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Reprise d’une épreuve au bac D 2023 : La mesure est-elle insuffisante ?

La renaissance est ce régime sous lequel les Nigériens devront voir tout, y compris l’impensable. On a connu de nouvelles sessions du bac mais jamais, la reprise, après qu’une session se soit terminée, d’une preuve, et notamment d’une seule épreuve. Quelle pertinence peut avoir cette mesure prise en conseil des ministres, mal pensée et pour régler quel problème ? Pourtant, ceux qui ont en charge la gestion de l’examen du baccalauréat, semblent avoir été avisés des problèmes décelés dans l’épreuve de mathématique, les professeurs de la discipline, sur les réseaux sociaux, qui regroupent la corporation, y avaient prolongé les débats, se plaignant d’un sujet qui ne serait pas le produit d’un technicien, un enseignant des classes de terminale. Mais, vraisemblablement, personne n’a voulu les écouter et l’on a laissé l’examen se dérouler, sacrifiant ainsi l’avenir d’enfants qui ne peuvent savoir où aller se plaindre notamment quand leur structure, l’USN en l’occurrence, ne sait plus se préoccuper du sort des scolaires. Fautil dès lors croire que, pour le bac, un diplôme aussi précieux, l’on ne prend plus la précaution d’avoir des sujets de rechange pour pallier de telles situations qui peuvent se présenter ? Peut-on également savoir si ce sont les copinages qui sont entrés en jeu, pour laisser un « ami », pour des broutilles attachées aux choix des sujets, proposer un sujet qu’on préfère, sans le soumettre à quelques expertises afin de s’assurer que l’épreuve proposée questionne sur le programme enseigné ? Tout, y compris le choix des correcteurs, estil devenu pour le bac une histoire d’affaires et de business ? Il y a de l’ombre sur l’organisation du bac depuis quelques années et cela porte le discrédit sur notre bac ! Faiton franchement le choix de la qualité et de la rigueur ?

Les Nigériens étaient surpris d’apprendre, à l’issue du dernier conseil des ministres, la décision du gouvernement de reprendre l’épreuve incriminée de mathématique, estimant que par une telle précaution, le tort causé serait réglé. Faut-il, dès lors, croire que les admis ne sont plus des admis ? Ou bien faut-il comprendre que la reprise de l’épreuve de mathématique ne va concerner que ceux qui ont échoué dont certains, avec la reprise de l’épreuve visée, au lieu de l’oral auquel ils sont admis à la session, pourraient, s’ils reprenaient les mathématiques, réussir à l’écrit leur examen, et même réussir avec une mention ? A-t-on pensé au tort qu’on leur aura causé ? D’ailleurs, le seul fait de reprendre l’unique épreuve de mathématiques, corrige-t-il pour autant le tort qui a été fait aux enfants ? Peut-on ne pas comprendre que des élèves de série D ne misent que sur les matières scientifiques et que, déroutés par un sujet auquel ils ne comprennent rien, ils pourraient sombrer dans le stress pour ne plus aborder avec confiance les autres épreuves, voyant déjà par leurs appréhensions, leur échec inévitable ? Dès lors, la seule reprise des mathématiques peut-elle régler le problème et comment ? C’est peut-être, pendant que l’examen se déroulait qu’il fallait annuler l’épreuve de maths pour remplacer automatiquement les copies de l’épreuve que l’on a jugée non conforme au programme de terminale.

Le ministre avocat, vient expliquer la faute et répondre à nos questions

On apprend du ministre que la reprise concerne tous les candidats, admis ou non, tant qu’ils le voudraient. Mais, les Nigériens, en vérité, ne sont que très déçus, de la sortie hasardeuse du Ministre de l’Enseignement Supérieur, PhD. Mamoudou Djibo, qui se réduit, à l’occasion de cette communication, à un terrible avocat qui vient défendre l’indéfendable, sa parole n’ayant aucune chance d’être entendue. Estil accusé pour venir expliquer ? Pourquoi le Directeur de l’OBECS ne vient pas lui-même s’expliquer ? Pourquoi veut-on le protéger, le défendre ? Comment peut-il faire croire que la faute est excusable parce que, en dernier ressort, puisqu’on ne fait plus confiance à personne dans le pays, le choix du sujet revient à la seule discrétion du directeur de l’OBECS ? Serions-nous dans un pays où on ne fait confiance à personne pour que le chef du service du bac, seul, ait la discrétion des sujets et qu’on ne peut avoir confiance à aucun spécialiste pour vérifier la teneur d’une épreuve avant qu’elle ne soit mise sur table ? Pourquoi, quand certains ont décelé le problème, l’on n’a pas voulu donner suite à leurs remarques, et ce sachant qu’on n’est pas spécialiste de la matière même si, semble-t-il, avant de devenir philosophe, l’homme venait d’une série scientifique ? Pourquoi, malgré tout, l’on s’est entêté à faire passer cette épreuve, faisant fi des observations qu’on donnait ? Le seul fait que le directeur de l’OBECS soit philosophe, non un mathématicien, ne peut l’excuser car c’est justement cela qui doit l’obliger à écouter les conseils des spécialistes, sinon à s’entourer de quelques uns pour éviter au pays et à ses enfants ce qu’on vient de leur faire vivre pour la première fois dans l’histoire du bac : la reprise d’une seule matière. Les propos du Ministre qui viennent défendre son directeur le condamnent plus qu’ils ne le disculpent. Et les Nigériens attendent plus qu’une reprise, une sanction !

D’ailleurs, comment peut-on comprendre, quand on dit que l’acte est très grave, que le gouvernement se contente seulement d’un exercice de remplacement, sans qu’il n’annonce des sanctions ? Est-il normal qu’on continue, si tant est qu’on veut redresser notre école, de tolérer de telles pratiques sans jamais demander des comptes à ceux qui peuvent faillir dans l’accomplissement de leurs responsabilités ? Pour beaucoup de Nigériens, la responsabilité du directeur de l’OBECS est entièrement engagée dans cette épreuve qu’on vient d’infliger aux élèves nigériens et que son ministre veut minimiser. N’est-on pas en train de saboter le mandat de Bazoum ?

Un nomade politique , connu pour être proche du directeur de cabinet du Premier ministre et ancien ministre de la Fonction publique pris la main dans le sac courant 2016 dans le cadre du concours de recrutement au titre du ministere de la Santé , le Directeur de l’OBECS, jouerait-il, lui aussi, au sabotage ? Il a beau être philosophe, l’ont sait qu’il ne peut avoir les compétences nécessaires pour décider seul de la pertinence de tous les sujets et l’on sait, quand même partageant la même discipline, qu’il est plus proche du clan Issoufou que du Président-philosophe. Aussi, ne peut-on pas comprendre qu’il manque de professionnalisme dans la gestion de l’organisation du bac qui l’a conduit à laisser passer une telle faute impardonnable ? Ne serait- ce qu’en imposant au gouvernement l’organisation d’une épreuve complémentaire qui vient corriger celle ayant causé la catastrophe au bac, l’OBECS induit des charges nouvelles pour un Etat en manque d’argent. C’est pourquoi, quand le gouvernement lui-même note que c’est grave, l’on ne peut pas comprendre qu’il se contente de reprendre la seule épreuve de mathématiques pour croire qu’il résout le problème et une injustice.

On aura compris que les textes ne sont plus appliqués et que des gens ont fait d’un examen aussi important, arraché à l’université, leur affaire et sans doute aussi leur fonds de commerce. Qui ne se rappelle pas le temps où Mme. Jackou organisait le baccalauréat ? Après une correspondance par laquelle elle demande à chaque établissement dans le pays de lui transmettre par matière les différents enseignants qui tiennent les terminales, elle envoie des lettres à des enseignants ciblés à qui elle demande sous pli fermé, dans le secret de l’administration, de proposer au service des examens du bac (SEB) des sujets pour le bac. L’enseignant qui est saisi pour ce travail, en plus d’être honoré et valorisé dans son travail, se sent ainsi reconnu. Il remet dans les délais, dans une enveloppe fermée, sa proposition à son directeur (proviseur) qui la transmet sans rien soupçonner de ce que son enseignant a transmis en réponse à la correspondance du SEB qui, par son organisation interne qui oblige à la discrétion, trie les différents sujets pour en choisir pour l’examen avec toujours des sujets de rechange. On imagine à l’époque la quantité de sujets que peut avoir à archiver le SEB. Aussi, l’on sait que lorsque les épreuves vont démarrer, elle reste à l’écoute des différents centres créés à travers le pays pour que, au fur et à mesure, l’on lui signale les anomalies constatées dans les épreuves distribuées pour rapidement, sous le conseil avisés des techniciens, apporter une solution qu’elle partage avec tous les présidents de jury. Mais ça, c’est depuis la belle époque.

On ne peut pas avoir la qualité sans sanctionner…

Il faut que, pour cette faute, des gens paient et en première ligne, disent beaucoup de Nigériens, le directeur de l’OBECS. S’il est vrai que l’on peut saluer chez lui, l’initiative de la digitalisation de la plateforme dédiée à l’organisation du bac pour rendre faciles les inscriptions et accessibles les résultats même à partir d’un smartphone, il reste que la gestion scandaleuse des épreuves à soumettre aux candidats reste un sujet avec lequel l’on ne saurait blaguer. Il faut donc laisser aux techniciens la gestion de ce qui leur revient de droit, qu’il s’agisse de la proposition des sujets ou de la surveillance et de la correction des copies. Le sectarisme et le copinage, dans un examen qui se veut national, ne peuvent être tolérés car on n’organise pas un examen pour faire plaisir à des proches ou pour leur donner à en profiter. On attend des résultats et pour avoir les meilleurs il faut que, dans toute la chaine, le travail se fasse avec ceux qui en ont l’expertise.

Sur ce dossier grave, ainsi que le reconnait le gouvernement, il faut encore attendre d’autres gestes qui satisfassent les Nigériens et pouvoir convaincre qu’on a pris les bonnes mesures. Déjà, à la session passée, il y a eu quelques bisbilles qu’on a vite étouffées, des scandales qui ont agité certains milieux enseignants, notamment dans le choix des correcteurs. On ne peut donc pas continuer à avoir des problèmes avec les mêmes hommes. Pour le pays et son école, nul n’est indispensable.

Il faut donc aller au-delà d’une reprise d’épreuve.

Mairiga