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Visite conjointe des ministres de l’Intérieur et de l’Action humanitaire et les responsables du SNU dans le Nord de Tahoua : La situation évaluée, des réponses sécuritaires et humanitaires adéquates promises

Le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, M. Hamadou Adamou Souley et celui en charge de l’Action Humanitaire, M. Laouan Magagi ont effectué, du 24 au 27 avril 2023, une série de visites en compagnie d’une forte délégation des responsables d’organismes du Système des Nations Unies avec à leur tête la coordonnatrice résidente, Mme Louise Irène Aubin, dans les départements de Tchintabaraden, Tassara et Tillia dans la partie nord de la région de Tahoua, où campent de dizaine de milliers de réfugiés maliens et déplacés internes. La délégation est accompagnée, tout au long de cette visite, des autorités régionales et locales, parmi lesquelles le gouverneur de la région, M. Issa Moussa et le président du Conseil régional, ainsi que les responsables des services techniques.

L’afflux massif des populations et leur bétail avec, a créé une pression forte sur les infrastructures, en particulier les services sociaux de base, les ouvrages hydrauliques et les espaces de pâturage. C’est dire que cette visite conjointe intervient à un moment très difficile pour les populations des trois départements frontaliers avec le Mali et l’Algérie, qui vivent sous l’état d’urgence depuis quelques années. En effet, les violences terroristes intervenues entre la fin de l’année 2022 et le début de l’année 2023, ont fait fuir des Maliens et des Nigériens vers des villages et villes sûrs de Tchintabaraden, Tassara et Tillia.

C’est au sortir des festivités de la fête de la Concorde Nationale, dans l’après-midi de la journée du 24 avril, qu’a débuté la présente visite, avec notamment l’étape du camp de réfugiés maliens à l’Est Tchintabraden. Ils sont au total 8.839 personnes dont plus 4.000 enfants sur le site. La délégation a pu constater qu’aucun problème d’accueil ne se pose vis-à-vis des populations de cette localité. Néanmoins, ces réfugiés s’abritent dans des tentes précaires qui font craindre pour eux avec imminence la saison des pluies. Aussi, l’essentiel des besoins de base, ou plutôt le plus vital qu’est celui en eau potable nécessite des travaux d’urgences pour accroitre la capacité des infrastructures hydrauliques déjà peu suffisantes pour les habitants autochtones. Pareil en ce qui concerne le volet éducation. Dans la ville de Tchintabaraden le maire parle de 70 voire 80 élèves par classe avant même l’arrivée des réfugiés. Mais d’ores et déjà les populations locales ont fait preuve de solidarité et d’humanisme en faveur des réfugiés. C’est dans ce contexte que l’Etat, les autorités locales et les partenaires humanitaires tentent de gérer l’urgence.

Dans la même optique de s’enquérir de la situation humanitaire et sécuritaire, la délégation a mis le cap, le lendemain, sur Tassara en passant par les villages aux forages et stations de pompage pour abreuvage de bétail autour desquels se rabattent la plupart des éleveurs réfugiés-déplacés et autochtones, à savoir Tarisadat et Intamat. Là également les infrastructures sont surexploitées, a fait constater le président du Conseil régional de Tahoua dont l’institution a piloté la réalisation des ouvrages. Lors du meeting animé à cette occasion, le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation a réaffirmé l’engagement et la détermination de l’Etat à venir à bout de l’insécurité, en renforçant notamment la présence des FDS dans la zone aussi vaste qu’elle soit, tout en poursuivant les efforts de développement socio-économique. L’on note d’ailleurs la présence dans la délégation, du Haut Commandant de la Garde Nationale du Niger, du Directeur Général de la Police Nationale, du président de la Haute autorité à la consolidation de la paix, et du Commandant de la Zone de Défense N°4 (Tahoua).

Le 26 avril, la délégation ministérielle s’est rendue à une vingtaine de kms de la frontière malienne, à Iliba, en passant par Tezalite, où des milliers de têtes de petits et gros ruminants dont ceux appartenant au réfugiés et déplacés restent, en grande partie loin de leurs propriétaires mais confortés par les ouvrages pastoraux bien que limités. C’est presque le cas à Egareq, un peu à l’Ouest. Le 27 avril à Tillia, la mission est allée également au chevet des réfugiés et déplacés camptés à l’Est de la ville, avant de se rendre dans des villages abandonnés de Taksanenas (à 20km de Tillia) et Adarzigren (à 43km). Un peu plus loin, c’est la localité de Eknewene, un village situé à 50 km de la frontière malienne, à 60 km de la ville de Tillia et 30 km de Telemces. Ce point stratégique est tenu par un détachement mixte composé d’éléments des Forces armées nigériennes (FAN) et de la Garde Nationale du Niger (GNN). Sur place, la délégation gouvernementale a réconforté les soldats dans leur mission en les encourageant avec des promesses fortes d’accroitre les moyens à leur disposition.

43.000 réfugiés maliens et 79.000 déplacés internes dénombrés

Au sortir de ces visites, le ministre de l’Intérieur s’est réjoui de l’hospitalité dont, ont font montre les communautés locales en faveur des réfugiés soulignant que ces vaillantes et solidaires populations sont systématiquement les premières répondantes à la situation d’urgence et dont la collaboration serait déterminante dans la perspicacité de la riposte militaire. «Ces personnes en détresse sont, fort heureusement bien accueillies, aussi bien par les populations locales que par les autorités administratives et coutumières», a souligné le ministre Hamadou Adamou Souley, lors de la synthèse de la visite. Par rapport aux conditions de vies des réfugiés, il a estimé que «ces populations sont, quelque peu, à l’aise, grâce aux efforts du gouvernement et des partenaires habituels».

La mission a dénombré au terme des 4 journées de visite, environs 43.000 réfugiés maliens et 79.000 déplacés internes dans le Nord de la région de Tahoua. Ces personnes sont essentiellement des éleveurs. Les points d’eau ne sont pas suffisants pour le besoin des hommes et des animaux. Mais, grâce à l’intervention de l’administration, de certains partenaires et de bonnes volontés, la mission a trouvé les tensions dissipées. Un peu partout, les réfugiés ont accès aux points d’eau, ils ont accès au pâturage. Le moins qu’on puisse dire, est qu’il n’y a pas de conflit, malgré la pression sur les ouvrages et espaces. 

«Les partenaires vont se mobiliser aussi. Que ce soit sur le plan humanitaire ou sur celui d’investissement pour le développement durable», rassure la Coordonnatrice résidente du Système des Nations Unies au Niger. «Nous avons entendu à maintes reprises, le besoin d’assurer des adductions d’eau potable et des ressources qui, parfois font défaut ou encore sont insuffisantes. Nous avons vu aussi dans quelles conditions des réfugiés maliens se retrouvent… démunis, d’autres déplacés déconnectés de communautés d’origine. L’apport que l’on puisse faire c’est bien évidemment d’accompagner ces communautés à se relever», a déclaré Mme Louise Irène Aubin.

Ismaël Chékaré,(onep)Envoyé spécial

Source : http://lesahel.org/