Skip to main content

A propos du communiqué du CSC : De quelle régulation parle-t-on ?

Alors même que la rédaction du journal le Canard en furie, avec l’accord de certaines parties mises en cause dans un article de notre précédente livraison, faisait son  mea culpa et cherchait la manière la plus adéquate pour réparer le préjudice, l’instance de régulation, le Conseil supérieur de la communication, se fend dans un communiqué qui, part sa teneur, n’est ni plus ni moins qu’une mise à mort. En tant que régulateur, il est en droit d’attirer l’attention des médias. Mais cela devait se faire dans le respect des procédures édictées pour la circonstance. Il aurait simplement et avant tout fallu entendre le directeur de publication de ce journal. Même le juge, à fortiori un régulateur, entend un prévenu avant toute condamnation. La création du CSC procède de la volonté du Niger à marquer son entrée dans les pays démocratiques. La démocratie n’étant pas simplement l’organisation d’élections, elle assure aussi la liberté et l’indépendance de la presse. Comme dans le pays où nous avons copié l’essentiel des textes régissant la marche de la nation, le CSC est une autorité administrative indépendante. Pour cette raison, le législateur en a fait une institution avec un rang protocolaire qui peut se compter sur les doigts d’une seule main. Elle n’est inféodée à aucun autre pouvoir. Le communiqué ne respecte, ni dans le forme ni dans le fond, le rang de cette prestigieuse institution. En la forme, les procédures et surtout l’éthique et la déontologie dont on aime abreuver les journalistes n’ont pas été observées.  Dans le fond, deux sujets préoccupent l’instance de régulation : le traitement par les journaux de la situation sécuritaire et la publication du Canard en furie. Sur le premier sujet, qui semble être un prétexte, le CSC aura du mal à prouver le caractère mensonger des publications de la presse écrite. D’autant qu’elles relèvent d’analyses qui mettent en doute, dans la plupart des cas, l’efficacité de la présence des armées amies ou du moins l’insuffisance, pour le moment, de l’action de ces forces. C’est ça aussi la liberté de la presse. On a tout à fait l’impression qu’on veut déshumaniser les journalistes. Car si on leur empêche de douter, de poser des questions sur la marche de la nation, on leur enlève ce qui d’eux des humains. Ne dit-on pas « je doute donc je suis » ?

Pour le second, au-delà de notre mea culpa qui, pour certains vaudra ce qu’il vaut, est, pour notre part, sincère, il faut simplement regretter une chose : « même si le président de l’instance de régulation est incapable du devoir d’ingratitude, il peut parfaitement honorer la redevabilité en ne perdant pas son âme. »

 

Modibo