Les observations et exploitations minières et pétrolières dans les pays du Sahel via les satellites : l’autre face cachée de la lutte ‘’contre‘’ le terrorisme (1ère partie)
Quand l’on observe le ciel la nuit, on voit beaucoup d’étoiles, de planètes, mais aussi des satellites. Les satellites dits naturels orbitent autour d’une planète ou d’une étoile. Ainsi, dans le système solaire, ces satellites (naturels) sont la lune, d’autres planètes et des comètes. La science a, pour sa part, développé de nos jours des satellites (dits artificiels) pour la conquête spatiale aux fins de la protection et de la promotion du développement économique et social des pays utilisateurs. En ce 21ème siècle, aucun secteur (défense, télécommunications, transport, agriculture, environnement, météorologie, industries extractives,…) n’est épargné par l’utilisation de cette nouvelle technologie. Aujourd’hui, il est bien établi que certaines puissances industrielles et militaro-spatiales usent (et abusent) de ces satellites d’observation et de reconnaissance (‘’satellites espions‘’) pour d’abord identifier et se positionner dans certaines zones économiques (de certains pays africains) afin d’y mettre la main sur les abondantes ressources naturelles extractives (pétrole, mines,…) qui s’y trouvent, le plus souvent sous le couvert de la lutte contre les mouvements terroristes.
I – Types de satellites artificiels
A titre de rappel historique, notons que le premier satellite artificiel a été lancé par l’Union Soviétique le 4 octobre 1957. C’est le satellite Sputnik 1 (qui veut dire ‘’compagnon de voyage‘’ en russe). C’est le succès de ce satellite qui a marqué le début de la course à la conquête de l’espace. Le premier satellite envoyé dans l’espace par les États-Unis était l’Explorer lancé le 1er février 1958, et le 3 novembre 1957, l’URSS récidivait en lançant Spoutnik 2. Depuis l’apparition de ces satellites artificiels, leurs domaines d’application tendent à se multiplier et à se banaliser en influençant en profondeur la société et en donnant naissance à un nouveau secteur commercial. Le développement des satellites reste néanmoins concentré entre les mains de quelques puissances militaro-spatiales. Il existe deux catégories de satellites artificiels, qui ont pour objectifs, la conquête du ciel (l’espace), du sol et du sous-sol de la terre : ce sont les satellites scientifiques et les satellites d’applications. * Les satellites scientifiques sont dédiés à la recherche pure en astronomie (il s’agit en fait de télescopes en orbite avec des champs d’observation plus ou moins larges et observant l’ensemble du spectre électromagnétique), en diverses sciences de la terre (géodésie, géodynamique,...), etc. Ce sont des objets généralement uniques, rarement remplacés en cas de problème technique. * Les satellites d’applications servent pour leur part à un usage commercial dans divers domaines Contrairement aux satellites scientifiques, leur service est permanent et durable, mais nécessite le renouvellement régulier de leurs équipements de plus en plus sophistiqués. Ils ont des applications civiles et/ou militaires. C’est dans cette catégorie qu’on trouve les satellites à usage militaire et civil, les satellites de télécommunications, les satellites de la météorologie,de l’observation de la Terre (la télédétection), de la navigation, etc... Ils génèrent des revenus directs (satellites de communications) ou induits (météorologie, observation civile et militaire de différentes zones de la planète, défense et sécurité, espionnage, navigations spatiale, aérienne et maritime, prévention et suivi des risques naturels et catastrophes climatiques, et de plus en plus les recherches et exploitations minières et pétrolières,...). Au nombre des satellites artificiels d’applications, le satellite de télédétection est celui qui effectue des observations à distance par réception d’ondes électromagnétiques à l’aide de capteurs passifs ou actifs. La mise sur orbite prochaine des satellites de troisième génération à résolutions spatiales et spectrales de très haut niveau va encore améliorer les performances de la télédétection (surtout la télédétection géologique minière et pétrolière). Ainsi, les images-satellites vont jouer un rôle croissant dans la recherche et l’exploitation de nouveaux gisements miniers et pétroliers, et bien évidemment, aurons également un regard sur leur transport vers les marchés internationaux.
II – Les satellites multifonctions
Ce sont des satellites de reconnaissance (ou satellites espions) qui permettent de cartographier un territoire (ressources en eau, ressources forestières, cadastres pétroliers et miniers,…) et surtout d’identifier les installations fixes (bases militaires, déplacement des troupes, mouvements d’organisations terroristes, carrières minières,…). Ces satellites circulent généralement sur une orbite basse pour obtenir des données de très haute résolution. La résolution qui était d’une dizaine de mètres pour les premiers satellites descend aujourd’hui à quelques centimètres pour ceux de dernières générations. Ces engins sont déployés dans des zones spécifiques de la planète (zones de conflits interminables et à haut potentiel minier et pétrolier). Aujourd’hui, plus qu’hier, ces satellites (en orbite) sont braqués sur des zones stratégiquement sensibles (notamment la zone sahélienne dite des ‘’Trois frontières‘’, le lit du Lac Tchad, le Darfour, le Sud Soudan, le Golfe de Guinée, la zone des Grands Lacs (RD Congo,…), la Corne de l’Afrique,... et sont en mesure de détecter tout mouvement suspect ou pas et aussi minime que soit sa taille.
III – La cartographie des ressources naturelles et zones d’opérations militaires terrestres
L’observation satellitaire de la surface et du fond de la Terre permet de comprendre et d’évaluer son potentiel, mais aussi d’améliorer l’utilisation de ses ressources. L’utilisation efficace des données satellitaires a un impact transformationnel sur bon nombre de défis parmi les plus importants que doit relever l’humanité, dont entre autres l’exploration et l’exploitation des ressources d’accès très difficiles (ressources en hydrocarbures non conventionnels) et l’observation physique d’un certain nombre d’Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Les données satellitaires sont aujourd’hui utilisées pour mesurer treize (13) des dix-sept (17) ODD, dont entre-autres ceux consacrés à la lutte contre la faim, au développement agricole, au développement des villes et de l’espace urbain, à la lutte contre le changement climatique, à l’observation de la pollution atmosphérique, au suivi des ressources en eau, à la protection des faunes et flores aquatiques et terrestres, à l’exploitation minière artisanale et des carrières,... Les travaux menés par le ‘’Groupe sur l’Observation de la Terre‘’ ont démontré que soixante-cinq (65) des cent soixante-neuf (169) cibles des ODD bénéficiaient directement de l’utilisation des données satellitaires. L’exploitation des technologies spatiales au service des ODD et des recherches des ressources extractives (mines, pétrole,…) requiert le concours de spécialistes des sciences et de l’ingénierie spatiales, en service dans les administrations civiles et militaires (des pays développés pour l’essentiel). Pareils spécialistes des technologies dérivées du spatial peuvent, à partir des données d’observation de la Terre et d’autres données collectées dans l’espace, élaborer des indicateurs sur la défense et la sécurité, l’environnement, l’économie et la société. Les données satellites jouent ainsi un rôle important dans la mesure, l’enregistrement et la comptabilisation des ODD. Les pays du Sud manquant de moyens pour suivre l’état d’avancement des ODD ; seules les puissances industrielles peuvent évaluer, apprécier et savoir exactement les voies à suivre pour l’atteinte de ces ODD, tout comme d’ailleurs l’ont été les OMD (Objectifs du Millénium pour le Développement). Ce faisant, ne pas disposer de ces données satellites pourrait signifier que nos pays passeront toujours à côté de l’opportunité d’utiliser les meilleurs outils disponibles pour surveiller leur environnement et ainsi permettre à leurs gouvernements, leurs entreprises et leurs citoyens de prendre les meilleures décisions en matière de développement durable.
IV - Ces abondantes ressources extractives qui font l’objet de toutes les convoitises
La particularité de l’Afrique est qu’elle possède (plus que toutes les autres régions du monde) non seulement un sous-sol exceptionnellement riche en ressources extractives (diverses ressources minières, hydrocarbures, eau,…) mais encore très loin d’être exploitées et valorisées.
Certaines régions d’Afrique sont d’ailleurs qualifiées de ‘’zones de scandales géologiques‘’ du fait de la forte concentration de gisements d’hydrocarbures et de minerais de tout genre. C’est le cas des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), de la RD Congo, du Golfe de Guinée,…. La virginité géologique de l’Afrique est un atout, mais aussi une force indispensable qui va certainement compter dans l’avenir pour l’économie mondiale grâce à ses abondantes ressources minières et pétrolières. L’Afrique est un continent bien connu pour ses ressources extractives et ses gisements qui regorgent de substances minérales et énergétiques que convoitent toutes les puissances industrielles. Il est évident que le continent noir possède dans son sous-sol des pierres précieuses et minerais, d’une rareté incontestable, d’une valeur assez considérable et dont la seule prise en compte des retombées économiques pourrait changer la face de nos pays si celles-ci sont bien gérées. Aujourd’hui, il est vrai que la montée en force du numérique dans l’économie et les différents secteurs d’activité est une avancée remarquable pour le monde, mais aussi, il est important de noter que toute révolution ou innovation technologique nécessite des minerais de qualité (métaux critiques, terres rares,…) et en quantité suffisante pour satisfaire aux besoins du moment. Ces minerais (lithium, coltan, titane,…) sont justement nécessaires au développement des équipements pour les énergies renouvelables, les voitures électriques et leur utilisation dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Certains de ces minerais et des plus prestigieux, se trouvent en Afrique (dans les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et à l’Est de la R D Congo particulièrement) et nulle part ailleurs dans le monde. Aussi, quant à la question de savoir où trouve-t-on par exemple le lithium nécessaire au bon fonctionnement des batteries des smartphones et des batteries solaires ? La réponse est que c’est en Afrique ! Où trouve-t-on le coltan et le cobalt indispensables au fonctionnement des i-phones, des i-pads et autres tablettes numériques ? C’est encore en Afrique ! Où trouve-t-on la bauxite (pour la fabrication de l’aluminium) et le fer nécessaires à la construction des rails, aux chantiers navals, à l’industrie automobile ? C’est toujours en Afrique ! Où trouve-t-on le tungstène et le titane utiles au blindage des nouvelles armes de guerre, des véhicules et avions militaires ? Encore en Afrique ! Où peut-on trouver en abondance l’uranium, les métaux critiques les plus recherchés ? C’est en Afrique, et précisément à l’Est et l’Ouest du continent et particulièrement dans cette ‘’Zone Sahélienne dite des Trois frontières‘’ et en RD Congo (notons que près de 2/3 de l’électricité produite en France est d’origine nucléaire et l’essentiel de cet uranium vient, tout le monde le sait très bien, du Niger), les pays de l’AES sont dotés d’abondantes ressources en hydrocarbures, de l’hydrogène naturel, d’abondantes réserves en eaux du sous-sol (notons que l’eau sera l’objet des guerres au 22ème siècle ; et le Sahel en général et le Niger en particulier disposent d’une des plus grandes réserves de la planète).
Autant il y aura de nouveaux besoins en équipements des NTIC (smartphones, i-phones, i-pads, ordinateurs,…), de nouvelles armes de guerre ultra modernes, véhicules et avions de guerre de dernière génération, de nouvelles centrales de fission et de fusion nucléaires, des équipements pour les énergies renouvelables, de voitures électriques,…. autant que le monde voudra d’un progrès technologique vertigineux, alors les besoins en minerais et métaux critiques et précieux ne cesseront de s’accroître et certains pays africains (dans l’oeil du cyclone) seront de plus en plus convoités. Par ailleurs (et nous ne nous fatiguerons jamais de le répéter), quand vous faites un survol de la géographie et la géoéconomie pétrolières du monde, l’on se rend compte que certaines régions (Amérique du Nord, pays du Proche et Moyen-Orient, Mer du Nord,...) jadis pionnières de la production pétrolière sont aujourd’hui soit dans la phase de déplétion, soit dans celle de l’exploitation des hydrocarbures dits non-conventionnels (gaz et pétrole de schiste,…). Aux Etats-Unis, après près de deux siècles d’exploitation, les gisements de pétrole et le gaz conventionnels sont en voie d’épuisement et depuis quelques années, l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste) est en plein essor. Au Moyen-Orient, le pétrole a été abondamment exploité depuis bientôt un siècle ; et aujourd’hui, les estimations des réserves de pétrole de cette région sont sujettes à contestation. C’est un débat qui a cours depuis la fameuse ‘’guerre des quotas‘’ au milieu de la décennie 1980-1990. En mer du Nord, les réserves du pétrole communément appelé Brent sont physiquement épuisées. Quant au continent africain, entré tardivement dans l’ère du pétrole moderne, seuls quatre (4) pays ont commencé une modeste exploitation pétrolière dans les années 60.
Aujourd’hui, près de 24 pays sont identifiés comme producteurs de pétrole et de gaz et environ une trentaine d’autres mènent des opérations de prospection et de recherche. Il faut reconnaitre que le continent est essentiellement constitué de bassins sédimentaires (les bassins sédimentaires sont de véritables réceptacles de gisements de pétrole et de gaz) ; tous les pays africains, à l’exception du Burkina Faso et du Cap-Vert, font l’objet d’intenses activités de prospection menées par des compagnies pétrolières étrangères pour la plupart. Des bassins offshore et onshore, tant au large de l’Afrique de l’Est, de la partie africaine de l’océan indien, de l’Afrique de l’Ouest, que des pays de l’hinterland sont peu explorés et pré¬sentent de très bonnes perspectives (ils sont situés pour l’essentiel dans le Golfe de Guinée, au large du Sénégal et de la Mauritanie, dans le Sahel central,…). Le continent africain peut peser entre 13 et 15% des réserves mondiales d’hydrocarbures, et presque le même ratio en termes de production (même si les statistiques occidentales tendent à sous-estimer et dévaloriser le potentiel du continent noir), et mieux, ces 15 dernières années, 1/3 des découvertes de pétrole dans le monde l’ont été en Afrique.
Le Niger, dont le territoire est constitué à plus de 90% de bassins sédimentaires (un réceptacle de gisements d’hydrocarbures gazeux, liquides et solides), ‘’coincé‘’ géographiquement et géologiquement entre l’Algérie, la Libye et le Nigéria (tous gros producteurs d’hydrocarbures et qui exportent 1,7 million à 2,3 millions de barils de pétrole par jour), il est certain, que tôt ou tard, notre pays, tout comme le Mali et le Tchad connaitront inch’Allah, le même miracle pétrolier que les pays voisins sus-mentionnés. En ‘’français facile‘’, ça veut dire que le Niger qui ne produit aujourd’hui que 20.000 barils par jour, très bientôt 110.000 barils par jour, pourrait dans les années à venir (si le patriotisme et la souveraineté nationale s’y mêlent) produire et exporter un (1) million de barils par jour, voire même plus. La sous-estimation par certaines institutions et multinationales pétrolières des réserves et du potentiel en hydrocarbures de l’Afrique dénote d’une plaisanterie proprement néo coloniale !
Les informations les plus contradictoires et sciemment distillées, circulent sur le niveau du potentiel pétrolier africain. Des chiffres aussi fantaisistes qui parlent d’une Afrique ne disposant que de 4% des réserves mondiales, pendant que certaines sources évoquent 6%, d’autres 8 ou 12%, parfois 13% pour les plus ‘’généreux‘’. Pour le moins, il convient de dire que les auteurs de ces estimations ne s’accordent pas entre eux. Et pourtant, les ressources en hydrocarbures africaines sont sous exploitées, voire sous explorées et leur potentiel global est là…très abondant et il n’y a l’ombre d’aucun doute que ce potentiel peut rivaliser aujourd’hui avec celui de n’importe quelle autre région du monde (ces mêmes pays délateurs et leurs experts le savent mieux que nous). Cela m’amène d’ailleurs à affirmer que si l’Afrique devait être considérée comme un seul producteur, il est certain que notre continent défiera un jour l’Arabie Saoudite, la Russie et les États-Unis. Avec donc, la quasi-totalité des pays africains qui sont dans la phase de recherche et/ou d’exploitation d’hydrocarbures, il est certain que la politique mondiale du pétrole et du gaz, va se tourner dans les années à venir vers le continent africain. De grosses et très agréables surprises, particulièrement dans les bassins de Taoudéni, des Iullimenden, du Tamesna, du rift de Nara (Mali) et du graben de Gao (Mali), à cheval entre la partie Ouest du Niger, l’Est du Mali, le Nord du Burkina Faso et le Sud algérien ne sont pas à exclure. En effet, cette zone dite des ‘’Trois frontières‘’ (que les experts pétroliers appellent affectueusement le ‘’Koweït du Sahel‘’… au vu de son probable immense potentiel en hydrocarbures) détiendrait d’inestimables réserves pétrolière et gazière et autres ressources minières et énergétiques stratégiques (or, zinc, plomb, cobalt, coltan, uranium, lithium, hydrogène,…).
En outre, comme je le mentionnais ci-haut, les ressources en eau du sous-sol de cette région du Sahel sont parmi les plus abondantes au monde. Il est donc clair, que certaines puissances néocoloniales, usant des dernières technologies d’exploration et de contrôle satellitaires, ont mis en évidence ces inestimables ressources extractives, et par conséquent ne voudraient au grand jamais quitter cette zone du Sahel de leur propre gré, de peur de perdre l’occasion de poursuivre et/ou d’envisager le pillage de ces abondantes et stratégiques ressources. Pour donc penser rester et y mettre la main, il faut créer de toutes pièces, les conflits terroristes (mouvements djihadistes, en effet, créés par les services secrets occidentaux pour les besoins de la cause) et déstabiliser les pays de la sous-région.
(à suivre) ……
Par M. Mahaman Laouan Gaya
Expert International en Energie et Pétrole