brigi, un homme complexe…

Comme Issoufou, il n’est pas l’homme que les Nigériens avaient cru. Sa silhouette taciturne cache au moins deux personnalités : l’homme d’apparence gentille, bon père sans doute, mais aussi l’homme qui, en politique, pourrait s’accommoder de toutes les compromissions, oublieux de son image et de sa réputation. C’est sans doute pourquoi les Nigériens dès l’annonce de l’information par des rumeurs amplifiées doutaient, se demandant quelle calamité pouvait leur arriver pour n’avoir affaire qu’avec de telles gens ?

Du reste, l’homme n’a pas servi loyalement le Niger. N’est-il pas comptable, par ses silences coupables que tout le monde sait et dont ont souffert les Nigériens alors qu’il aurait pu s’en éloigner pour se préserver et afin de dissuader ses nouveaux amis politiques à gouverner d’une telle manière, notamment par l’ostracisme et par la persécution, par le vol et le gangstérisme ? Il aura, pour n’avoir rien dit du mal autant que de la mauvaise gouvernance, été comptable de la gestion décriée pendant dix ans qu’il est resté Premier ministre pour accompagner Issoufou. Peut-il dire qu’il ne connait rien des actes que posaient certains de ses ministres et autres collaborateurs qui sont des premiers cercles d’Issoufou ? De quel leadership peut-il donc se prévaloir en acceptant en silence tant de bavures et d’avanies faites à des adversaires politiques, lui qui devrait être de si bon coeur ? Ne l’a-t-on pas entendu tenir des discours vexatoires à l’endroit d’une opposition qui ne pouvait pas aller, par le format reconfiguré d’un CNDP, à un dialogue politique biaisé où, au nom d’une majorité pourtant discutable, l’on peut tout imposer à la classe politique ? Non, cet homme ne rassure pas les Nigériens. Le Niger, d’hommes, compte sans doute mieux et notamment de « Sages » discrets, qui vivent humblement dans leur coin, compétents et intègres. La nation a besoin d’eux ; il faut aller les chercher !

Il est vrai, faut-il encore le rappeler, que son allure débonnaire pouvait faire croire qu’il serait une personnalité consensuelle, la bonne personne, mais, à l’oeuvre l’on a fini par découvrir les duplicités de l’homme qui pouvait alors s’engager du côté du mal sans en avoir le remord puisqu’il ne l’a jamais avoué pour que les Nigériens l’en pardonnent. Pourquoi n’avait-il pas démissionné alors que certaines presses faisaient entendre qu’il en avait envie ? Dans sa marche actuelle, le Niger veut plus que ces petites pièces d’or noircies au grès de leur entrechoquement avec d’autres moins nobles et souvent faites de « fer noir », sombres et tristes. Pour les Nigériens, l’homme qu’il redécouvrait à un âge qui le promettait à la sagesse accomplie et à une expérience faite de prudence, est même un homme qui fait peur.

Brigi, un homme qui s’est compromis…

Il est vrai qu’en parlant de milliards amassés, les Nigériens parlent peu ou pas de lui. Mais pour eux, il a été au coeur du mal du Guri : il l’a épousé, il l’a aimé, il l’a accompagné, il l’a aidé. L’heure est venue sans doute pour lui de l’assumer comme le fit cet ambassadeur qui, parce que les Etats-Unis avaient reconnu, par réalisme sans doute, les autorités militaires du pays, ne se sent plus redevable de son pays, faisant le choix d’un homme pour lequel il travaille non pour la patrie.

Aussi, il ne faut pas oublier que Brigi Rafini a joué un rôle trouble dans l’affaire Africard en autorisant la résiliation du contrat avec la société. Cet acte qu’il posait a permis à Africard de trainer l’Etat du Niger devant les tribunaux pour lui faire davantage perdre en dédommageant lourdement pour perdre encore des milliards dans un dossier où, sur toute la ligne, le Niger perdait jusqu’à sa réputation. C’est lui aussi qui a autorisé son cabinet par une lettre N° 00550/DIRCAB/PM/ CCH/SCC en date du 24 mars 2016 pour donner les 1500 tonnes de riz Basmati, don du Pakistan, au profit de la fondation de la première dame de l’époque, Malika Issoufou, la dame aux milles et un dossiers, toujours au four et au moulin car devenue incontrôlable pour un mariprésident qui ne put, par ses faiblesses, l’appeler à l’ordre.

Puis, c’est lui qui avait défendu mordicus, par un mensonge d’Etat, ce qui s’est révélé une grosse tricherie, une grosse escroquerie d’Etat, le prêt d’EximBank de Chine qu’il aidait à cacher, disant, devant l’Assemblée Nationale, qu’il n’en était rien de ce que pouvait révéler l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou, et ce pour humilier un homme qui était pourtant sûr de ses sources et qui pouvait, par ses franchises, dire, pour l’intérêt national, ce qui gêne. Parce que ses relations avec le régime qui refusait la droiture dans la gestion du pays commençaient à se brouiller, on avait voulu l’en ridiculiser pour l’isoler dans une musique qui n’était pas la bonne pour jouer au choeur, et Amadou Boubacar Cissé, l’homme qui usait de son carnet d’adresse pour ouvrir toutes les portes à fric au régime, pouvait même être envoyé en renfort pour démentir ce qui est pourtant la vérité. Les Nigériens ne tarderont pas à le savoir. En réduisant, devant les représentants du peuple, de moitié la somme contractée en catimini sur le dos du contribuable nigérien sans jamais révéler la transaction à la représentation nationale dupée, Brigi Rafini manquait de respect aussi bien au peuple qu’à ses représentants, même godillots. Mais, il devrait se rétracter quand les Chinois inquiets que ne se perde leur argent insistaient, reconnaissant l’autre moitié cachée, dissimulée pour enrichir le clan. Un tel homme qui peut mentir, à un tel niveau de responsabilité, alors qu’il devrait défendre les intérêts du Niger, peutil sensément, après son échec à la primature qui aura été la gestion la plus émaillée de scandales, avoir le privilège de diriger une structure de l’importance d’un Conseil Consultatif ? Il est complice, on le voit du mal. Il ne peut donc pas mériter d’être à cette place.

Si ce pays est tombé bas c’est aussi par sa faute, lui qui avait eu la confiance du chef de l’Etat de conduire l’action gouvernementale. Il faut se rappeler que c’est depuis 2016 qu’il avouait à une délégation venue d’Agadez pour s’inquiéter du sort de la région avec notamment les effets pervers de la loi anti-migration qu’imposait l’UE à Issoufou Mahamadou contre du fric craquant – un autre point d’interrogation de leur gestion – que le Niger était en faillite et qu’on ne devrait pas lui compliquer les choses, surtout venant de ce côté ? Brigi s’est donc compromis avec Issoufou, sinon avec le PNDS, alors qu’il pouvait faire des choix plus lucides et responsables qui le mettent hors de tout soupçon. Aujourd’hui, en fin de carrière, pour avoir mis la main dans la merde, il les a salies pour ne plus avoir de mains propres pour occuper, selon les Nigériens, de telles positions de prestige surtout à un tournant aussi décisif de la marche, de l’Histoire du pays.

Non, Brigi ne peut pas être l’homme de la situation surtout en ce moment où on veut redresser le pays. Ceux qui ont plongé le pays dans cette situation ne peuvent pas être les sauveurs. Le Niger, après tout, ne peut être en manque de compétences pour toujours se servir des mêmes « têtes pourries » qui ont trainé partout leur bosse car il y en a mieux, et sans doute aussi au sein du PNDS dont tous les cadres ne peuvent pas s’être compromis.

Pour le Niger et pour la confiance gagnée avec le peuple, le CNSP doit faire le bon choix pour le pays :« Labusan ni no » – « Zantchékassa né ».

Alpha