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Le Niger parmi les pays non-amis du Mali : Une aberration monumentale

La lutte du peuple malien pour recouvrer sa pleine souveraineté et l’intégrité de son territoire visà- vis de la France qui mène une politique pour le moins contestable au Mali a atteint un niveau critique avec les décisions issues du sommet des chefs d’Etat de la Cedao, tenu le 9 janvier 2022. À l’issue de ce sommet, les chefs d’Etat ont décidé toute une batterie de mesures les unes plus extrêmes que les autres. Entre autres mesures, il a été décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Mali, la suspension de toutes les transactions commerciales entre les pays de la Cedeao et le Mali, le gel des avoirs du Mali dans les banques centrales et commerciales de la Cedeao ainsi que la suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la Cedao, notamment la Bidc et la Boad. Des mesures pour le moins draconiennes qui ont choqué les opinions publiques des pays de la Cedeao où l’on note une solidarité totale avec le Mali. La sympathie vis-à-vis des autorités actuelles du Mali et l’adhésion massive pour une solidarité avec le peuple malien sont d’autant plus fermes que derrière ces mesures, la main de la France qui cherche manifestement, à défaut de pouvoir poursuivre sa politique au Mali comme il l’envisageait, à étouffer financièrement ce pays. Un pays avec lequel le Niger en particulier partage bien plus qu’une frontière.

C’est à Kidal que se concentrent tous les chefs terroristes et c’est la France qui protège Kidal.

C’est la France, on le sait, qui a un contentieux avec le Mali qui veut recouvrer sa souveraineté nationale et avoir le contrôle de la totalité de son territoire. Or, depuis plus de huit ans, la France a divisé ce pays en deux, faisant de la région de Kidal une enclave territoriale protégée, avec une force militaire et une administration locales qui échappent totalement à Bamako. En plus de la partition du Mali à laquelle travaille la France sous le couvert de la communauté internationale associée comme du vernis, il y a que Kidal, comme l’a dénoncé l’ancien président nigérien, Issoufou Mahamadou, est l’épicentre du terrorisme et du trafic de drogue. C’est à Kidal que se concentrent tous les chefs terroristes et c’est la France qui protège Kidal. Des rapports qui discréditent davantage la politique sécuritaire française et sa prétention d’être là pour la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Les autorités nigériennes, qui ont même interdit le survol de l’espace aérien national aux avions russes à destination du Mali font, sans doute, preuve de zèle excessif dans le dévouement à servir les intérêts de la France. Ce que Diori Hamani, au lendemain de l’indépendance du Niger, a refusé avec obstination à la France, les autorités actuelles l’ont offert à l’Élysée avec beaucoup d’enthousiasme. Et c’est contre un Etat voisin avec lequel le Niger partage, certes, une frontière, mais également un peuple, une géographie, des traditions et coutumes, une économie, etc.

Dans cette confrontation entre un pays voisin et frère du Niger comme l’évoquent si fièrement les gouvernants des deux pays en certaines occasions, la position des autorités nigériennes surprend et choque à la limite.

Pour la France et les pays, en Afrique, qui la soutiennent dans cette démarche anachronique, les autorités de transition au Mali doivent impérativement organiser des élections. Sans attendre de recouvrer la totalité du territoire national. Or, si Assimi Goïta et ses camarades acceptent de s’inscrire dans cette logique, comme l’a facilement accepté le président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta, c’est accepter de fait la partition du pays en deux États distincts. Les Maliens s’y opposent et dans une majorité majorité écrasante, sont décidés à se battre pour restaurer leur pays dans son intégrité territoriale avant toute élection.

Dans cette confrontation entre un pays voisin et frère du Niger comme l’évoquent si fièrement les gouvernants des deux pays en certaines occasions, la position des autorités nigériennes surprend et choque à la limite. Outre qu’elles s’alignent parfaitement sur les positions françaises, s’affichant ouvertement dans des postures qui s’apparentent à celles du gouvernement français, les autorités nigériennes poussent le bouchon trop loin, du goût des Nigériens. Et des Maliens bien entendu. Le Président Bazoum Mohamed n’a jamais été tendre avec les autorités maliennes, évoquant dernièrement l’exigence du respect, par les autorités de transition maliennes, du calendrier initial de retour à l’ordre constitutionnel normal. Une exigence qui n’a pas été faite au Tchad où les autorités françaises ont cautionné, soutenu et adoubé le successeur d’Idriss Déby, en violation de la constitution tchadienne qui prévoit, en cas de disparition du président, un intérim par le président de l’Assemblée nationale.

La Cedeao des peuples va probablement, parie l’ancien diplomate, l’emporter sur la Cedeao des chefs d’Etat qui agissent ainsi par procuration pour la France.

Quel intérêt le Niger a dans ce jeu malsain qui vise à étouffer économiquement le Mali ? Ceux qui soutiennent que les autorités nigériennes jouent la carte de la France n’ont pas forcément tort ? Car, notent des observateurs avertis, le Niger aussi souffrira nécessairement de la mise en oeuvre des mesures adoptées par la Cedeao. Selon les avis d’un ancien diplomate nigérien, il s’agit là d’une grossière aberration de la part du Niger. À tous points de vue, s’il y a à choisir entre la France et le Mali, les autorités nigériennes devraient choisir de soutenir le Mali.

Cela serait non seulement conforme à tout ce que le Niger partage avec le Mali, mais également aux traditions inscrites dans le marbre par les présidents Diori, Kountché et tous les autres qui ont précédé Issoufou Mahamadou. Le Niger, a-t-il renseigné, à défaut de soutenir ouvertement le Mali, n’a pas à s’interposer entre la France et ce pays voisin et frère. La position du Niger, qui semble épouser totalement celle de la France dont les visées néocolonialistes sont de plus en plus claires, est fortement contestée par les Nigériens qui se disent navrés de constater que leur pays est devenu un instrument d’action pour la diplomatie française. Au mépris des intérêts du Niger qui se compte, malheureusement, parmi les pays non-amis du Mali. La situation est toutefois confuse. Au Niger comme au Sénégal, les décisions de la Cedeao risquent d’être sans lendemain, les réalités de terrain étant plus difficiles à contrôler. La Cedeao des peuples va probablement, parie l’ancien diplomate, l’emporter sur la Cedeao des chefs d’Etat qui agissent ainsi par procuration pour la France.

Yaou