Skip to main content

Communiqué conjoint : Le CIRAC, le Mouvement pour un Sursaut Patriotique et Tournons la page–Niger répondent au discours de M. Macron prononcé à la conférence annuelle des ambassadrices et ambassadeurs de France

Le 28 août 2023 lors de la conférence annuelle des ambassadrices et ambassadeurs de France, le Président Macron s’est épanché sur la situation qui prévaut au Niger dans des propos vexatoires et de suffisance, ponctués de contre-vérités et de duplicité.  Les organisations suivantes : le Cercle Indépendant de Réflexions et d’Actions Citoyennes (CIRAC), le Mouvement pour un Sursaut Patriotique (MSP) et Tournons La Page (TLP) ont suivi avec dépit et dégout cette conférence et voudraient apporter les réponses et clarifications suivantes :

– L’agenda de soutien de la France à la démocratie : de quel droit d’ingérence M. Macron se prévaut-il pour s’immiscer dans les affaires intérieures du Niger de façon outrageante et ostentatoire, au mépris du droit international qui consacre le respect de la souveraineté des Etats ? La France applique les principes d’une démocratie à géométrie variable, modelée en fonction de ses seuls intérêts. M. Macron n’a-t-il pas apporté tout son soutien au transfert de pouvoir au fils du défunt Président du Tchad, Feu Idriss Deby Itno, dans la pure tradition népotique, au mépris de la constitution ? Le Général Salou Djibo, ancien Chef d’Etat nigérien issu d’un putsch n’a-t-il pas été reçu à Paris, invité à prendre part aux festivités du 14 juillet 2010 et au déjeuner de travail offert au Palais de l’Elysée ?  De quelle légitimité se prévaut M. Alassane Ouattara, dont la présidence actuelle est issue d’un coup d’état constitutionnel ? Les exemples abondent, aussi étranges et déroutants les uns que les autres !

– Coup d’état contre un président prétendument élu démocratiquement et éloges au Président déchu : Il est de notoriété publique avec des preuves irréfutables en toute probité, que la prétendue victoire de M. Bazoum aux élections présidentielles résulte de la falsification des résultats des urnes ; elle est le fruit de fraudes électorales massives. Si M. Bazoum était réellement démocratiquement élu, ce sont les populations des quatre coins du pays qui exigeraient son retour au pouvoir, plutôt que la CEDEAO qui agit comme une centrale syndicale des Chefs d’Etat et le bras armé occulte de la France.  Après la chute de M. Bazoum, nous avons vu les populations des villes, des villages et des hameaux de toutes les régions du pays sans exception, exprimer de façon spontanée et en grand nombre, leur joie immense et témoigner leur soutien au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Par ailleurs, en réponse aux éloges de M. Macron à Bazoum, nous voudrions simplement rappeler ces mots du Feu Président Ahmed Sékou Touré : « Quand tu es félicité par le colon, c’est que tu es mauvais pour ton peuple ».

– Les remontrances aux Chefs d’Etat de la CEDEAO :  Les réprimandes et menaces à peine voilées de M. Macron à l’endroit des Chefs d’Etat de la CEDEAO, allant jusqu’à insister qu’ils agissent  plus vite pour remettre M. Bazoum au pouvoir tout en leur rappelant ce qu’il considère comme le destin qui leur sera réservé en cas d’inaction, sont des propos qui traduisent son impatience et sa colère face aux atermoiements de ces dirigeants dont la plupart répondent aux injonctions de Paris plutôt qu’à la volonté de leurs peuples. Il est d’ailleurs inadmissible qu’aucun des Chefs d’Etat n’ait réagi à de tels propos d’une condescendance inacceptable. Dans tous les cas, M. Macron doit comprendre que les peuples africains s’opposeront fermement à la réédition des atrocités commises en Lybie et au Rwanda par la France sans oublier les crimes innombrables et innommables de la colonisation. Ils ne seront pas sensibles à son discours d’incitation à la haine ethnique avec ses insinuations que M. Bazoum viendrait d’une ethnie minoritaire.

– L’obligation de l’ambassadeur de France au Niger de quitter le pays : l’ancien Ambassadeur de France au Niger, M. Sylvain Itte, a été déclaré persona non grata.  Il est surprenant que ceux qui se prévalent de respecter le droit soient les premiers à le bafouer. Le Niger a agi en conformité avec la Convention de Vienne de 1961 sur les relations, privilèges et immunités diplomatiques, notamment les dispositions de son article 9. Par ailleurs, il convient de souligner, que cette convention indique clairement en son préambule, qu’elle vise à favoriser les relations d’amitié entre les pays quelle que soit la diversité de leurs régimes constitutionnels et sociaux. Arguer que le Niger n’a pas le régime qui convient à la France est une insulte au droit international et un mépris affiché à l’égard du peuple nigérien. Il n’appartient pas à la France de délivrer un certificat de légitimité des régimes, de définir ce qui est convenable au Niger à la place des nigériens.

– Les motivations réelles de la France à s’incruster vaille que vaille au Niger : les motivations réelles de la France à ne pas quitter le Niger, ce qui sonnerait le glas de son départ du Sahel, sont données de façon implicite par M. Macron lui-même lors de la conférence.  Un de leurs objectifs stratégiques prioritaires est la « sécurisation de l’accès aux terres rares, aux matériaux et minéraux critiques ». Il est alors aisé de comprendre que pour la France, quitter le Niger c’est abandonner l’emprise sur l’uranium du pays, sur le Gazoduc qui doit traverser le Niger ; c’est perdre l’occasion de mettre la main sur les immenses ressources du Liptako Gourma.

– La vérité sur les performances de Barkhane au Sahel : le CIRAC a produit un communiqué le 11 novembre 2022, analysant de façon objective et détaillée les performances de Barkhane. Il ressort sans équivoque qu’à l’épreuve des faits, Barkhane s’est révélée une opération inefficace, inapte et inepte. Les complicités et connivences de la France avec les terroristes sont à présent mises à nu. Les victoires des trois armées, Burkina- Mali- Niger sur ces terroristes iront en s’amplifiant, maintenant qu’elles opèrent sans les interférences nuisibles des troupes françaises.

– La stratégie de contre influence et de désinformation : M. Macron prétend que le rejet de la France en Afrique est la résultante de la stratégie de contre influence et de désinformation de ses ennemis. La vérité est qu’elle est engendrée et se nourrit de la politique prédatrice et de suffisance de la France. M. Macron si vous voulez voir la fin de ce rejet, abandonnez le CFA qui prive les pays de la souveraineté monétaire, adoptez une politique de coopération gagnant- gagnant et de respect mutuel. C’est aussi simple que cela. Dans tous les cas, les peuples africains sont déterminés à se libérer du joug de l’oppression française. Ils n’attendront pas le bon vouloir de la France.

– Le financement de l’aide au développement : l’aide de la France à l’Afrique est une rétrocession d’une proportion infinitésimale de ce qui est spolié au continent. Si plus d’un demi-siècle d’aide ne nous a pas permis de nous passer de l’aide c’est que celle-ci est là pour perpétuer la dépendance et maintenir les entraves d’un vrai développement. Nous devrons d’ailleurs y mettre fin.

La vraie nature du problème des nigériens : contrairement aux déclarations de M. Macron, le vrai problème des Nigériens n’est pas les ‘putschistes’, mais bien la France dans sa politique d’assujettissement et de pillage.

Le peuple nigérien ne cèdera pas au chantage ou aux menaces. Il est et restera debout dans ce combat qui est un combat pour la liberté, la dignité et la vraie indépendance.

Niamey le 31 août, 2023

Pour le CIRAC Le Président,                     Omar IDI ANGO                                                              

Pour le MSP                                        Le Président,                     Abdoussalam CISSE

 Pour TLP                                      Le Coordinateur national,

Maïkoul ZODI

 

Source : https://www.lesahel.org