Skip to main content

Renaissance acte III : De la continuité à la rupture ?

Un extrait de la dernière interview donnée par le président de la République à la BBC sonne comme une rupture. Le premier mandat du président Bazoum Mohamed était présenté comme une continuité des deux de Mahamadou Issoufou. Même le slogan de campagne était ‘’ consolider et avancer’’. Et c’est tout naturellement qu’à la suite des deux mandats de Issoufou, celui de Bazoum fut intitulé la renaissance acte trois. Pour ce troisième épisode de la gouvernance PNDS ?

Le président Bazoum a pris l’engagement de mener une lutte implacable contre les détournements, la corruption. Il a clairement dit que ni l’appartenance à un parti politique, ni la filiation ne pourront sauver les éventuels délinquants. Mais à l’épreuve de faits, la situation est beaucoup plus compliquée que prévue. La situation du Niger étant très sérieuse, la lutte contre le terrorisme semble avoir du plomb dans l’aile.

La majorité de ceux qui pourraient âtre suspectés dans les malversations sont du PNDS. Normal. Ils sont aux affaires depuis plus d’une décennie. Et c’est tout naturellement, devant probablement les difficultés qu’il éprouve dans la lutte contre la corruption, que le président Bazoum n’a manifestement aucun choix que de mettre le doigt là où il fait mal. Dans sa dernière interview, en langue natio nationale, sur la BBC, il a parlé sans langue de bois. Ses propos ne sont pas susceptibles d’interprétation. Tout est clair et limpide. On peut penser que c’est calculé. Mais on lui connait sa franchise. Il a dit que si l’on prenait cinquante présumés délinquants financiers, quarante seront du PNDS. De quoi frustrer, froisser beaucoup de ses camarades. On trouvera parmi eux de très susceptibles qui se sentiront visés, trahis et qui ne manqueront l’envie d’en découdre. On pourrait penser que l’on tend vers la rupture. Cependant, il serait risqué d’en être sûr. Les animateurs du PNDS ont tellement de cadavres dans les placards qu’ils regarderont à deux fois pour ouvrir des hostilités. Ce serait un suicide collectif, un harakiri. Dans ces conditions, il est évident qu’il y aura des rencontres, des palabres, des conciliations. On cherchera à recoller les morceaux. Toutes les parties se souviendront de ce qu’elles ont fait ensemble. De bon ou de mauvais. Surtout ce qui est susceptible de rattraper chacun d’eux. Ils ont un destin lié. Des concessions de part et d’autre permettront d’éviter l’implosion.

Ou peut-être retardé l’échéance. D’autant que, dans la même interview, le président Bazoum a dit autre chose. Notamment que ce n’est pas au cours des deux années de sa gouvernance que certaines personnes sont devenues riches. Cela va de soi que c’était au cours des deux du camarade Issoufou. L’allusion est claire. Cela risque de ne pas plaire. Surtout en ce moment, avec les révélations sur l’affaire Uraniumgate. C’est par une lettre confidentielle que le journal Africa Intelligence révélait que le président Issoufou ferait partie des bénéficiaires de rétro commissions. Cela aurait eu effet d’amener la réaction de l’ancien président Issoufou Mahamadou. Ses avocats auraient déposé une plainte pour diffamation contre le journal. Et si son camarade de toujours et actuel président tient de tels propos…
Modibo