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18 décembre 2021 : La République fête ses 63 ans sous le sceau des prisonniers politiques

En 63 ans, la République a connu des hauts et des bas, des lignes droites et des sinuosités, la lumière, l’ombre et peut-être le clair-obscur. Suivant les régimes et les personnalités qui président aux destinées du pays, le Niger a vogué aux grés des humeurs et des desseins des hommes du moment. Mais, jamais, dans cette histoire de plus de six décennies, le Niger n’a connu une période aussi sombre. Une période près de 11 ans, aujourd’hui, faite de privations diverses, d’injustice et de coercition, de rupture d’égalité des citoyens devant la loi, de corruption et de détournements massifs des deniers et biens publics. Une période noire en matière de déni de droits constitutionnels des citoyens qui a été inaugurée et entretenue par l’ancien président, Issoufou Mahamadou, et qui semble faire le bonheur de son successeur, Bazoum Mohamed.

La 63e fête anniversaire de la République, synonyme de liberté, de justice et d’égalité des citoyens, notamment devant la loi, se fera, comme il est de coutume depuis huit ans, sous le sceau d’une justice à double vitesse et le déni de la liberté de manifestation citoyenne. Le 5, puis le 12 décembre, deux projets de manifestation publique, à l’initiative de TLP-Niger, ont été étouffés dans l’œuf. Et comme toujours depuis si longtemps, c’est par le biais de décisions judiciaires contraires aux dispositions de la Constitution qui consacre le droit à la manifestation.

Le Président Bazoum a maintes fois confié son intention de se débarrasser de ce dossier encombrant, mais il n’a pas encore franchi le rubicond.

Face à la justice, les Nigériens ne sont pas égaux et le constatent pratiquement au quotidien. Les uns sont embastillés pour moins que rien tandis que les autres sont royalement ignorés et exemptés de reddition de comptes au nom, essentiellement, de leur appartenance politique. Récemment, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’homme, TLP-Niger a cru bon devoir entreprendre une caravane de sensibilisation à travers Niamey. Une initiative qui s’est mal terminée pour l’organisation de la société civile, la police ayant interpellé certains de ses membres.

Outre le déni de manifestation et la rupture d’égalité des Nigériens devant la loi, la République fête ses 63 ans avec des prisonniers politiques. Des leaders politiques, mais aussi des acteurs de la société civile, au nom de déclarations jugées sources de troubles à l’ordre public et/ou atteinte à la cohésion nationale. Selon des sources politiques diverses, le Président Bazoum a maintes fois confié son intention de se débarrasser de ce dossier encombrant, mais il n’a pas encore franchi le rubicond. D’autres voix indiquent toutefois qu’il n’a aucune intention de mettre un terme à cette pratique qui en le dérange nullement. La preuve, avancent-ils, la plupart des détenus politiques actuels ont été arrêtés alors qu’il est à la tête de l’Etat. En fin de compte, on ne sait plus qui croire. Quoi qu’il en soit, il y a des prisonniers politiques au Niger, dans l’insouciance de la communauté internationale. Même la Cedeao, prompte à intervenir pour défendre des questions de principe que plus personne ne comprend, garde un silence de cimetière sur le sujet.

Pour le moment, le Président Bazoum ne connaît pas encore de journalistes emprisonnés à son actif.

S’il a fait preuve d’humanisme vis-à-vis des prisonniers politiques comme son prédécesseur ne l’a pas été, Bazoum Mohamed est toutefois dans l’embarras, ne pouvant justifier le maintien en prison d’hommes politiques et d’acteurs de la société civile. Pour le moment, il ne connaît pas encore de journalistes emprisonnés à son actif. Cependant, la situation que vit la presse actuellement ne présage de rien pour les jours et semaines à venir.Le secrétaire aux droits de l’homme des Nations Unies qui vient de séjourner au Niger en aura pour son compte. Si l’opposition lui a forcément parlé de prisonniers politiques, le gouvernement va lui présenter les mêmes cas sous le couvert de délits de droit commun. Et comme le gouvernement, sous les tropiques, bénéficient toujours du bénéfice du doute auprès de la communauté internationale, il y a de fortes chances que Bazoum Mohamed, lui aussi, s’accommode fort bien de détenus politiques dans les prisons nigériennes.

 A.S