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Organisation du sommet UA-Zlecaf 2019 : Après la découverte d’un détournement présumé de plusieurs millions au CNPT, un audit général s’impose

C’est un truisme de dire que l’organisation par notre pays en juillet 2019 de la 33e Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) couplés au lancement de la Zone de libre-échange continental africain (Zlecaf) a englouti plusieurs centaines de milliards de francs de nos francs pour transformer le visage de la capitale et ses alentours. De nouvelles infrastructures routières, de nouveaux hôtels de haut standing ont poussé de terre, des centres de conférence et des places publics ont été aménagées ici et là dans la ville, etc., parallèlement aux travaux de rénovation des infrastructures déjà existantes, pour agrémenter le séjour de nos hôtes de 48 heures. Le volet formation de personnel dans les domaines de l’hébergement et de la restauration, de l’accueil, a aussi eu sa part de budget. L’argent a été dépensé à gogo par les organisateurs de l’événement, en l’absence de tout contrôle de l’effectivité des prestations en ce qui concerne notamment le volet formation. Devant la pression du temps, personne n’avait le temps de contrôler en ce moment. Ce qui a constitué un terreau favorable pour certains membres de l’organisation pour se faire plein la poche. Comme l’atteste ce détournement financier massif perpétré au niveau du Centre nigérien de promotion du tourisme (CNPT) décelé par la Halcia et la justice, notamment le pôle économique et financier de l’institution. L’information a été révélée par notre confrère ‘’L’Enquêteur’’ qui a suivi le procès sur l’affaire tenu le 23 février dernier dans la salle d’audience du pôle économique et financier.

De quoi s’agit-il ?

Selon notre confrère, le CNPT a bénéficié, courant 2019, d’un appui financier estimé à 400.000.000 de francs du Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle (FAFPA) pour assurer la formation de plus de 1800 agents dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme, en prélude au sommet. Aussitôt la convention de partenariat signée entre les deux structures, un premier décaissement de 320 millions de francs (80%) a été mis à la disposition du CNPT à travers son compte logé au Trésor. Pour prétendre au reliquat de la subvention (20%), la CNPT devrait déposer un rapport financier prouvant que l’argent encaissé a été bien dépensé avec des pièces justificatives en bonne et due forme. Malheureusement, plus de 3 ans après la tenue de l’événement, le rapport n’est toujours pas disponible, mettant la FAFPA dans l’embarras. Devant la forte pression du partenaire, le DG du CNPT, Souleymane Anafi, a pu réunir des pièces justificatives des dépenses effectuées relativement à la formation des 1868 hôteliers qu’il a transmises au directeur de la FAFPA. Mais vérifications faites, lesdites pièces ne correspondent qu’à de dépenses de 112,2 millions sur les 320 millions de francs virés sur le compte du CNPT. Où est passé alors le restant de l’argent ? Les investigations de la Halcia ont permis de découvrir le pot aux roses, un détournement présumé portant sur 207 millions de francs. Bien évidemment, les deux responsables mis en cause dans cette affaire de détournement sont le DG Anafi et son comptable Ali Seyni. L’établissement de fausses factures, de listes fictives de participants et de formateurs, et la surfacturation etc., ont été la stratégie déployée par les deux responsables de la CNPT pour dissiper l’argent. Devant la barre, les mis en cause n’ont pas nié les faits de détournement. Durant tout le procès, chacun d’entre eux a tenté de charger l’autre pour se sortir d’affaire, ils se sont mutuellement accusés sans aucune preuve matérielle. Les témoins appelés à la barre ont aussi raconté leurs parts de vérité, qui tendent à accabler davantage les deux prévenus. Voilà qui est pour cette affaire concernant le volet formation. Le DG de la CNPT et son comptable se sont vraiment sucrés, se disant certainement que l’affaire ne va pas éclater un jour. Au regard de ce cas grave de détournement de deniers publics, des investigations tous azimuts doivent être menées concernant les autres volets comme, par exemple, celui du transport. On se rappelle qu’à l’occasion de l’événement, certains partenaires et pays amis ont fait des dons de véhicules de luxe flambant neuf pour le transport des hôtes. Il y en avait même des minibus. Où sont passés ces moyens roulants qui doivent normalement être reversés dans le patrimoine de l’Etat après l’événement ? Pour sûr, on ne les voit plus dans la circulation à Niamey dès que les lampions du sommet se sont éteints.

Tawèye