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Tribune - Analyse et réflexion sur les mouvements populaires de libération au Mali, Burkina et le Niger : Les Mouvements du changement

L’Afrique n’est pas condamnée à la domination des puissances étrangères.

L’indépendance accordée aux États africains n’est véritablement pas une indépendance, ni une souveraineté. Et si l’indépendance est un moyen de libération, un moyen qui, entre autres objectifs, devait être porteur, de changements de structures socio-économique, juridique et politique héritées de la domination coloniale. L’indépendance sur le plan national devrait être l’expression, d’une tendance conduisant à une transformation de l’ordre économique, politique et juridique.

Aujourd’hui, l’indépendance de l’Afrique reste un mythe ; les transformations structurelles internes, sur la scène internationale, l’Afrique reste plus que jamais marginalisée et dominée.

Des décennies après, les fruits de l’indépendance n’ont toujours pas tenu les promesses de fleurs. La colonisation ou domination a changé de visage et de forme, mais elle demeure la même. Et à travers les idéologies et les institutions importées, les relations choisies ou privilégiées sur le plan politique, économique et militaire avec les puissances coloniales.

Après avoir salué l’indépendance comme une victoire et surtout après l’avoir confondue avec la libération, nous sommes revenus sur les jugements des certains panafricanistes pour constater que derrière la façade et la fiction de l’indépendance se dissimulait avec tout autre réalité, contrôlée et dominée de main de maître, notamment par les anciennes puissances coloniales.

L’insuffisance évidente du concept classique de la souveraineté de l’État transcrite par la charte des nations unies, éclate au jour. Les dirigeants de nos Etats, les puissances coloniales, pour assurer la protection de leurs intérêts, ont simplement changé de politique vers les mêmes fins. Leur stratégie consiste à déléguer certains pouvoir aux nouveaux dirigeants Africains mais tous les pouvoirs. Les moyens de libération restent entre les mains des anciennes métropoles. Le maintien des intérêts ainsi protégés se fera en rendant nécessaires de structures professionnelles, des équipements industriels, des besoins et des services qui perpétuent une dépendance à I ‘égard des pays fournisseurs (puissance coloniale)

Cette politique résulte de la vieille conception de la nécessité d’un équilibre dans les relations internationales. La rivalité suscitée par la recherche d’un équilibre de puissance, constitue une des ressources actuelles de l’impérialisme. En effet, dans la lutte entre blocs cherchant sans cesse à s’accroitre, l’un des objectifs visés est la domestication des plus faibles.

Cette politique fait profiter les puissances de larges pouvoirs d’actions structurés et organisés en système. Elle constitue pour elle, un moyen, un centre dominant à partir duquel s’exerce un pouvoir économicopolitique puissant qui vise avant tout à maintenir l’ordre international établi en leur faveur. Dans cette situation, on ne peut s’attendre à des changements significatifs dans cet ordre qui ne pensent venir de ceux à qui il profite. Ces changements doivent être le fait du périmètre constitué par la majorité des Etats, car un système qui avantage une minorité d’Etat dans le monde ne peut être considéré comme un bon système

Des siècles d’histoires nous apprennent que le développement des uns ne peut être le sous-produit du développement des autres et la croissance économique des pays nouveaux, greffée sur la croissance économique des puissances coloniales, n’est pas le développent.

Des décennies passées, certains dirigeant des pays Africains qui ont tenté d’apporter des changements au nom de la souveraineté et de la libération nationale ont été assassinés et considérés comme des rebelles et réactionnaires.

La politique extérieure des Etats africains depuis leur accession à l’Independence se caractérise par une diplomatie largement dominée par la situation générale de l’Afrique. Et, en dépit des déclarations officielles et parfois des apparences, la quasi- totalité des Etats indépendants poursuit une politique extérieure méfiante, dictée par des considérations de sécurité des régimes au pouvoir et, en outre, par la faible situation économique de ces Etats. En réalité devant les rapports de forces économiques et politiques sur la scène internationale, cette diplomatie a été orientée sur la sécurité nationale, et d’autre, sur le développement économique. Très rares aujourd’hui sont les Etats Africains pour qui ce réalisme diplomatique s’est avéré payant. Faute d’avoir réussi à dominer ses contradictions internes, l’Afrique se trouve sur le plan international aujourd’hui le continent le plus marginalisé et plus dépendant.

La fragilité de la situation héritée de la colonisation « les conflits en attente et la lutte de libération en attente de sa reconnaissance »

– Des frontières tracées en fonction des intérêts des puissances,

– Des Communautés et groupements ethniques enfermés dans des frontières intangibles,

– des gouvernements et des régimes en quête de légitimité et en proie à l’instabilité,

– une confrontation politique internationale dominée par la confrontation idéologique et géostratégie, ont convaincu les régimes et gouvernements de placer au premier rang de leur politique extérieure le problème de la sécurité de leur régime. Ces Gouvernements en réalité ont identifié la sécurité nationale à la sécurité du gouvernement au pouvoir, et la politique nationale de sécurité consiste à mettre en place tout ce qui est nécessaire pour assurer la protection du régime, « une priorité des priorités » le développement économique peut bien contribuer à renforcer cette sécurité; mais il n’est pas le moyen privilégié pour se faire. La sécurité pour le gouvernement a consisté, à tout mettre en œuvre pour assurer son contrôle absolu sur toute la vie du pays et à centraliser à son niveau toutes les décisions : ceci afin non seulement de contrôler la population, mais également de contrôler toutes les interventions extérieures susceptibles de concurrencer l’influence des autorités.

Sur le plan sous régional et régional, Il est à noter que les fermes décisions et résolutions des organisations sous régionales et régionales depuis leur création portent essentiellement sur les problèmes de la sécurité mais aussi précisément sur le maintien des intérêts des puissances coloniales et surtout dans les pays francophones.

Comment éviter que l’Afrique ne devienne un champ privilégié de l’affrontement géopolitique et géostratégique ? Comment s’assurer que les interventions étrangères dans les conflits n’entrainent la déstabilisation des pays ? Comment contenir les conflits nationaux dans des limites tolérables pour la sécurité des régimes ?

Voilà quelques questions autour desquelles les Africains devront articuler leur politique étrangère en matière de sécurité. Une décision de faire de l’Afrique un continent maitre de son destin et fort sans contracter des alliances militaires bidon avec des puissances coloniales, les accords bilatéraux de défense, et les conventions continentales tenant compte des valeurs et traditions sur les droits l’homme et droits humains. Les organisations sous régionales et régionales de l’UA, en réalité n’ont jamais été capables, pour des raisons que nous connaissons bien, de fournir un système de sécurité collective à leur population et à ses membres. Depuis les indépendances de pays Africains, les puissances étrangères sont bien intervenues militairement en Afrique, au mépris de nos organisations sous régionales et régionales qui n’ont pas pu empêcher non plus les conflits et le terrorisme.

Sans diminuer en rien le rôle et ces organisations, il faut bien reconnaitre l’importance, qu’elles auront contribué à forger et à consolider l’indépendance.

L’autre domaine dans lequel la politique étrangère de l’Afrique s’est orientée depuis l’indépendance, est la coopération économique internationale, en particulier le Commerce international.

Dans la conjoncture économique internationale présente, là également, l’Afrique est économiquement dominée et extrêmement tributaire des centres de décisions du marché international sur lesquels l’Afrique n’a aucune prise à l’exception de quelques Etats exigeants et jaloux de leur liberté,

Cette dépendance économique comporte des dimensions naturellement politiques. En effet, le pouvoir politique des Etats est fonction de leur pouvoir de décisions sur le plan économique. « La faiblesse de l’économie de nos Etats, écrit à ce propos le Président Julius Nyerere, permet souvent aux grandes puissances, d’imposer leur volonté sans mène avoir recours à leur puissance militaire ». En réalité le véritable et imminent danger pour l’indépendance de nos Etats Africains vient non pas de la puissance militaire, mais de leur puissance économique.

Pour faire face à cette domination constante, cette forme de dépendance économique de politique vis-à-vis des puissances étrangères, les Etats Africains devront préconiser des solutions libératrices du continent : l’Africanisation des peuples, la stratégie des importations de substitution et le nouvel ordre économique mondial.

Sur le plan régional ou sous régional, les résolutions de l’UA et les déclarations d’intention des gouvernements n’ont pas suffi à faire taire les masses Africaines qui demandent plus de souveraineté pour leurs Etats et faire entrer la coopération économique dans les faits.

Même les efforts des gouvernements à tenter, sur le plan national et international, de modifier les inégalités structurelles du système n’ont pas changé la volonté des masses populaires qui ne cherchent qu’à se débarrasser totalement des puissances coloniales en Afrique

Les forces du mouvement pour le changement

It est vrai, certes que le statu quo en faveur du système dit international actuel est défendu par des puissants intérêts géopolitiques et géostratégiques. Mais il n’est pas moins vrai que ce système, qui ne profite qu’à une minorité des Etats obéissant aux règles dictées par des puissances, est rejeté par la majorité qui en est exclue à cause de leur défense des intérêts en faveur de leur population. Les états Africains dans leur grande majorité appartiennent à ce dernier groupe dans lequel le système actuel cherche à s’imposer.

La défense des intérêts de l’Afrique se situe aujourd’hui par ce changement irréversible voulu par les masses populaires. Les forces progressistes appelées panafricanistes existent et se multiplient, dans leur diversité, et avec leurs faiblesses et leur détermination. Elles sont là ; elles dépassent les frontières des Etats-nations et atteignent le niveau des masses populaires, unies comme un seul homme. Aujourd’hui nous pouvons dire avec assurance que les frontières coloniales sont en train de tomber pour une Afrique des masses populaires vers les Etats unis d’Afrique. Et les forces en faveur d’un nouvel ordre mondial ont le devoir de s’organiser ; elles en ont Ie moyen et l’Afrique peut compter sur elles.

La plupart des questions qui préoccupent les populations Africaines dites Africanistes sont largement partagées et animées par les leaders du changement. La recherche des actions à entreprendre pour la souveraineté des Etats et des peuples dans la gestion des affaires intérieures et extérieures. Cette ère du changement a vu le jour au Mali, en Guinée, au Burkina et au Niger où nous assistons à un mouvement populaire sans précèdent qui exige à tout prix la souveraineté du peuple dans sa volonté de s’approprier davantage du pouvoir politique, mais également du pouvoir économique.

Un peuple déterminé à la lutte de Libération. Cette cause commune « L’Afrique aux Africains » est la suite logique des luttes qu’ont menée nos vaillants combattants lâchement assassinés. L’universalité du grand mouvement de libération au Mali, au Burkina et au Niger aujourd’hui marque le déclin de l’hégémonie occidentale de manière générale et celle de la France de manière particulière.

De l’ère de la colonisation à nos jours, l’Afrique n’a connu aucune indépendance ou souveraineté. Les dirigeants issus de l’héritage colonial et poste colonial ne font que s’enfoncer dans leur idiotie dite intellectuelle sans ignorer comment leurs prédécesseurs Bokassa, Blaise Compaoré pour ne citer que ces deux ont été traités après le service rendu à leurs maitres. On a enterré les amazones au Benin, mais elles sont de retour au Niger, au Burkina, au Mali et la marche continue. Longtemps les européens ont mis en attente leur lutte de libération sans se rendre compte que le monde doit changer qu’on accepte ou pas. L’Afrique n’est pas entrée dans l’histoire disait l’ancien Président Nicolas Sarkozy ; la vraie histoire de l’Afrique commence maintenant. L’histoire de sa liberté, de sa souveraineté, de sa marche et son développement pour les générations à venir. Unissons-nous maintenant disait le Colonel Kadhafi lors du sommet des Chefs d’états pour être forts, mais l’appel n’a pas été entendu et il conclut : ‘’un jour viendra ce moment historique’’.

La naissance du Panafricanisme (nouvelle théorie) « l’Afrique aux Africains » fait son chemin : le chemin sera certes long, mais la victoire, elle sera certaine pour le bien-être de nos peuples. Une nouvelle page de l’histoire des peuples combattants s’invite aujourd’hui au Mali, au Burkina et au Niger.

Dr Jacob HARMEU BEIDE (expert en prévention et gestion de conflits)

Source : https://www.lesahel.org