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Visite de l’ancien Président en Algérie : Pour le compte de qui Issoufou Mahamadou est allé à Alger ?

Issoufou Mahamadou, l’ancien président de la République, s’est rendu à Alger, le jeudi 10 février 2022. Reçu avec les honneurs dus à un chef d’État en fonction, il s’est entretenu avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Et à sa sortie d’audience, il a fait une déclaration des plus surprenantes. « J’ai pu avoir des échanges avec le président sur la situation au Sahel, la crise sécuritaire à laquelle font face les pays du Sahel, le Niger, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad et j’ai noté qu’il y a une parfaite identité de vues entre, notamment le Niger, dont le Président Bazoum m’a chargé d’un message pour le Président » a-til déclaré en substance. La déclaration faite par Issoufou, avec un fort accent mis sur le « je » a suscité de nombreuses interrogations au sein de l’opinion nationale. Pour le compte de qui Issoufou Mahamadou a fait cette mission d’Alger ? En général, les émissaires de chefs d’État ne sont pas si loquaces à la sortie d’audience. Outre qu’ils introduisent toujours leur déclaration de presse par la précision qu’ils sont porteurs d’un message du président X pour son homologue Y, l’usage protocolaire veut que le porteur du message s’efface au maximum. Issoufou Mahamadou n’a fait mention du Président Bazoum que de façon lapidaire comme s’il souffrirait de souligner qu’il était en mission pour son compte.

Dans un format de médiateur plutôt que celui d’un émissaire de chef d’État, l’ancien président nigérien s’est épanché sur d’autres aspects de la question principale, en l’occurrence les solutions au Sahel, expliquant que l’Algérie a un rôle important à jouer dans la mise en place de ces solutions. Mieux, Issoufou a souligné qu’il a également échangé avec le président algérien sur la situation au niveau de l’ensemble du continent et qu’il repart réconforté par rapport à toutes les questions qu’il a pu évoquer avec lui ». Selon une source politique qui a requis l’anonymat, Issoufou Mahamadou pourrait être dans une mission de la France qui se démène pour trouver les voies et moyens d’asphyxier le Mali. Les autorités nigériennes, on le sait, ont des positions assimilées à celles de l’Elysée. À Paris, récemment, dans le cadre d’une visite fortuite, Hassoumi Massoudou a fait face à la presse avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian. Le ministre des Affaires étrangères nigérien n’a pas tremblé dans sa voix pour brocarder les autorités militaires de la Transition malienne en qualifiant de soldats qui onyt échoué sur le terrain de la guerre et qui prennent le pouvoir politique. Pire, il a assimilé l’attachement d’Assimi Goïta et de ses collaborateurs à leur patrie à un patriotisme frelaté.

Niamey et Alger ont des positions diamétralement opposées sur la question malienne. La première est alignée sur la France, la seconde y est fermement opposée.

Beaucoup de Nigériens s’interrogent sur ce qu’Issoufou Mahamadou est parti faire à Alger et l’hypothèse la plus avancée s’inscrit dans l’optique dégagée par Niamey par l’intermédiaire, d’abord de Bazoum Mohamed, puis de Hassoumi Massoudou. Une optique qui fait des autorités nigériennes les principaux hommes de main de Paris dans sa croisade contre le Mali. Il a évoqué la question en prétendant à une parfaite identité de vue entre Alger et Niamey, notamment. Ce qui paraît une gageure, tant les positions des deux pays vis-à-vis du Mali semblent diamétralement opposées. La première est alignée sur la France, la seconde y est fermement opposée.Tandis que Niamey et Paris s’accordent sur une même et seule vision — Hassoumi Massoudou et Jean- Yves Le Drian l’ont souligné ensemble — Alger n’a pas hésité un instant à se déclarer solidaire du Mali dans cette épreuve. Outre qu’elle a garanti aux autorités militaires maliennes son soutien à tous égards, l’Algérie a également expliqué, notamment par le biais de son ministre des Affaires étrangères, pourquoi elle ne saurait être contre le Mali. Elle a d’ailleurs interdit le survol de son espace aérien à l’armée française, tout en autorisant à l’armée russe, interdite de passer par l’espace aérien nigérien, d’utiliser le sien pour aller au Mali.

Tout, manifestement, oppose le Niger à l’Algérie, dans cette affaire du Mali. Il ne saurait, donc, y avoir de convergence de vue entre Niamey et Alger. Et si c’est Issoufou Mahamadou et non Bazoum Mohamed qui est allé à Alger pour parler de la question de la sécurité au Sahel, c’est, nous confie une source politique, une simple affaire de casting. Le Président Bazoum est trop proche des Algériens. Il est, donc, jugé moins sûr pour les sujets à discuter avec Alger. Selon la même source, Issoufou Mahamadou n’est certainement pas allé à Alger pour le compte du Niger. La position du Niger sur la question malienne ne souffre d’aucune ambiguïté pour que l’ancien président prétende que Niamey et Alger ont une parfaite identité de vue sur le sujet.

Doudou Amadou