Les observations et exploitations minières et pétrolières dans les pays du Sahel via les satellites : L’autre face cachée de la lutte ‘’contre‘’ le terrorisme (2ème partie)
V – L’exploration et le contrôle satellitaires des ressources extractives africaines
La géologie est la science qui étudie la Terre, et c’est justement cette Terre qui contient toutes les roches dans lesquelles se trouvent l’ensemble des métaux précieux recherchés et tous les sédiments dans lesquels se cachent les hydrocarbures. Elle a donc une part extrêmement importante dans l’économie minière mondiale parce qu’elle est la discipline source qui permet de mettre en évidence tous ces réservoirs de pétrole et toutes ces mines de cuivre, de titane, de bauxite, de colombo-tantalite, etc… connues aujourd’hui sur la planète. Traditionnellement, la mise en évidence des ressources du sous-sol est conditionnée par la phase d’exploration qui consiste à investiguer les profondeurs de la Terre par des méthodes scientifiques de sondage. C’est justement cette étape préliminaire d’exploration qui est sensée fournir des données géologiques et géophysiques dont le traitement informatique, l’analyse et l’interprétation grâce à de puissants ordinateurs et logiciels permet de localiser d’éventuels gisements de métaux stratégiques ou des hydrocarbures. Notons toutefois que la prospection géologique (minière et pétrolière) passe inévitablement par la cartographie des formations géologiques qui constituent le sol et le sous-sol. La cartographie permet de cibler les zones a priori favorables à la découverte de gisements miniers et pétroliers et donc de réduire les coûts et les délais d’exploration. De nos jours, la cartographie géologique et ses applications sont parmi les premiers secteurs utilisateurs de l’imagerie spatiale (à partir de la télédétection spatiale). L’application de la télédétection s’avère être intéressante dans les recherches des ressources du sous-sol, puisqu’elle permet d’extraire l’information pertinente en mettant en évidence les informations sur les structures géologiques, les indications structurales, les pièges de concentrations minières et pétrolières, les corps minéralisés, etc. Notons qu’en géosciences (les sciences de la Terre), l’imagerie (satellitaire) occupe une place significative, et est aujourd’hui incontournable, puisqu’elle permet aux ingénieurs, sans y être physiquement présents sur le terrain, de disposer de données très importantes et extrêmement précises sur ces ressources contenues dans les entrailles de la Terre. L’innovation technologique et satellitaire (avec l’arrivée des produits high-techs de dernières générations) joue déjà un rôle déterminant dans la recherche des ressources du sous-sol. Afin de localiser efficacement ces ressources, les compagnies minières et pétrolières des puissances industrielles et militaro-spatiales appliquent les dernières réalisations de la science et de la technologie à l’appui de la géo-information des industries minières et pétrolières. L’une des méthodes les plus efficaces de support d’information est l’utilisation généralisée des méthodes, technologies et moyens aérospatiaux modernes (satellites, avions, drones). Ainsi, l’observation à distance de la surface de la planète et des entrailles du sous-sol avec des satellites est aujourd’hui applicable à toutes les étapes du cycle de vie des projets miniers et pétroliers. Les grandes multinationales minières et pétrolières, en font grandement usage pour l’exploration des sous-sols, la sécurisation des opérations des plateformes pétrolières, la navigation pour trouver les routes maritimes les plus optimisées pour les tankers pétroliers,…. Aujourd’hui, ces sociétés emploient des spécialistes pour analyser les données spectrales de zones spécifiques collectées par les constellations de satellites qui entourent la Terre afin de les aider à déterminer les emplacements probables pour l’exploration et l’exploitation minières et pétrolières. Les données satellitaires peuvent ainsi cartographier et identifier les structures géologiques à grande échelle liées aux gisements que les levés au sol peuvent trouver difficilement. Pour localiser des ressources extractives, les ingénieurs réalisent une véritable échographie du sous-sol afin d’en restituer des images en 2 ou 3 dimensions. La recherche des gisements comprend la télédétection de la zone étudiée sur la base des données obtenues, la création à distance d’images et leur analyse, ce qui permet d’analyser les réserves, d’établir des zones prioritaires pour le développement et de planifier les travaux préparatoires pour une mise en exploitation.
VI – Des engins dits de surveillance antiterroriste utilisés pour la détection et l’exploitation des ressources extractives
L’opinion publique dans les pays du Sahel se posait souvent la question de savoir ce que cherchent (ou plutôt protègent) les forces militaires étrangères dans nos pays et particulièrement dans la zone dite «des Trois frontières». Officiellement, ces forces étrangères cherchent à «aider» nos pays à lutter (gratuitement !?) contre le terrorisme. Mais l’évidence des faits donne totalement raison au Général De Gaulle qui disait : «La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts» ; et ces propos sont toujours et fort d’actualité. Soyons clair ! la soi-disant assistance des forces militaires étrangères dans certaines régions d’Afrique est tout sauf une oeuvre de bienfaisance. Elle semble guider par une redistribution des cartes géostratégiques des pays occidentaux ; lesquels n’arrivent pas non plus à s’entendre comme ce fut le cas en 1895 à la Conférence de Berlin, qui a consacré le partage de l’Afrique entre ces mêmes pays. Aujourd’hui, ce sont curieusement des pays européens qui s’en prennent à la domination économique, monétaire et la présence militaire d’autres européens en Afrique. Le Vice-Président du Conseil italien, M. Luigi di Maio, ne disait-il pas «Si la France ne décolonise pas des dizaines de pays pour lesquels, elle imprime le FCFA, alors nous continuerons à avoir une Afrique pauvre et une Europe hypocrite» et de souhaiter, que l’Union Européenne prenne «des sanctions» contre les pays qui, à commencer par la France, sont à l’origine du drame des migrants en Méditerranée en les «faisant partir» d’Afrique. «Si, aujourd’hui, il y a des jeunes qui migrent vers l’Europe, c’est parce que certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains». Pour sa part, Mme Giorgia Meloni, la cheffe du parti ‘’Fratelli d’Italia‘’ d’accuser la France de «prendre 50% des richesses des pays ayant pour monnaie le FCFA. En effet, pour masquer leurs politiques visant à mettre la main sur les ressources naturelles de l’Afrique, certaines puissances néo-coloniales européennes ont recours à des interventions soi-disant à but «humanitaire» ou ayant pour justification «la lutte contre le terrorisme». C’est justement cette dernière forme d’intervention, dite «coopération» militaire qui explique la présence des bases militaires étrangères dans certains pays africains riches en ressources du sous-sol. Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, c’est le spectre du terrorisme «islamique» (djihadisme) qui est officiellement évoqué pour justifier la présence des militaires occidentaux. Aussi, ce terrorisme ne procède aucunement d’une improvisation de la tactique. Il est le produit d’un travail minutieusement élaboré en laboratoire ; c’est donc une invention des services secrets occidentaux. Ces puissances étrangères, très conscientes du potentiel minier et pétrolier de nos pays et sous la bannière de la lutte contre ce terrorisme, élargissent leur zone d’influence afin d’assurer leur approvisionnement en matières premières stratégiques. Certaines zones dites de conflit, abritent plus de carrières d’exploitation minière que de bases militaires. Les officiers ou hommes de rang présents dans ces ‘’casernes‘’ sont pour l’essentiel des généraux–ingénieurs, ou autres officiers-ingénieurs spécialisés dans les industries minières et pétrolières (à l’instar des généraux, colonels-médecins ou pharmaciens que l’on trouve dans nos armées). L’on a plus à faire à des ingénieurs et techniciens (géologues, géophysiciens, géochimistes, foreurs,….) qu’à des simples militaires. Ces derniers ont bien évidemment des missions beaucoup plus géo-scientifiques et stratégiques que la défense militaire du territoire. Dans ces zones ultra sécurisées (véritables «no man’s land» où personne ; pas même les officiels du pays, n’y a accès) trônent de gros engins, véhicules et équipements d’exploitation minière. Lors d’un reportage télévisé, le journaliste Alain Foka en compagnie d’un ministre congolais en fonction ont été empêché d’accéder dans une zone minière détenue par une puissance étrangère en RD Congo. Fait plus curieux, dans cette zone minière ultra protégée, existe un aérodrome à partir duquel aucun contrôle n’est effectué par les autorités politiques du pays sur les produits embarqués ou débarqués. Les bases militaires étrangères disséminées çà et là dans certains pays africains, ne vont certainement pas déroger à cette même règle. En effet, des avions-cargos chargés de minerais, décollent nuitamment de ces bases militaires pour des destinations inconnues… souvent au vu et au su des autorités locales impuissantes. Combien de tonnes de minerais d’or, de lithium, de cobalt, de diamant,…. ont clandestinement quitté nos pays pour l’Europe et ailleurs en Asie ? Malgré les moyens technologiques sophistiqués en matière de communication et de renseignement, un arsenal de guerre impressionnant et des équipements ultra sophistiqués (satellites espions, système de surveillance et de reconnaissance intelligente (ISR), avions de reconnaissance, drones, radars ultra performants, armes robotiques, systèmes d’armes autonomes (AWS)…) dont disposent les forces étrangères, les groupes terroristes, à travers des incursions infligent de lourdes pertes à nos vaillantes forces de défense et de sécurité et à nos populations civiles. En réalité au-delà de la question sécuritaire, se jouent des enjeux géostratégiques et économiques. En fait, la stratégie du chaos serait à l’oeuvre dans nombre de nos pays dans le but de faciliter la mainmise sur leurs ressources naturelles. Cela ne pourrait malheureusement être possible sans complicité des dirigeants au plus haut niveau de nos Etats aux intérêts et préoccupations aux antipodes de ceux de leurs populations et entièrement à la solde de l’impérialisme et du néo-colonialisme occidentaux.
VII – Le contrôle asymétrique d’informations sur les ressources extractives africaines
Il faut reconnaître que l’histoire des recherches minières et pétrolières a toujours été engluée dans une sorte de huis clos, particulièrement dans les pays du Sud. A ce niveau, il est clair que beaucoup de nos Etats sont très loin de disposer d’un minimum d’information crédible sur leur potentiel en ressources du sous-sol. Ce sont les sociétés étrangères qui détiennent toutes les informations sur les gisements miniers et pétroliers à partir des études géologiques, géophysiques et géochimiques entreprises souvent depuis l’époque coloniale. Du point de vue des données géo-scientifiques, les informations sont totalement asymétriques. Les Etats africains détenteurs des richesses extractives n’ont pas accès à toutes les informations dont disposent les compagnies minières et pétrolières étrangères ; ces dernières étant les seules à connaître la valeur réelle de notre sous-sol. Les cartes géologiques actuelles des indices miniers et pétroliers dont disposent la plupart des ministères des pays africains (particulièrement les francophones) sont caduques, dépassées et imprécises car elles datent dans leur grande majorité de l’époque coloniale. De surcroît, à l’époque, elles ont été conçues avec des moyens géologiques et géophysiques rudimentaires qui ne sont plus d’actualité. Pour exemple, la carte géologique de la Côte d’Ivoire réalisée par le chercheur Bernard Tagini date de 1957 et pourtant, elle est utilisée jusqu’aujourd’hui par les chercheurs de la toute ‘’puissante‘’ et très francophile Côte d’Ivoire ! Sans exception (pour ne pas les citer individuellement), cette même situation se présente dans tous les pays africains ‘’sous domination géologique française‘’. Disposant seules de moyens financiers et techniques colossaux pour établir des estimations fiables, les compagnies minières et pétrolières occidentales ne s’en cachent pas pour tricher sur le traitement et l’interprétation des données géologiques et géophysiques, la sous-estimation de la qualité des différents minerais et du pétrole, des réserves, de la production et la surestimation du cost-oil (coûts d’investissement et coûts de production) pour le cas du pétrole,… Cette vaste escroquerie est très défavorable aux pays africains non seulement dans l’enlèvement frauduleux de quantités inestimables de certains minéraux et hydrocarbures (cas d’exploitation clandestine de minerais d’or, de diamant et autres pierres précieuses dans certaines zones sous occupation militaire étrangère et celui de cargaisons fantômes pour le pétrole brut), mais aussi dans le partage des rentes minière et pétrolière. Les pays hôtes restants ainsi dramatiquement sous-informés, ils constituent des proies faciles de ces compagnies prédatrices ultraspécialisées et bien informées. Ces grandes compagnies minières et pétrolières des puissances industrielles et militaro-spatiales disposent de laboratoires équipés d’énormes simulateurs ultramodernes leur permettant d’explorer virtuellement (directement via des satellites en orbite) les entrailles de la Terre. A partir des observations satellitaires et dotés de laboratoires (situés dans des lieux ultra protégés de leurs pays), leurs ingénieurs plongent dans un monde sous terrain d’ordinaire invisible, naviguant à travers des couches de grès et de calcaire jusqu’à tomber sur des formations rocheuses contenant des hydrocarbures et autres métaux stratégiques. Ils peuvent ainsi directement à partir de Houston, Paris ou Beijing ‘’dépister‘’ des formations pétrolifères et minières en Afrique, ou ailleurs dans le monde. Ce type de procédés ultra-sophistiqués leur confèrent un énorme gain de productivité, d’informations et de connaissance de notre sous-sol. C’est grâce donc à ces technologies très avancées qu’ont été révélées les énormes potentialités en ressources extractives stratégiques en Afrique et particulièrement dans la zone sahélienne dite des ‘’Trois frontières‘’ et les provinces Nord-Est de la RD Congo. Et ces informations géologiques ultra-secrètes à fort potentiel économique sont soigneusement et très jalousement gardés par ces puissances militaro-spatiales néocoloniales qui pensent (naïvement) un jour mettre la main sur ces abondantes ressources. Pour ce faire, il faut perpétuer les conflits dans nos zones économiques, grâce aux appuis logistiques militaires et renseignements fournis aux divers groupes terroristes.
Par M. Mahaman Laouan Gaya
Expert International en Energie et Pétrole