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Drame à Téra : La France tue, Bazoum s’illustre dans un jeu de chaises musicales

Bloquée à Téra, au Niger, comme cela a été le cas à Kaya, au Burkina Faso, l’armée française n’a pas hésité à faire usage de gaz lacrymogène parachuté par avion et de tirs à balles réelles, tuant deux manifestants et blessé 18 autres, dont 11 grièvement. Un d’entre eux a depuis lors succombé à ses blessures. Tous les témoignages concordent : c’est bien l’armée française qui a tiré et tué. Et le communiqué officiel du gouvernement nigérien, signé du ministre de l’Intérieur Alkache Alhada, est sans ambiguïté. « Dans la matinée de ce samedi 27 novembre 2021, le convoi de la force française Barkane, sous escorte de la Gendarmerie nationale, en route pour le Mali, a été bloqué par des manifestants très violents à Téra, région de Tillabéri, où elle a passé la nuit. Dans sa tentative de se dégager, elle a fait usage de la force, malheureusement, on déplore la mort de deux personnes et 18 blessés, dont 11 graves », a signé celui qui est désormais l’ancien ministre de l’Intérieur. Car, 48 heures après le drame, clairement imputé à l’armée française, y compris par de nombreux témoignages, le Président nigérien, Bazoum Mohamed, n’a pas cru bon de faire autre chose que de procéder à un remaniement technique de son gouvernement. Le ministre de l’Intérieur ne sera pas sanctionné comme s’y attendent les Nigériens. On le déplace de ce poste à celui du Commerce, jugé moins problématique. Aucune sanction véritable.

Ce remaniement technique de son gouvernement, rapporte-t-on, a une histoire. Selon de nombreuses sources, c’est le ministre de la Justice qui a, suite au drame de Téra, déposé sa démission. Pour sauver la face, Bazoum Mohamed s’est précipité à faire ce jeu de chaises musicales ressenti au sein de l’opinion nationale nigérienne comme une insulte. Une insulte aux morts et une insulte à l’ensemble du peuple nigérien, meurtri et désabusé.

Ayant clamé, haut et fort, qu’il n’est nullement soumis à la France, 48 heures seulement avant le drame de Téra, le Président Bazoum a désormais de quoi le faire taire. Pour longtemps. Face à cet acte grave posé par son allié français, Bazoum Mohamed n’a manifestement aucun moyen de sauvegarder son image de marque aux yeux de ses compatriotes et de l’opinion internationale. Il ne peut ni sanctionner de l’intérieur, ni entreprendre des représailles vis-à-vis de la France. C’est un coup dur pour celui qui commence à peine à gagner les cœurs de ses compatriotes. La déception est grande. Et selon toute vraisemblance, la hache de guerre, longtemps enterrée par les organisations de la société civile, va être bientôt déterrée. Le 5 décembre prochain, à l’initiative de TLP (Tournons la page), une marche, suivie de meeting est projetée pour réclamer le départ des forces militaires étrangères du Niger.

YAOU