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Les élections présidentielles de 2024 au Sénégal : Macky Sall envisage-t-il de s'inspirer de la stratégie de Mahamadou Issoufou ?

Lundi soir, dans un message très attendu par les Sénégalais et une partie de la Communauté internationale, le président sénégalais Macky Sall a annoncé sa décision de ne pas briguer un troisième mandat. Cette déclaration intervient après une série de manifestations qui ont entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels. Néanmoins, cette décision est saluée car elle évite au pays de nouvelles manifestations violentes et leurs conséquences dévastatrices.

Maintenant que Macky Sall a pris la décision de ne pas se représenter, la question se pose de savoir s'il créera les conditions propices à une véritable alternance démocratique dans son pays. Cependant, plusieurs signes laissent planer des doutes quant à cette possibilité. En effet, le président sortant a montré une tendance à exclure de la course les potentiels candidats de l'opposition qui pourraient battre son candidat soutenu lors de la prochaine élection présidentielle.

Parmi ces candidats, on compte Karim Wade, le fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, ainsi qu'Ousmane Sonko, actuel maire de Ziguinchor. Chacun de ces opposants a eu des démêlés avec la justice sénégalaise sous le régime de Macky Sall. Bien que les charges retenues contre eux semblent relever de délits et de crimes ordinaires, de nombreux observateurs croient fermement que le pouvoir est impliqué dans les poursuites judiciaires à leur encontre. Le cas d'Ousmane Sonko est particulièrement complexe. Initialement poursuivi pour une accusation de viol d'une "masseuse professionnelle", il a finalement été condamné pour "corruption de la jeunesse" dans le même dossier.

Au vu de la situation actuelle au Sénégal, de nombreux analystes craignent que le président Macky Sall ne s'inspire de l'expérience de l'ancien président Mahamadou Issoufou. Confronté à l'impossibilité de prolonger son séjour au palais présidentiel après ses deux mandats constitutionnels, Issoufou a réussi à écarter de la course à sa succession le principal opposant capable de battre son candidat dans les urnes. Il a utilisé une affaire judiciaire liée au célèbre scandale de trafic de bébés pour éliminer Hama Amadou de la compétition.

Une fois cette étape franchie sans grande difficulté, les autres opposants ont naïvement pensé que l'éviction de Hama Amadou pourrait les avantager individuellement. Mais Mahamadou Issoufou a facilement réussi à faire élire son candidat et jouit depuis lors de tous les privilèges du pouvoir, au point que certains estiment qu'il détient véritablement les rênes du pays.

Au Sénégal, un scénario similaire pourrait se reproduire. Avec la probable disqualification d'Ousmane Sonko de la course à la prochaine présidentielle, les autres opposants pourraient penser qu'ils ont une chance de bénéficier des votes de ses partisans pour accéder au pouvoir. Macky Sall pourrait alors tirer profit de cette situation pour faire élire son candidat. De plus, avec une Communauté internationale qui semble moins préoccupée par la bonne organisation des élections en Afrique, même en cas de fraudes avérées, rien ne se passera. Il suffira au nouveau président élu de prêter allégeance aux grandes puissances occidentales qui ne poursuivent désormais que leurs propres intérêts.

Tout comme Mahamadou Issoufou, Macky Sall bénéficiera de toutes les garanties pour échapper à tout compte à rendre sur sa gestion et pour voyager aux quatre coins du monde afin d'assister à de grands sommets internationaux.

Le peuple sénégalais attend donc de voir si Macky Sall sera véritablement le garant d'une démocratie inclusive et d'une alternance politique réelle dans le pays. Les mois à venir diront si ces attentes seront satisfaites ou si les craintes des observateurs se confirmeront.

I.B