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Qui est la communauté internationale ?

Le Secrétaire au Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme est, paraît-il, dans nos murs, depuis quelque temps. Son agenda, particulièrement chargé, le mène à tous vents. Il rencontre tous les acteurs, les écoute, pose des questions et puis…va sans doute produire un rapport. À quelle fin ? On l’ignore. Mais on imagine que c’est pour la forme. La mission n’aura aucune espèce d’incidence sur le cours des choses. Les autorités nigériennes continueront encore, aussi longtemps qu’elles seront au pouvoir, de violer les lois et règlements, d’exceller dans les arrestations arbitraires, la rupture d’égalité des Nigériens devant la loi, les détournements des milliards sans jamais rendre compte, etc.

Comme toutes les missions de ce genre, ce n’est pas la peine de se donner de la peine à rapporter la réalité que vivent les Nigériens depuis presque 11 ans. On a vu toutes celles qui ont été menées auparavant. Les grands commis qui viennent vont en priorité obéir au principe du politiquement correct et ce politiquement correct, c’est justement de faire l’aveugle et le sourd-muet face à tout ce qui provient de l’opposition, des organisations de la société civile, bref, par rapport à tout ce qui n’est pas gouvernemental. On vous fera, certes, le respect de vous rencontrer et de vous écouter, peut-être même de vous donner la nette impression d’être particulièrement d’accord avec vous sur les sujets évoqués. Et puis, c’est la déception totale. On a même vu des missions dans lesquelles le commis envoyé rencontre au préalable les autorités et cale les fréquences avec elles avant de se lancer dans une sorte de simulacre. C’est le cas lors des élections où des institutions telles que la CEDEAO et l’Union africaine viennent, rencontrent les parties prenantes, écoutent, posent des questions et lorsqu’elles vous quittent, vous donnent l’impression d’être préoccupées par la vérité, le juste et la légalité. Mais au fond, on constate qu’elles sont là pour faire du théâtre, se donner bonne conscience et prétendant avoir effectué des missions de médiation. Et même lorsque les conventions ratifiées par le pays sont en souffrance, ce n’est pas un problème tant que ça vient de ceux qui sont au pouvoir.

Ces missions-là, on connaît. Elles ne servent pas à grand-chose à un pays. Ni sur le plan démocratique ni en ce qui concerne l’Etat de droit, quotidiennement bafoués dans l’indifférence de la communauté internationale. L’exemple le plus éloquent vient certainement de chez nous. Issoufou Mahamadou n’a-t-il pas été le plus récent récipiendaire du Prix Mo Ibrahim ?

Il faut savoir raison garder. Qui est la communauté internationale ? Quels sont, du moins, les pays qui décident au nom de la communauté internationale, orientent ses actions et inspirent ses prises de position ? Ces pays, ce sont les mêmes qui, entre autres exemples, ont installé des bases militaires illégales au Niger. Ces pays, ce sont les mêmes qui sont derrière le fameux prix Mo Ibrahim décerné à Issoufou Mahamadou. Ce sont les mêmes qui ont tiré, à balles réelles, sur les populations nigériennes à Téra, tué deux des manifestants et blessé 18 autres, dont 11, grièvement. Ce sont les mêmes qui chantent les louanges de ceux qui s’illustrent scandaleusement dans la corruption, les détournements des deniers publics, les hold-up électoraux, les violations des lois et règlements, etc. C’est dire que c’est bonnet blanc, blanc bonnet.

Dans notre environnement sous régional, n’est-ce pas la CEDEAO et l’Union africaine qui empoisonnent généralement la démocratie et de l’État de droit dans nos pays ? Incapables de se respecter et de faire respecter ses textes, elles ne sont plus que l’instrument de certaines puissances dont elle attend de connaître les positions avant de se déclarer sur des affaires et évènements qui l’intéressent au premier chef. L’assassinat, en plein cœur de N’Djamena, du Président Idriss Déby et la situation politique induite, le coup d’État au Mali visant à restaurer la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays ainsi que la situation en République centrafricaine sont autant de faits qui ont permis de relever l’inconstance et l’irresponsabilité avérées de ces deux institutions africaines. Nos États, il faut en convenir, sont pourris par la tête et ce n’est pas certainement la CEDEAO, l’Union africaine ou même les Nations Unies qui vont nous apporter la solution. Les peuples, pour ainsi dire, se déterminent par eux-mêmes.

Si le Mali devait attendre que les Nations Unies, l’Union africaine et/ou la CEDEAO qui cherche à l’étouffer au profit d’intérêts visiblement no maliens, il ne serait jamais dans la dynamique actuelle de lutte pour sa souveraineté et l’intégrité de son territoire. Les cellules dans lesquelles nous pensons être enfermés sont cadenassés de l’intérieur. C’est, donc, à nous de les ouvrir, pas à quelqu’un de le faire. C’est à ce prix que le monde extérieur nous vaudra le respect que nous recherchons.

Nous devons par conséquent considérer ces missions venues de l’extérieur comme de simples démarches de principe à honorer pour la forme. Ne fondons aucun autre espoir dans une mission de routine. Autrement, nous serons encore là sur le quai, à attendre toujours, que le dernier train arrive…mais qui n’arrivera pas.

D A