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Réunion du Comité de l’International Socialiste PNDS : Où est le socialisme ?

 Il y a quelques jours, le 16 juin 2023 pour être plus précis, se tenaient à Niamey les assises de la rencontre du Comité Afrique de l’International Socialiste. L’événement passa presque inaperçu car, contrairement à ce que l’on a l’habitude de voir chaque fois que les socialistes ont à organiser un événement, il n’eut que très peu de tapage sur la tenue de cette rencontre politique. Pourquoi, le PNDS choisissait de tenir cette réunion presque dans la discrétion, ne pouvant plus aller dans cette activité politique avec les mêmes ostentations ? Peut-être sont-ils inquiets par les sujets dont devra débattre la réunion à savoir le thème central de la rencontre de Niamey, qu’ils n’assistent à un grand déballage sur leur gestion de la démocratie : « Consolider la démocratie et renforcer les capacités des Etats dans la région africaine ». Comment peut-on consolider une démocratie qui n’existe pas ? Le comité Afrique de l’International Socialiste peut-il franchement parler de démocratie – la vraie – sans offusquer les socialistes qui le reçoivent au Niger ? Peut-il ne pas savoir le dévoiement de la démocratie dans le pays depuis qu’Issoufou arrivait au pouvoir, manigançant une alternance qui n’en est pas une, juste pour tromper une communauté internationale dont le régime avait besoin des flatteries même hypocrites pour se pavaner dans le monde comme un modèle de succès démocratique ? Malheureusement pour celui-là car, même avec le fameux Prix Mo marchandé pour s’auréoler d’une couronne de pacotille, l’on a vu que, si ce n’est pour une France qui a créé le fantôme démocratique qu’elle célèbre dans le pays, personne ne croit au fait que la démocratie au Niger, depuis que le PNDS arrivait au pouvoir, serait un modèle pour le continent. C’est le PNDS, peu confiant en lui-même, qui organisait les pires élections qu’on n’ait jamais eues dans le pays ? L’Internationale Socialiste ne peut donc pas venir faire l’éloge d’une démocratie qui n’en est pas une. De quelle démocratie vient-on parler au Niger ?

D’ailleurs, quel état de la démocratie les socialistes nigériens peuvent-ils présenter à leurs frères socialistes d’Afrique surtout quand il leur revient de rédiger le rapport à leur présenter ? Quel crédit peut avoir un tel document pour donner une réelle radioscopie de la démocratie nigérienne ? On apprend en effet que la réunion devra examiner les différents rapports des partis membres sur les situations nationales dans leurs pays respectifs et les contributions sur le thème général de la rencontre. Pour les Nigériens, tout ce que dira le rapport, surtout quand on sait que c’est un Foumakoye Gado qui devra conduire la réflexion, ne rapportera rien de vrai sur l’état de la santé de notre démocratie. Comme le PNDS l’a déjà fait, mettant en avant une alternance qu’il aurait réussie pour justifier que la démocratie dans le pays se porte mieux, l’on devra lire dans un tel document des contre-vérités sur une démocratie que les camarades ont pourtant malmenée et détruite depuis qu’ils arrivaient au pouvoir en avril 2011. Le PNDS du Niger ne peut donc rien apporter comme idées nouvelles qui promeuvent les valeurs de démocratie. Si le PNDS n’a pas donné beaucoup de visibilité sur l’événement, c’est sans doute dans l’appréhension que des Nigériens, notamment la société civile et les journalistes, ne viennent pas contrarier en face de ses hôtes, la réalité trafiquée qu’ils leur servent pour parler de la démocratie dans le pays. D’ailleurs, quand le président du comité Afrique, Dr. Bokary Treta, dit dans son discours d’ouverture que le « Niger, sous la conduite du PNDS-Tarraya, et singulièrement des présidents Issoufou Mahamadou et Mohamed Bazoum, constitue pour [eux] désormais un modèle, une école et une référence », on se rend compte que dans la même veine de la France, l’Internationale Socialiste venait promouvoir le même mensonge sur la démocratie nigérienne. Pire, de la même façon que le PNDS ne sait pas faire de la démocratie, l’on se rend compte qu’il ne sait non plus faire du socialisme qui ne lui sert que de vernis pour se couvrir de couleur parodiée, travestie, délavée, s’habillant d’un rose terni. Aussi, suffitil de savoir condamner des coups d’Etat, plus parce qu’on en a peur, conscient justement de sa mauvaise gouvernance, que par la foi que l’on peut avoir en la démocratie et en ses valeurs, pour faire croire qu’on est un bon démocrate ? Lorsque les socialistes nigériens, très prompts à condamner l’irruption des soldats dans l’arène politique, se dressent contre les transitions militaires que l’on a autour de nous, l’on sait que c’est pour d’une part faire plaisir à leurs partenaires extérieurs qui les présentent au monde comme des modèles et d’autres part pour prendre des garde-fous qui les préservent de coups de force qu’ils redoutent tant et ce parce qu’ils ont conscience de ne pas gouverner dans la droiture et dans la justice. En vérité, ils ont plus peur pour euxmêmes que pour la démocratie et ceux qui, comme eux, à l’image de Condé, d’IBK, gèrent mal et en sont victimes. Quel leadership peut prétendre le président du comité Afrique que le Niger ait acquis, quand, souvent dans certaines médiations dans la sous-région, l’ancien président Issoufou, désigné pour conduire des médiations, est récusé comme médiateur ? Depuis quand ne peut-il plus parler du Burkina Faso dont le dossier lui a été confié ? Aussi, quand il parle de gouvernance économique, peut-il n’avoir jamais entendu parler des scandales et crimes économiques que l’on dénonçait sous Issoufou ?

Un socialisme trahi

En vérité, le PNDS ne fait pas du socialisme. Il se sert juste des beautés d’une idéologie pour se donner une identité politique afin d’escroquer les consciences autour des valeurs du socialisme, mais tout en sachant qu’il ne fera pas de socialisme parce qu’il n’y a jamais cru. Comment croire que ces hommes sont venus promouvoir un socialisme dans le pays quand, par leurs choix politiques iniques, ils ont plutôt réussi à paupériser les populations, à cultiver la misère sociale, à promouvoir le culte de la personnalité, oubliant leurs modestes origines, à détruire le socle de la cohésion sociale si chère à ceux qui ont dirigé le pays avant eux ? Où est le socialisme quand des hommes et des femmes, souvent avec leurs enfants, ont passé tout le temps à s’enrichir, ramassant par un certain gangstérisme politique de nombreux milliards, spoliant l’Etat ? Comment ces hommes sans humilité peuvent-ils être des socialistes ? Vantards à toiser Dieu, ils oubliaient qu’ils ne sont que de terribles mortels. Ils pouvaient même dessiner leur règne sur plus de trois décennies !

Au Niger, il y a un PNDS-Tarraya, mais il n’y a pas de socialisme. Il serait sans doute faux de dire qu’il n’y a pas de socialistes au PNDS mais tel que le parti a géré le pays, volant et pillant, détruisant la démocratie et toutes les valeurs cultivées jusqu’ici, l’on ne peut croire que ce parti, dans sa gouvernance ait pu promouvoir les valeurs portées par le socialisme.

Le PNDS est d’une hybridité choquante qui brouille son identité politique. Il n’est ni l’un ni l’autre. Politiquement.

Mairiga