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Amères vérités : Issoufou-Bazoum, C’est bonnet blanc, blanc bonnet

Amères vérités : Issoufou-Bazoum, C’est bonnet blanc, blanc bonnet. Idéologiquement, politiquement et bien entendu du point de vue des rapports à entretenir avec l’opposition politique, la société civile et une catégorie de journalistes, Issoufou n’est pas pire que Bazoum Il sait particulièrement qu’il ne peut faire ce qu’attendent les Nigériens. Dans cette situation de Bazoum Mohamed, il y a trois vérités immuables.

La première est que Bazoum Mohamed ne peut réussir quoi que ce soit sans «tuer son inventeur», Issoufou Mahamadou, ainsi que sa gouvernance. Autrement dit, s’il veut se réconcilier d’avec ses compatriotes, s’il veut gagner leur confiance, s’il veut les convaincre qu’il peut être un digne et exemplaire serviteur du Niger, Bazoum Mohamed est obligé d’observer un devoir d’ingratitude visà- vis de celui qui l’a aidé à accéder à la tête de l’Etat, pour des intérêts personnels, par ailleurs. L’un et l’autre ne peuvent cohabiter alors que le nouveau ne conserve, de chef de l’Etat, que le titre et les attributs tandis que l’ancien garde en ses mains toutes les manettes du pouvoir. Pour qu’un serpent à deux têtes puisse survivre, il faut qu’une des deux têtes soit coupée. Tuer son inventeur ? C’est l’unique alternative qui s’offre à lui s’il veut réellement afficher et promouvoir un nouveau paradigme de la gestion du pouvoir.

Le fait d’avoir innové dans un déplacement du chef de l’Etat où l’on n’a vu, ni le jalonnement de forces militaires extravagantes comme le faisait Issoufou Mahamadou, ni la revue interminable de ministres et autres personnalités à l’aéroport, est, certes, le signe d’une volonté de se départir de la politique de son prédécesseur. Bazoum est, donc, parfaitement conscient qu’il n’a aucune chance de combler le fossé qui le sépare de la majorité écrasante du peuple nigérien s’il reste fidèle à son slogan de campagne. En gui se de conclusion, Bazoum Mohamed est obligé d’enterrer la gouvernance de Mahamadou Issoufou, en le faisant arrêter et en le faisant poursuivre en justice pour maints délits et crimes. Peut-on considérer qu’il est concerné par tout ce qui a pu se passer durant les 10 années d’Issoufou ? Oui, c’est certain mais il faut bien qu’il trouve un bouc émissaire et il n’y a, dans le cas d’espèce, un meilleur profil que celui de l’ancien président.

La deuxième vérité est qu’au-delà de ces coups d’éclat propres à lui générer quelques dividendes en termes de perception du pouvoir sous son règne, Bazoum Mohamed est parfaitement conscient de ses faiblesses et de son impuissance en face de son mentor. Sans Issoufou Mahamadou, il n’y a pas de Bazoum Mohamed et celui-ci le sait de toute évidence. Il faut, donc, arrêter de rêver en pensant que Bazoum va inaugurer une autre ère différente de celle d’Issoufou. C’est bonnet blanc, blanc bonnet. Idéologiquement, politiquement et bien entendu du point de vue des rapports à entretenir avec l’opposition politique, la société civile et une catégorie de journalistes, Issoufou n’est pas pire que Bazoum. Non seulement il est compté parmi les faucons du Pnds Tarayya et du régime, mais il est également l’âme des complots, celui qui dit que « plus comploteur que lui, tu meurs ». Imaginez le personnage.

Les deux facettes de cette deuxième vérité doivent être ainsi comprises : d’une part, Bazoum est totalement incapable d’innover là où il est attendu, c’est-à-dire dans la lutte contre la corruption, le trafic de drogue, les détournements de deniers publics, l’enrichissement illicite, etc., d’autre part, il ne peut le faire car faisant partie intégrante de ce qu’il y a eu cours durant 10 ans. Ce n’est pas un homme nouveau, mais un membre-clé du système. Et il sait que ce système, qu’il est aujourd’hui le premier à incarner, du moins officiellement, a pour âme Issoufou Mahamadou. Bazoum Mohamed, en fin de compte, ne peut rien remettre en cause de tout ce que Issoufou Mahamadou a mis en place et la formation du gouvernement l’a amplement prouvé.

La troisième vérité est qu’il n’a pas l’intention de remettre quoi que ce soit en cause du système dont il est issu. Il l’a dit, ce sera la continuité. L’allègement du cortège présidentiel n’a aucun enjeu pour le système qui l’a porté là où il est. Bazoum ne peut, donc, logiquement, que se préoccuper de détails sans importance pour les Nigériens. Les vraies batailles l’attendent et ne vous faites pas d’illusion. Il ne va ni changer la gouvernance financière, ni engager une lutte féroce contre les trafiquants de drogue. Remarquez qu’il n’a pas dit un traître mot sur ce trafic de drogue dans son discours d’investiture alors qu’il y a, à peine quelques semaines avant, 17 tonnes de drogue ont été saisies à Niamey, dans un entrepôt à Kallley-plateau.

Quant aux détournements de deniers publics, n’est-ce pas lui qui a déclaré devant les étudiants de l’université de Niamey que Issoufou Katambé, l’ancien ministre de la Défense nationale, a menti à propos des actes indélicats posés dans la gestion des fonds destinés à l’armement des Forces armées nigériennes ? Ne vous faites pas d’illusion, Bazoum Mohamed ne peut rien changer. Tout juste va-t-il, peut-être en rigolant de la réaction des Nigériens, de temps à autre amuser la galerie. Même cette histoire de suppression des postes de directeur de Cabinet est restée au stade de simple rumeur véhiculée par des courants qui lui sont certainement favorables. Il n’y a pas encore eu un texte quelconque signé de Bazoum Mohamed qui supprime ces postes. IL n’y a eu non plus aucune déclaration officielle de son directeur de Cabinet, du ministre-porteparole ou d’un de ses conseillers à ce propos.

Bazoum Mohamed, pour tout dire, ne va surprendre en les Nigériens. Pas agréablement en tout cas. Consolider pour avancer n’a pas plus d’assurance et de confiance que « la continuité pour un Niger meilleur ». Toujours le déni de la réalité d’un Niger poignardé dans le dos par certains de ses fils qui remporter des victoires, non pas sur l’ennemi et les défis majeurs de développement, mais plutôt sur leur peuple afin de consolider et d’avancer dans la prévarication, la destruction et la démolition. Que Dieu veille sur le Niger, mais Bazoum Mohamed est loin d’être une personne qui rassure.

BONKANO