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Six mois après la prestation de serment de Mohamed Bazoum : Issoufou toujours accroché au pouvoir

Le samedi 2 octobre, cela faisait six mois jour pour jour que Mohamed Bazoum a été investi comme nouveau Président de la République du Niger, succédant ainsi à Issoufou Mahamadou qui venait de boucler ses deux mandats constitutionnels. Cependant et même si le monde entier a salué son «courage» de s’en aller sans chercher à triturer la Constitution, l’ancien Président reste toujours accroché au pouvoir.

Tous les Nigériens et même les observateurs étrangers attentifs à ce qui se passe au Niger sont unanimes sur le fait que de la prestation de serment de Mohamed Bazoum à ce jour, l’ancien Président Issoufou Mahamadou n’a pas véritablement quitté le pouvoir. Contrairement aux autres anciens Présidents qui circulent presque seuls et vivent dans des maisons privées, lui est escorté par un imposant dispositif de sécurité et réside dans une résidence publique ellemême très sécurisée. A tort ou à raison, certains analystes estiment que l’ancien Président influence même certaines décisions de son successeur, notamment dans les nominations où certaines personnalités jugées proches de lui sont soient maintenues soit promues à des fonctions stratégiques. Les Nigériens qui ont applaudi les premiers discours de Mohamed Bazoum commencent à se rendre compte que l’homme n’a plus la même vivacité qu’il avait avant quand, à chacune de ses sorties, il exposait les différents maux dont souffre le Niger et promettait de les traiter sans faiblesse. Avec les dernières nominations opérées aux postes de gouverneurs des régions et d’ambassadeurs, les Nigériens ont eu le sentiment que l’ombre de l’ancien Président Issoufou Mahamadou continue de planer sur le pouvoir de Mohamed Bazoum. Si la tendance actuelle se maintient, il sera difficile, sinon même impossible, pour le nouveau Président de mettre en oeuvre les engagements qu’il a pris devant Dieu et devant les Nigériens le 2 avril dernier quand il prêtait serment avec la main droite posée sur le Saint Coran. L’un de ces engagements est la lutte contre la corruption et l’impunité quand il déclarait : «…Le deuxième grand problème de notre gouvernance réside dans la prévalence de pratiques de concussion et de corruption au sein de l’administration La corruption prend diverses formes: pots-de-vin, surfacturations, dépenses inopportunes, commandes fictives, commandes partiellement livrées, etc. De telles pratiques ont cours malgré tous les dispositifs administratifs et juridiques mis en place pour les prévenir et les punir...». Et Mohamed Bazoum, la voix pleine d’émotion, de poursuivre en ces termes : «C’est pourquoi la meilleure façon de lutter contre la corruption est de sévir contre ceux qui s’en rendent coupables. Mon credo sera de miser principalement sur la pédagogie de l’exemple en ne tolérant d’aucune façon le principe de l’impunité. Ainsi, Je serai implacable contre les délinquants parce que j’ai conscience du tort que porte la corruption au développement du pays. Elle constitue par ailleurs une grave source de discrédit pour un régime et comme telle, elle est un grand facteur d’insécurité ». Pour en avoir été un acteur clé, le nouveau Président de la République est sans doute au courant de toutes les affaires de corruption et autres infractions assimilées qui ont émaillé les dix années de gouvernance de son prédécesseur. Aujourd’hui qu’il assume les fonctions de magistrat suprême il a sans doute eu accès à beaucoup d’autres dossiers auxquels il n’avait pas accès avant. C’est dire qu’à l’heure actuelle, Mohamed Bazoum doit avoir jusqu’à la liste de toutes les personnes mises en cause dans telle ou telle affaire de corruption. Toute la question est de savoir quand est-ce qu’il pourra se libérer de la tutelle de son prédécesseur et avoir les coudées vraiment franches pour mener son combat contre la corruption et l’impunité.

AI