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Stop Griots : Aidez plutôt Mohamed Bazoum à gouverner en lui disant la vérité, le pays tourne en rond

On a coutume de dire chez nous qu’il n’y a pas de mauvais Roi ; il n’y a que de mauvais conseillers. C’est bien le cas d’actualiser cette maxime dans le contexte très éprouvant que vit notre pays sur tous les fronts. Depuis les dix années sans partage passées par Mahamadou Issoufou à la tête de ce pays, plusieurs nigériens, de fortes voix, se sont mués en griots potentiels pour servir le culte de la personnalité. Le caractère mégalomane de Mahamadou Issoufou a très bien entretenu cette pratique au point où, qu’il pose de bons actes ou qu’il gaffe, personne ne peut lever le petit doigt pour le ramener à la raison. Aujourd’hui, c’est autour du président Bazoum que ce culte est entretenu.

Editorialistes chevronnés ou analystes de longues heures, ils sont nombreux les confrères et autres sbires qui ne tarissent pas en éloges pour chanter la gouvernance du président Bazoum. Pour cette fin d’année, on présente le bout de gouvernance du président Bazoum comme une réussite parfaite dans presque tous les secteurs d’activités du pays. S’il vous plait, êtes-vous réellement conscients que le président Bazoum a, en quelques mois de gouvernance, posé les jalons du développement de ce pays ? Où est partie l’objectivité dans l’esprit des nigériens ? Après dix années de gouvernance, on s’aperçoit de plus en plus que l’ex président Issoufou a fait plus de mal que de biens pour ce pays. Que dire alors de ces quelques jours que le président Mohamed Bazoum vient de passer à la tête du Niger ?

Soyons tout simplement objectifs et, en disant la vérité au président Bazoum, c’est plutôt l’aider à corriger ses erreurs pour mieux gouverner ce pays. Un autre adage de chez nous dit que dire la vérité vaut mieux qu’une mauvaise prière. Ceci dit, Bazoum est en train de reconduire certains péchés commis par Issoufou et il serait bien d’attirer son attention sur cet aspect. Il s’agit notamment de cette complicité tacite entretenue autour de grands voleurs du pays. Dix années durant, l’ex président Issoufou a protégé des hommes qui ont saccagé les ressources de ce pays dans la plus grande impunité. Ceci se matérialise dans la reconduction de ces voleurs à de hauts postes de responsabilité où ils sont encore beaucoup plus intouchables. Dans tous les ministères, dans toutes les sociétés d’état, des hommes connus pour s’être amusés avec les deniers publics sont encore repris par le président Mohamed Bazoum. L’on sait du reste qu’il est fortement influencé par le président Issoufou. Cependant on était loin d’imaginer que Bazoum se laisserait mener jusque dans le choix de ses collaborateurs. De surcroît des gens ayant volé le pays au vu et au su de tout le monde. Sur ce plan, revenons à la raison pour faire comprendre à Bazoum Mohamed qu’il est en train de pécher en eaux troubles. La seconde erreur est relativement imbriquée dans la première. Il s’agit d’une promesse qu’il a faite et qui a embarqué beaucoup de nigériens derrière lui. Il s’agit de la lutte contre les délinquants économiques. En effet, les nigériens avaient été tellement frustrés par la gabegie entretenue par Issoufou qu’ils se sont levés comme un seul homme pour applaudir le président Bazoum Mohamed quand il a affiché sa volonté de réparer ce tort fait à la nation. Surtout que très vite, la mise à nue du dossier Ibou Karadjé a donné des signaux forts sur ce plan. Malheureusement, là aussi, Bazoum s’est très vite rétracté. Parmi les grands noms qui avaient été annoncé dans certains dossiers, absolument aucun n’a été inquiété. La bombe attendue et souhaitée par les nigériens pour être pédagogique n’a absolument pas suivi. Ici aussi disons la vérité au président Mohamed Bazoum. Qu’il sache qu’en abandonnant ce chantier de lutte contre les délinquants économiques de l’ère Issoufou, il perd dans le même temps la confiance des centaines de milliers de nigériens. Sur ce plan, c’est véritablement raté et n’ayons pas peur de le lui dire ; qu’il se reprenne ou pas, dans tous les cas nous lui aurons servi la vérité telle qu’elle est appréhendée par le peuple.

Un autre domaine où le président Bazoum a lamentablement échoué est le choix des hommes. Franchement, là aussi, les nigériens n’ont jamais imaginé que le président Bazoum choisirai ses collaborateurs sur la base du népotisme perpétré et entretenu par Issoufou Mahamadou. Au fait, depuis qu’un président de la République a fait comprendre que «Qui a jamais nommé quelqu’un qu’il ne connait pas ?», le népotisme a été comme légalisé au Niger. Le président Issoufou n’est jamais sorti de son cercle étriqué et familial pour nommer à des postes de responsabilité. Il a certes donné quelques strapontins à ses partis alliés. Cependant, l’essentiel des postes juteux ont été partagé entre parents, amis et connaissances au grand dam de toute notion de compétence. C’était ainsi que de piètres individus ont régné à des postes de responsabilité où ils se sont cramponnés durant dix années. Au lieu de corriger cette grossière erreur, le président Bazoum a reconduit les mêmes pratiques. Avec l’influence quasitotale de l’ex président Issoufou Mahamadou dans ce domaine, seule les gens du PNDS trônent aujourd’hui à la tête de services et autres institutions de l’Etat. C’est à se demander si réellement les gens ont conscience qu’il s’agit d’une véritable violation des dispositions constitutionnelles ? Cette pratique n’est rien d’autre que de l’exclusion politique car, beaucoup de cadres compétents qui se trouvent éloignés des postes de responsabilités au détriment de piètres affabulateurs promus par le jeu de la politique politicienne Et, c’est avec de telles pratiques que des zélateurs présentent la gouvernance de Bazoum comme un exemple de démocratie. Cela ne surprend nullement du moment où, malgré les ratés enregistrés sous Issoufou, son règne a été consacré comme une académie démocratique. C’est le lieu d’attirer l’attention du président Mohamed Bazoum en lui faisant comprendre que sa démocratie n’a rien à avoir de positif. Il se doit d’abandonner cette pratique qui consacre l’exclusion politique et qui ternit sa démocratie.

Enfin l’autre grand raté dans la gouvernance de Bazoum est cette propension à se laisser traîner comme une chèvre par l’ex président Issoufou et ses sbires. Combien de contradictions le président Bazoum a-t-il servies quant à ses propres convictions ? Tout récemment, c’est avec une gêne non masquée qu’il est sorti en pleine contradiction avec ses idéaux, louant la présence des troupes françaises au Niger. C’est un chant en faveur de l’impérialisme, une option que jamais les nigériens n’ont imaginé qu’il embrasserait. De ce côté, Bazoum a profondément déçu le peuple nigérien et on se doit de le lui dire. Somme toute, en attendant que les sbires et autres griots se débarrassent de leur discours caressant, nous osons espérer que le président Mohamed Bazoum luimême prenne conscience des ratés inhérents à sa gouvernance. Les conseillers de mauvais augure prolifèrent et il faut s’en méfier.

Kaillo