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PNDS Tarraya : Les deux clans se font du Tankataféri

Le coup d’Etat du 26 juillet, qui a mis un terme à l’aventure du PNDSTarayya, a fini par montrer les fragilités d’un parti que les responsables, plus par orgueil, pouvaient dire incassable, arguant qu’ils auraient bâti sa force au grès de sa longue traversée du désert qui aurait permis à ses militantes et militantes de s’aguerrir aux aléas de la politiques et aux intempéries des humeurs humaines. Sauf que, dans la vérité, le PNDS ne pouvait pas être plus différent du PS en France qui a fini par voler en éclats pour n’en laisser à la surface que quelques pépites éparpillées dans une France déserte de socialisme, ou comme, au Niger, du MNSD qui a connu les plus glorieuses épopées d’hommes à qui l’on peut véritablement reconnaitre la stature d’hommes d’Etat mais qui a fini, lui aussi, par sombrer, par les naïvetés politiques de certains de ses enfants. De ce PNDS qui donnait tant de fiertés à ses dirigeants, il n’en reste aujourd’hui que des ruines, une histoire fantasmée, à la gloire d’un seul homme – Issoufou – non d’un pays qui n’aura jamais été de leurs soucis depuis qu’ils arrivaient au pouvoir pour ne se jalouser que d’occuper des positions rentières dans le système de prédation qu’ils mettaient en place et qui leur firent oublier jusqu’aux valeurs du socialisme. On savait depuis quelques mois, après l’accession de Bazoum au pouvoir, que les choses n’allaient plus avec son mentor, juché à l’ombre de la colline descendant vers le fleuve, à quelques encablures de la Présidence, pour garder un oeil sur le pouvoir qu’il quittait sans l’avoir véritablement quitté, voulant encore que tout se fasse avec lui, ou même par lui seul, l’incontournable dieu du socialisme tropical nigérien.

Guerre des clans…

Depuis la chute de Bazoum que certains proches d’Issoufou peuvent dire prévisible, après avoir constaté que le retour de Bazoum au pouvoir n’est plus que chimère, les deux clans fourbissent leurs armes pour se jeter la pierre et la responsabilité de leurs déboires et de leurs échecs. Il y a quelques jours, Issoufou Mahamadou, après avoir constaté que « les militaires veulent le pouvoir pour eux-mêmes, recevait certains nigériens qui lui sont acquis pour les ameuter à animer une campagne contre Bazoum. Tous les observateurs sont aujourd’hui témoins de clashs de frères ennemis qui s’entredéchirent à distance, ne se vouant plus que des haines nouvelles, recyclées. La guerre, en vérité, fait rage entre les deux camps. Le PNDS ne peut donc plus avoir la chance de se retrouver : d’amis, les uns et les autres sont réduits en d’irréductibles ennemis qui ne peuvent plus manger dans la même assiette. Les mots qu’on utilise pour blâmer Bazoum, trop forts, même s’il a ses parts de fautes pour lesquelles l’on peut lui en vouloir, sont très inamicaux car, en vérité, il faut reconnaitre qu’on en fait trop, jetant ainsi le bébé et l’eau de bain. Comment les croire quand ils ne peuvent voir que les seules fautes de Bazoum, s’évertuant à présenter Issoufou Mahamadou, pour lequel des activiste à gage bossent, comme un homme sain, un homme à qui l’on ne saurait rien reprocher, montrant ici des échangeurs, là les allures majestueuses d’hôtels à problèmes pour témoigner de ses succès qui ne peuvent, par ces seuls bétons, faire avancer le Niger ainsi qu’on l’avait espéré de son socialisme. Ce n’est pas vrai. Tout le malheur de ce pays, qu’on s’y refuse, ou qu’on le reconnaisse courageusement, est du fait d’Issoufou et de lui seul qui voulait être le seul coq dans la basse-cour et qui travaillait à anéantir tous les autres qu’il peut craindre sur l’échiquier. Son désir de puissance l’a même poussé à s’accommoder, contre les valeurs de son socialisme, de vols et de pillage dans tous les compartiments de l’Etat où ses hommes liges pouvaient tout rafler pour garnir leurs maisons d’or et d’argent, de confort insolent et leurs comptes d’argent, et à construire jusqu’à la folie. Issoufou n’est donc pas défendable. Ceux qui l’essaient pourront juste se contenter de prendre ici et là quelque argent, mais leur « client » doit comprendre qu’aucune plume n’est aujourd’hui puissante à l’innocenter de son mal. Le Général Tiani pourrait s’en rendre compte depuis des semaines quand il peut entendre le grand brouhaha et la grande indignation que soulève dans le pays le seul nom d’Issoufou dont les Nigériens, si ce n’est quelques fanatiques, ne veulent plus entendre parler, encore moins savoir qu’il devrait jouer quelque rôle dans la marche actuelle du pays.

Les propos d’un homme présenté comme un acteur de la société civile, qui donnait à un confrère une interview pour parler des relations difficiles entre les deux hommes et entre les deux camps, visiblement, ne peut dissimuler dans ses jugements son penchant partisan pour Issoufou quand on voit comment, à coups d’arguments légers, il tentait de réhabiliter Issoufou Mahamadou qui serait un homme généreux qui ne ferait un mal même à une mouche. Quand on l’écoute ou le lit, on douterait qu’il parle de la même personne que connaissent les Nigériens. Pour les soutiens d’Issoufou, Bazoum, dès lors qu’il imposait, dans sa communication, des comparaisons qui mettent à mal la gestion d’Issoufou, ne pouvait pas réussir, car ainsi, pour eux, il s’éloignait du parti et de la ligne de la continuité pour laquelle il avait été coopté. Il voyait même quelques rapprochements incestueux de sa part avec une opposition qu’ils ne voudraient jamais voir se relever de son rabaissement par le système Guri. Bazoum payait aussi pour avoir quelques indulgences pour une opposition que son parti blâmait et crucifiait pendant huit ans.

Le camp Bazoum, avec Hassoumi et Takoubakoye, sur les réseaux sociaux, ne manquent pas de rendre leurs coups, accusant aussi Issoufou d’avoir trahi et de n’avoir pas soutenu franchement son successeur à qui il aurait même compliqué les choses. Les deux camps ne se font plus de cadeaux ; chacun tirant à boulets rouges sur l’autre. On aura remarqué, dans l’argumentaire développé par les pro-Issoufou, une certaine volonté de se faire une certaine bonne conscience, une certaine virginité, se présentant comme des hommes qui ne peuvent s’associer à ce qui ferait le mal à ce pays, mais oubliant que le mal ils l’avaient déjà fait à ce pays en le spoliant, en le pillant. Pour eux, les mauvais sont du camp de Bazoum qui appellent sans cesse à attaquer le Niger, à le bombarder pour libérer Bazoum, toute chose qu’eux ne peuvent pas comprendre pour soutenir de telles initiatives antipatriotiques. Pourtant, dans une de ses premières déclarations, Issoufou, faisant comprendre que si le CNSP ne fléchit pas, l’option militaire serait la seule alternative incontournable. Par ce nouveau discours stratégique, opportuniste, le camp Issoufou fait les yeux doux au CNSP à qui, de toute façon, il ne peut qu’avoir une dent ; cherchant juste le moyen de l’endormir pour rendre son coup car jamais, à ceux qui ont fait ce coup d’Etat qui a amené les Nigériens à dénoncer ouvertement Issoufou et sa gouvernance et ce jusqu’à ce que ses protégés aillent en prison et en exil, Zaki ne peut le pardonner surtout quand, dans la foulée, son enfant-chéri, est envoyé en prison et pas dans n’importe quelle prison !

On a même entendu, l’ancien ministre de l’énergie, Ibrahim Yacoubou, poussé sans doute par la pénibilité de l’exil et dans le sillage sans doute d’Issoufou, revenir à de meilleurs sentiments, après s’être fait un chantre de la cause de Bazoum qui l’a poussé à aller en exil, en se faisant aujourd’hui un partisan de la paix et du dialogue. Maintenant seulement, peut-il avoir compris que l’on ne peut rien avoir, après la famille, qu’une patrie de laquelle l’on peut se revendiquer. L’exil de trois petits mois doit les avoir déjà durement éprouvés pour chercher le moyen de se faire pardonner pour revenir au pays afin de cultiver les mêmes opportunismes. Ils sont nombreux à quitter la tendance jusqu’au-boutiste des leurs, mettant le clignotant pour un virage qui les éloignera des extrémismes de leurs camarades égarés.

Effondrement d’un monstre artificiellement créé…

Le PNDS fut. Il n’existe plus. Il n’existera plus comme on l’a connu. Car, entre les deux camps qui se chamaillent aujourd’hui, il y a la majorité silencieuse déçue des deux qui, pendant douze ans, est laissée sur les bords de la route quand la camarilla fit, sans pudeur politique, la promotion des épouses et de la progéniture, oublieuse du sacrifice et de l’endurance de ceux qui avaient été dans la lutte depuis plus de vingt ans. En voulant déjouer le destin, le PNDS s’est poussé dans un gouffre où il ne peut plus avoir la chance de renaitre. Certains observateurs y voient la fin inéluctable d’un parcours en dents de scie, avec aujourd’hui deux camps faits du même bois, trainant chacun des tares par lesquelles les Nigériens ont appris à les rejeter tous. Alors qu’Issoufou incarne pour les Nigériens le summum de la méchanceté politique, la médiocrité et la destruction des biens de l’Etat par le vol et le pillage, Mohamed Bazoum, à l’immaturité et aux naïvetés politiques, a plutôt la carrure de l’usurpateur, du faussaire et de cet homme qui, par ses égoïsmes, peut vouloir le mal pour le peuple, n’ayant peut-être que faire d’un pays qui le renie parce qu’il ne peut justifier de sa nationalité d’origine trafiquée qui l’a placé là où l’armée a fini par le surprendre.

Drame cornélien pour Tiani ?

Faut-il croire que le choix n’est que difficile pour le Président du CNSP ? Ses hésitations pour lesquelles des Nigériens – et ils sont nombreux – ont commencé à douter de sa capacité à opérer les grands changements attendus, peuvent-elles traduire la profondeur des malaises qui sont les siens ? Il est pourtant cerné de toute part : un peuple qui lui a fait confiance et qui attend toujours des actes courageux pour amorcer le virage qui le rassure ; une armée qui a donné son soutien, pas pour un homme, mais pour un pays, la patrie qu’on ne peut trahir. A côté, il y a une communauté internationale qui regarde et qui n’attend que la moindre faute politique pour dégainer. Que faire ? Le choix d’Issoufou et de son clan ne peut donc pas être un choix sérieux pour le CNSP quand on sait que par la conduite qui a été celle d’Issoufou dans les derniers événements du pays, la communauté internationale risque d’être, et maintenant, en communion avec le peuple déçu, pour se dresser contre une transition qui a oublié que, lorsqu’on dirige un Etat, on ne peut pas avoir une main qui tremble. Mais, il reste au CNSP et à son président de faire le bon choix : ramer à contre- courant de l’histoire et contre la volonté populaire ou tomber dans le piège de ceux qui, à l’ombre, les tirent, par des arguments légers, pour ne pas aller dans la direction pour laquelle le peuple se mettait debout pour les soutenir afin que la patrie soit sauvée des griffes d’un socialisme qui ne joue que ses intérêts, sans aucun patriotisme.

Avec qui le CNSP peut-il être plus fort ?

Avec Issoufou et son clan contre le peuple ?

Avec le peuple qui s’est mis debout et qui devra, de toute façon avoir le dernier mot.

A chacun de choisir son allié. L’Histoire jugera.

Mairiga