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Activités post-conférence des cadres du président de la République : Est-il possible de sauver le “soldat” Bazoum Mohamed ?

 « Ces jeunes gens qui sont dans le terrorisme, qu’est-ce qu’ils veulent. Je les connaissais déjà à travers les fiches de renseignement. J’ai décidé de les aborder. J’ai cherché le parent biologique de chacun d’entre eux ; neuf chefs, je leur ai envoyé des émissaires ; je leur ai dit, qu’est-ce que vous faites là, à quoi ça vous sert ; ça fait longtemps que vous êtes dans ça, qu’est-ce que ça vous a rapporté ? Ça ne vous rapporte rien. Je suis allé chercher des gens à Sokoto les voir. Je leur ai envoyé des émissaires les rencontrer à Birni Kebi. J’ai parlé avec certains, j’ai rencontré d’autres. Je suis en train de leur expliquer que ce qu’ils font n’est pas bien. Neuf chefs terroristes que j’ai identifiés ; je les ai assaillis, j’ai libéré, on m’a conseillé de les libérer des prisonniers que j’ai enlevés de Koutoukalé que j’ai directement reçus au palais de la présidence de la République parce que Je cherche la paix ». Voici, de façon in extenso, ce que le Président Bazoum a dit à Mahatma Ghandi, le 25 février 2022, lors de sa conférence des cadres. La transcription intégrale de son propos s’impose, des individus, commis à cet effet ou qui se sont proposés à la tâche pour plaire, étant en train de jouer aux pompiers. Une tâche difficile, pour ne pas dire impossible, les enregistrements sonores et vidéos de la conférence de presse étant largement à portée. Il y a eu d’abord le ministre de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement, Abdoulkadri Tidjani, qui a tenté d’expliquer que plutôt le juge qui a libéré, dans les règles de l’art, et non le Président Bazoum. Comme si ce dernier n’aurait pas tous ses sens, ce 25 février lorsqu’il a clairement déclaré qu’il a fait sortir neuf terroristes de prison et qu’il les a directement reçus au palais de la présidence. Il y a eu en suite Salissou Mahamadou dit Sala Habi, qui s’est aussi essayé à la tâche, dans un total mélange de genres. D’autres sont en train de leur emboîter le pas, mais peuvent- ils convaincre ?

Le Président Bazoum Mohamed, tout comme ses conseillers et autres collaborateurs, a sans aucun doute pris la mesure de ses bourdes. Il s’agit, dans ces opérations de communication, de chercher à arrondir les angles de façon à dédouaner le chef de l’Etat et à trouver à ses propos une interprétation qui ne sied. Tout est clair. Il a non seulement, dans cet acte dont il fait la révélation, violé le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, mais il a surtout semé le doute dans l’esprit de ses compatriotes quant à ses rapports avec les individus libérés. Abdoulkadri Tidjani a perdu son temps, note un observateur qui fait remarquer que Bazoum a bien fait cas de négociations entre lui et les terroristes et ce sont bien ces pourparlers, menés grâce à des émissaires, qui ont abouti à leur libération. Pourtant, ces terroristes sont des individus qui tuent, incendient, pillent et emportent les troupeaux, rendant infréquentables des zones entières du Niger, abandonnées par les populations qui fuient vers les terres intérieures plus sécurisées.

Depuis cette révélation fracassante du Président Bazoum, les Nigériens sont dans un doute profond. Pourquoi libérer des terroristes qui sont sans foi ni loi ? Au nom de la paix, renseigne Bazoum Mohamed. Et son ministre porte-parole qui enfonce le clou en prétendant que ces terroristes ont régulièrement bénéficié d’une liberté provisoire suivant des ordonnances judiciaires en bonne et due forme. Avec quelle garantie de représentation ?

Les pompiers du Président Bazoum ont du pain sur la planche. Ils ne peuvent ni effacer les enregistrements vidéos de Bazoum en train de parler, ni empêcher aux Nigériens de soutenir que les terroristes sont visiblement plus cotés que les hommes politiques, les acteurs de la société civile et autres marabouts qui sont en prison pour avoir tenu des propos.

Ces terroristes qui, rien que le 25 février passé, ont massacré 18 personnes set incendié le camion qui les transportait sur l’axe Taroum à destination de Tizegorou, ont bénéficié de circonstances atténuantes, puis de faveurs au point d’être reçus immédiatement après leur sortie de prison au palais de la présidence. Lorsqu’on sait qu’un certain Alassane Ould Mohamed alias Chebani, terroriste dangereux, a pu s’évader en juin 2013 de la prison civile de Niamey, en plein jour, il y a de quoi s’interroger sur la libération de ces terroristes libérés et reçus à la présidence de la République.

YAOU