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Amères vérités : Selon toute vraisemblance, il n’a pas encore dit son dernier mot et on a bien vu des situations dans lesquelles l’ancien est redevenu le nouveau

Il n’y a pas de doute et ceux qui continuent à s’interroger sur le fait sont certainement dans une situation de déni de la vérité. Issoufou Mahamadou n’est pas qu’un ancien président, il est, à tous points de vue, un faux-vrai. L’appeler ancien président ne répond qu’à une pure considération de forme fondée sur le statut légal. Dans réalité, il est bien plus qu’un ancien président et tout le monde le constate aisément. Progressivement, il sort du bois dans lequel il s’est confiné, sans doute volontairement, depuis le 2 avril 2021, laissant le temps à Bazoum Mohamed de se prendre au sérieux dans son rôle et à ceux qui voudraient bien le croire, d’accorder foi à cette histoire d’alternance au pouvoir. Une alternance, assurément, qui s’avère, à mesure que l’on avance, virtuelle. Tout ce beau monde est désormais désillusionné. Bazoum Mohamed a dû comprendre la sévérité et le goût amer de cette drôle d’alternance dans laquelle il a accepté de marcher. Il découvre, non sans amertume, qu’il ne serait plus aussi puissant que lorsqu’il était ministre d’Etat et qu’à la station où il a été propulsé, son pouvoir et ses marges de manoeuvre seraient considérablement réduits. Il constate, enfin, que le pouvoir n’est pas forcément dans la forme, mais plutôt dans le fond. Quant à ceux qui ont cru en l’alternance au sommet du pouvoir, quels que soient par ailleurs leur camp politique et leurs idéologies, ils en sont pour leur compte. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils savent, d’expérience, que, si le bonnet a changé de tête, la tête, elle, n’a pas changé d’épaules.

Depuis 10 mois qu’il est investi président de la République, après un parcours électoral des plus controversés, Bazoum Mohamed ne cesse de perdre du terrain devant Issoufou Mahamadou qui donne l’impression, à traves maints actes, de prouver qu’il reprend petit à petit le symbole de la course de relais dans laquelle l’actuel chef de l’Etat a tout l’air d’avoir été le lièvre. À l’extérieur, Issoufou Mahamadou est partout, dans les sphères diplomatiques réservées au président de la République, se livrant à un jeu des plus troubles. Il était à Accra (Ghana), lors du sommet des Chefs d’Etat de la Cedeao et l’alibi est tout trouvé : il a été invité en tant qu’ancien chef d’Etat.

Il était aussi à …(Ecosse), lors de la conférence sur les changements climatiques. Là, on apprend qu’il a été personnellement invité par le prince Charles. S’il n’a pu faire le déplacement, il s’est toutefois adressé à la conférence par visioconférence.

À Paris (France), à l’occasion de…, il s’est fait accueillir à l’Elysée dans les mêmes formes protocolaires que Bazoum Mohamed, le président officiel du Niger.

Récemment, à Addis-Abeba (Ethiopie), au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, Issoufou Mahamadou s’est invité à cette messe des chefs d’Etat. La justification ? Il y était en tant que «champion de la Zlecaf»

À Alger (Algérie) où il a carrément assumé une mission diplomatique, au nom de l’Etat nigérien et peut-être par procuration pour le compte d’un autre Etat, Issoufou Mahamadou a été reçu avec les honneurs dus à un chef d’Etat en fonction. Sa visite à Alger est d’autant plus révélatrice de ce qu’il est réellement dans l’architecture institutionnelle de l’Etat nigérien que sa langue a quelque peu trébuché. L’ivresse de l’accueil et des honneurs réservés habituellement aux chefs d’Etat a failli lui faire perdre de vue qu’il n’est, officiellement, que le porteur d’un message. De qui ? Toute la question est là.

Celui de Bazoum Mohamed qui l’aurait dépêché auprès des autorités algériennes ? C’est peu sûr. Dans la déclaration de presse, Issoufou Mahamadou a été peu loquace sur ce dont le Président Bazoum l’a chargé. En dehors d’une laconique mention à Bazoum Mohamed, il a parlé en son nom personnel. « J’au eu avec le président…, nous avons échangé sur… », bref, l’ancien président n’est pas, dans la réalité, aussi ancien qu’on le croit. Beaucoup de choses ont été dites et écrites à ce sujet, mais la réponse saute à l’oeil à partir de cette mission qu’il a effectuée à Alger.

Bazoum Mohamed souffre certainement de cette dualité qu’on lui impose. Une dualité qu’il a peut-être acceptée en toute conscience mais qu’il a de plus en plus du mal à supporter, tant l’exercice du pouvoir permet de prendre la mesure de certaines situations. Issoufou Mahamadou, selon toute vraisemblance, n’a pas encore dit son dernier mot et on a bien vu des situations dans lesquelles l’ancien est redevenu le nouveau. Pour ceux qui pourraient s’interroger sur de tels cas, celui de Vladimir Poutine, le chef de l’État russe, est là.

BONKANO