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Célébration de la journée nationale de la concorde : Les dérives du Général Abou Tarka

La chute de l’allocution prononcée par le président de la Haute autorité à la consolidation de la paix (HACP), le général de division Abou Tarka, à l’occasion de la célébration de la 28ème journée de la Concorde, a choqué surpris, sinon choqué plus d’un. Au moment de conclure son adresse, il a procédé à une attaque en règle contre des pays voisins, les pays frères du Burkina Faso et du Mali. Ainsi faisant, le général Abou Tarka a foulé au pied toutes les règles de la diplomatie et le respect dû à des pays voisins, des pays frères, qui ont choisi leur voie à eux pour assumer leur souveraineté et protéger leurs populations contre l’hydre terroriste, sans jamais se mêler des affaires du Niger, un pays avec lequel ils vivent les mêmes affres et avec qui ils partagent l’histoire et la géographie. « Dans leur fuite en avant pour garder un pouvoir arraché de force, les juntes malienne et Burkinabé se sont isolées de la communauté internationale et ne reçoivent plus aucun soutien. Ni militaire, ni financier », fanfaronne, du haut de sa tribune, Abou Tarka. Pour enfoncer le clou, il ajoute qu’elles « se gargarisent de slogans creux et font la guerre à coup de communiqués mensongers et de propagande sur les réseaux sociaux ». Pour finir, il prophétise en annonçant de de façon péremptoire que « le réveil n’en sera que plus douloureux », pour le Burkina Faso et le Mali. To ! Ka Ji ? Quelle mouche a pu bien piquer le président de la HACP, s’interrogent bien de ceux qui ont écouté ce discours va-t-en-guerre à l’endroit de pays avec lesquels nous ne sommes pas en guerre ?Cette parenthèse de son discours ne respecte ni sa formation de sapeur-pompier appelé à éteindre le feu, au lieu de l’attiser, ni son statut de président d’une institution qui oeuvre pour la paix ni même sa réserve de porteur de tenue. Le Niger n’est pas en guerre contre le Mali et le Burkina Faso, mais contre le terrorisme. Si nos pays, parce qu’ils ont opéré des choix différents en matière de partenariat, ne peuvent pas mutualiser leurs efforts, ce qui est malheureux pour les pays africains, chacun doit au moins respecter le choix de l’autre. Dire que le Mali et le Burkina sont isolés de la communauté internationale est un gros mensonge ou une méconnaissance même de ce qu’on appelle la communauté internationale. Celle-ci ne se limite pas à la France et à l’Union européenne qui sont d’ailleurs sur le point d’être déclassées par des puissances émergentes, en Asie, en Amérique du sud et en Afrique. Et quand il s’agit de prendre le pouvoir par la force, tout le monde sait ce qu’il s’est réellement passé dans notre pays en 2011, 2016 et au cours des élections 2020-21. Pour la première fois dans l’histoire récente de la démocratie multipartite, un candidat, président sortant, est allé seul au second tour, son challenger étant cloitré, pieds et mains liés, dans une prison. Quelle fierté !

Malgré tout, le Niger n’a pas à être le second couteau d’une puissance étrangère pour faire à sa place le sale boulot contre nos propres frères. L’Afrique n’a pas été colonisée autrement. Et la traite négrière a eu lieu par les mêmes précédés : l’utilisation de l’Afrique contre elle même. S’en prendre au Burkina et au Mali parce que des terroristes viendraient de ces pays est un aveu d’incapacité à défendre nos frontières. En plus, Boko Haram vient du Nigéria pour endeuiller notre pays, des terroristes d’autres pays voisins. Pourquoi bon Dieu, les autorités du Niger et leurs suppôts ne s’en prennent pas aux autorités de ces pays ? Il y a lieu d’éclairer la lanterne des nigériens à ce sujet. Le Sahel ne viendra à bout du terrorisme que si les pays sahéliens eux-mêmes mutualisent leurs efforts, dotent conséquemment leurs armées nationales et non pas en comptant essentiellement sur les armées étrangères. Si la présence des forces armées étrangères dans un pays conduit à la paix et à la sécurité, la Lybie, l’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Centrafrique et Haïti, entre autres, auraient connu la paix et la sécurité depuis fort. Mais la guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée seulement par l’option militaire il est vrai. Il y a la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et l’injustice. C’est à ces défis qu’il faut s’attaquer pour ne plus donner des prétextes à des individus dont les agendas sont autres de prendre les armes contre leurs propres frères. Toujours est-il que ce n’est pas ce genre de discours qui est attendu d’un soldat, Général de surcroit. Mais des stratégies gagnantes de guerre, de défense du territoire et de sécurisation des personnes et de leurs biens. Et des stratégies gagnantes ce sont des stratégies discrètes pour une meilleure efficacité, et non pas des stratégies criées sur tous les toits. La paix que nous voulons pour notre pays, nous la voulons pour tous les peuples du monde. Ce n’est pas difficile à comprendre.

Bisso