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Malaises sur le front social ? : Cdtn-gouvernement, où en est le contrat ?

Il y a quelques jours, l’ITN renouait avec la lutte sociale, notamment avec les grèves pour soutenir ses revendications et dans certains cas la mise en oeuvre de protocoles d’accord en souffrance et pour lesquels, les syndicats avaient signé des accords avec le gouvernement, souvent depuis plusieurs années. Pendant que l’ITN qui s’est désengagée de la CDTN et de ses démarches douteuses, rallumait alors le front social avec le gouvernement. Mais contre toute attente, au lieu des syndicats avec lesquels il est en conflit, c’est avec un autre, un syndicat-maison, diront les détracteurs, que le gouvernement négocie et publie un accord conclu, sorti de nulle part. Cela, pour autant ne mit pas fin au débrayage, même si déjà, l’on a l’impression que cet autre mouvement s’est essoufflé sans résultat, l’ITN ne pouvant même pas communiquer pour expliquer les raisons de sa nouvelle posture qui frise la résignation, pour ne pas dire la démission.

Mais il y a quelques jours, l’on apprenait que le Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, recevait à son cabinet une délégation de la CDTN conduite par son Secrétaire Général, Idrissa Djibrilla qui voulait lui faire part de ses préoccupations après la signature de leur accord. Et depuis, les Nigériens se posent certaines questions, ne pouvant pas comprendre ce qui agite la CDTN à initier cette rencontre avec son partenaire ami. Est-ce donc le signe d’une nouvelle brouille ?

Et ces questionnements infinis se posent :

Les premiers malaises se fontils déjà jour entre les deux complices ? La CDTN, se serait-elle rendue compte qu’elle est en train d’être roulée dans la farine après qu’elle ait, en jouant au collabo, trahi les forces ouvrières du pays, trahi son combat et une base dont elle se sert des problèmes pour marchander son confort ?

Comment ne pas poser ces questions quand on apprend que la rencontre initiée s’organisait autour de l’application du protocole d’accord du 23 janvier 2023.

La mise en oeuvre des points de l’accord piétine-t-elle ? Le gouvernement d’Ouhoumoudou Mahamadou, ne respecte-t-il pas ses engagements qu’il prenait avec la CDTN ? C’est du moins ce que l’on doit croire quand, Djibrilla Idrissa, patron de la CDTN, confie au sortir de l’entrevue avec le PM : « […] nous avons passé en revue les différents points d’accord, nous avons informé des difficultés que nous avons remarquées et fait nos recommandations dans le cadre de la mise en oeuvre du protocole d’accord». S’il faut, plusieurs semaines après la signature, faire aujourd’hui des recommandations, c’est qu’il y a des problèmes. Comment ne pas rire de cette naïveté agaçante chez le secrétaire général de la centrale qui, sans aucune preuve, de concret, se félicite « […] de la réponse donnée par le Premier ministre aux préoccupations de la confédération syndicale, préoccupations qui tournent autour du régime indemnitaire des agents de l’Etat, le paiement des incidences financières liées aux avancements, reclassements et rappels de salaires et la prise d’une Loi pour le départ à la retraite». Comment faire foi à une telle annonce quand, dans le fait, on ne peut rien voir de tout ce qu’il cite ?

Depuis quand, peuvent se souvenir les travailleurs, le gouvernement n’a plus payé d’incidences et de rappel de salaires attendus depuis des années ? Pourtant, les listes se tassent aux Finances sans qu’aucune, depuis 92, ne soit payée.

Idrissa Djibrilla, se nourrit encore d’espoir et confie : «Nous pensons qu’au vue de cette rencontre, les choses vont mieux bouger davantage parce que, faut-il le dire, dans le cadre de l’application du protocole d’accord, des efforts ont été faits de part et d’autre et cette rencontre va donner plus d’impulsion pour que les différents autres points soient mieux appliqués dans un bref délai». On ne lit dans ce qu’il dit que des mots ronronnants car pour les travailleurs, il n’y a rien de précis dans les acquis qu’il semble saluer. Mais peut-être voudra-t-il parler de cette rallonge de l’âge de la retraite qui, si elle est acceptée par nombre de travailleurs, n’est que pour expliquer la misère du travailleur nigérien qui, désespéré, pourrait croire qu’il trouvera son salut dans la prolongation des deux ans pour réussir les réalisations qu’il n’a pas pu faire en trente ans de carrière. Tandis qu’ailleurs on se bat pour réduire l’âge de la retraite, ici on se réjouit de le rallonger. «Les choses vont bouger», dit-il ? Cela voudrait dire qu’elles n’ont jamais bougé depuis ce temps ? Le grand camarade ne se rend pas compte qu’il se contredit. Alors qu’il faisait croire qu’il y a eu des avancées, voilà qu’il nous apprend, par inadvertance, que les choses pourraient enfin bouger.

On ne comprend pas, ce qui est fait de «part et d’autre» pour que les choses aillent mieux et sur lequel le secrétaire général mise pour avoir de tels espoirs que les choses aillent mieux. Le gouvernement a pris des engagements avec la centrale, en principe, celle-ci n’a rien d’autre à faire sinon que de s’attendre à ce que cet accord soit appliqué, sans ne rien exiger d’autre de la part de son partenaire si tant est qu’il est un partenaire sérieux, crédible ? Qu’a-t-elle à faire d’autre pour que «les différents autres points soient mieux appliqués dans un bref délai» ? Rien que d’attendre et attendre encore, puisque sa CDTN, depuis que le MNSD n’est plus au pouvoir a perdu sa force de coercition, et ne sait plus rien exiger sinon que d’amadouer le partenaire, de se plier aux caprices d’un partenaire qui ne sait rien accepter de ses engagements. L’on sait d’ailleurs que si quelques points avaient été appliqués, c’est souvent parce que le président Mohamed Bazoum, lui-même, en a fait son affaire. Tel est le cas pour cette histoire d’âge de la retraite qui n’est pour certains qu’un cadeau empoisonné.

Malaises…

En vérité, par cette rencontre impromptue, l’on ne peut que reconnaître la réalité de quelques malaises dans les relations incestueuses que la CDTN entretient avec le régime de la Renaissance, sacrifiant les biens matériels et moraux de ses militants sur l’autel de ses connivences douteuses avec le pouvoir en place, ce depuis 2011 qu’elle n’a plus eu de voix dans le tumulte nigérien, ne pouvant même pas parler pour se prononcer par rapport aux nombreuses tueries causées par le terrorisme. Malgré la volonté de dissimuler la réalité par un discours qui, en réalité, ne trahit pas la pensée de l’auteur, ni même le sentiment largement partagé chez les militants déçus de ces alliances politiques qui ont contribué, ces douze dernières années à remettre en cause des acquis dans un pays où les citoyens ne peuvent plus manifester et exprimer leurs désaccords, l’on se rend compte que la CDTN panique : on risque de la dribbler. En acceptant un accord isolé contre l’ITN, la CDTN, ne savait pas qu’elle ne se rendait pas service car ce qui fait l’affaire de l’ITN, fait forcément la sienne. Pendant que l’on décriait une telle attitude de sa part, elle ne voulut rien entendre des critiques faites à son encontre, fière de poser avec le pouvoir et de lire un accord qui n’en est pas un. La preuve, la CDTN, aujourd’hui, est retournée, se lamenter auprès de son partenaire, craignant pour son image et même pour sa survie dans un environnement syndical désormais régi par le jeu électoral.

Tant pis.

AI