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La France et son départ du Niger : Un regard sur les enjeux politiques et les tensions croissantes

 La France ne comprend rien aux mutations qui s’opèrent au Niger, à la maturation lente et certaine des consciences aujourd’hui suffisamment éveillées pour comprendre la marche du monde. Peut-elle ne rien voir de cet élan national qui mobilise l’ensemble du pays à l’exception de quelques renégats qui continuent de jouer son jeu, souhaitant les pires malheurs à leur pays ? Peut-elle ne pas se rendre compte qu’elle a créé les conditions d’une certaine émergence d’un patriotisme qui a produit le contraire de ce qu’elle avoulu manipuler pour séparer les Nigériens puisque, cette situation unanimement ressentie comme injuste par l’ensemble des Nigériens, les a rassemblées et soudés autour d’une seule cause : le Niger, rien que le Niger. Les cordes sur lesquelles la France, avec l’appui d’un Massaoudou dans le désarroi, ouvrier de la Françafrique, tire, comme elle le fit tristement au Rwanda pour en assumer toute la mémoire du génocide devant l’Histoire, ne fonctionnent plus comme ailleurs. Avant d’arriver là, des dirigeants patriotes, imbus des valeurs de la nation, avaient travaillé sans relâche à rassembler le peuple, à abolir leurs frontières ethniques et religieuses, culturelles et idéologiques, pour en faire un peuple UNI et INDIVISIBLE. Plus qu’un autre pays, le Niger reste aujourd’hui riche de sa diversité, de ses différences, et cela avait permis, surmontant les clivages, de se fusionner, de se métisser. Rhissa Ag Boula l’avait appris à ses dépens quand, fichu de perdre son confort de plus de douze ans, il n’a trouvé mieux que de menacer le pays d’une rébellion à laquelle, le prévenant, la communauté qui a aujourd’hui beaucoup appris de ses agissements, dit ne pas s’associer, de ne pas se sentir solidaire pour faire en lieu et place de la violence qu’il entrevoit pour le pays, le choix de la nation. La France, quoiqu’elle dise, a échoué au Sahel et elle doit comprendre que ce qui lui arrive n’en est que la conséquence et elle doit avoir le courage de l’assumer. C’est sa médiocrité. Comme au Mali et au Burkina Faso, au Niger aussi, la France est aujourd’hui sommée de retirer ses troupes devenues trop encombrantes. Mais, elle fait de la résistance, agissant comme si le régime précédant lui aurait vendu le Niger, mais incapable d’exhiber l’acte de vente, s’entêter à rester dans le pays malgré la demande qui lui a été faite.Elle y tient donc à y rester et joue au dilatoire. Le Niger reste aux Nigériens et la France doit comprendre que les époques ont changé, les dirigeants aussi. Tout ce qu’elle ne peut avoir dans le compromis avec les Nigériens, elle ne peut l’avoir avec la force dont elle se targue d’avoir dans un monde fait de droit. Et elle partira parce que simplement ici, les Nigériens sont chez eux, non chez elle. Les richesses du Niger sont les nôtres, elles ne sont pas et ne seront plus jamais à la France parce que, aussi, ce qui est à la France n’est pas et ne sera pas aux Nigériens.

Pourquoi la France ne veut-elle pas quitter le Niger ? Qu’est-ce que Bazoum lui a promis pour vouloir, contre la volonté du peuple, et de ses autorités, rester dans le pays ? Qu’est-ce qu’Emmanuel Macron a promis à Bazoum pour s’entêter à rester au pouvoir ou du moins pour espérer revenir au pouvoir ? Les Nigériens ont donc de bonnes raisons de douter de cette France et de sa présence pour lui demander, conscients de son jeu trouble et troublant, de quitter le pays. Rien apparemment ne la dissuade à partir, ni une demande officiellement formulée par les autorités du pays ni même une large opinion nationale qui dénonce les accords militaires et qui lui demande de sortir du pays avec ses troupes devenues impopulaires dans le pays. Mais depuis la sortie du Premier Ministre qui venait, à travers une conférence de presse, donner quelques informations, l’on avait cru que la France revenait à de meilleurs sentiments pour penser à ce qui pourrait lui donner des chances de revenir dans le pays. C’est mal connaitre la France. Elle joue à la diversion et au dilatoire.

Du dilatoire…

La France, par ses extrémismes, oblige les Nigériens à durcir le ton, et surtout à redoubler de vigilance pour renforcer la pression contre la France jusqu’à ce qu’elle parte et maintenant, sans doute, définitivement du Niger, pouvant même vendre son ambassade, et son centre culturel dont l’absence ne peut empêcher au Niger de continuer à exister. L’on apprenait du premier ministre et plus tard de manière plus précise par un communiqué rendu public que depuis le 1erseptembre la hiérarchie militaire était en pourparler à Zinder avec l’armée française à travers le Commandant des forces françaises au Sahel . On aura compris que c’est une initiative isolée qui pourrait ne pas engager aussi bien l’Etat-major des armées françaises que les décideurs politiques de la France.

Le dernier communiqué du CNSP et du gouvernement de transition annonçant une attaque planifiée par la France à partir de certains pays de la CEDEAO et notamment voisins, est trop grave et ce à un moment où informées par les soins du ministre des Affaires étrangères de l’illégalité des mesures prises contre le peuple du Niger, les Nations-Unies déploraient que très hâtivement, la France et ses supplétifs de la CEDEAO se soient laissés aller rapidement à de telles sanctions inappropriées. La France, est-elle plus puissante que les lois internationales pour résister à cet appel des Nations-Unies pour vouloir s’entêter dans une voie, qui, de toute façons, est sans issue pour elle, car elle finira par faire face à l’implacable droit international qui est fait, on l’imagine, à égalité pour toutes les nations du monde.

Il y a quelques jours, comme pour endormir les Nigériens et donner l’impression qu’elle cherche une porte de sortie honorable, ne voulant pas partir sous les injonctions humiliantes de ce qui serait pour elle des autorités illégitimes, l’on apprenait que le gouvernement français voulait saisir l’Assemblée Nationale pour avoir l’ordre de partir du Niger, une manière de cacher le camouflet que le Niger lui fait en lui demandant, lorsqu’elle ne peut plus respecter les Nigériens et les autorités qu’ils soutiennent, nuit et jour, de s’en aller loin du pays. C’est à ce moment où, pour beaucoup d’observateurs, le départ des forces françaises est acté que l’on apprend un communiqué qui vient donner des raisons de douter de la sincérité de la France à effectivement, sortir du pays. Elle a tort.

Un communiqué qui remobilise les Nigériens…

Le dernier communiqué du CNSP et du gouvernement, relativement au comportement ambigu de la France au Niger depuis qu’on lui demandait de retirer ses troupes du pays, est venu dire aux Nigériens à qui, ils avaient réellement à faire et surtout qu’ils ne doivent pas baisser les bras. Quand on apprend par ce communiqué que la France « déploie ses forces dans plusieurs pays de la CEDEAO dans le but d’agresser le Niger » et que « Deux aéronefs de type A400M de transport militaire et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d’Ivoire », c’est que la France est dans des manigances, et depuis des temps qu’on la soupçonne. Depuis le 1er septembre 2023, deux hélicoptères multi-rôles [et] une quarantaine de véhicules blindés [sont stationnées] à Kandi et à Malanville, le Niger et les Nigériens doivent se considérer en guerre contre la France et ses suppôts de la CEDEAO. On apprend d’ailleurs davantage, car « Le 7 septembre, un navire militaire français à accosté à Cotonou avec à son bord du personnel et des moyens militaires. Une centaine de rotations d’avions cargos ayant permis de débarquer d’importants matériels et équipements de guerre au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Benin pour ne citer que ces exemples ». Tout ça pour la cause de Bazoum ? Ça fait sourire. C’est donc la France qui veut entrer en guerre, avec ses moyens et ses hommes, le temps que le Niger règle ses problèmes avec ses voisins zélés et certains chefs d’Etat qui, parce que ne partageant aucune frontière avec le Niger, pourraient croire qu’ils peuvent être à l’abri d’une guerre qu’ils porteront contre le Niger. Le Niger ne reculera pas parce qu’il ne se souvient pas d’avoir causé quelque tort ni à la France encore moins à la Côte d’Ivoire, au Sénégal au Benin pour que ses pays servent de base-arrière pour une guerre qu’un autre veut porter contre le pays de Tiani. C’est pourquoi, le Niger, avant de s’engager contre le Niger, demande à tous les pays engagés aux côtés de la France de s’assumer : pour les Nigériens, ils ne seront que des ennemis et seront traités comme tels. Ils doivent donc s’assumer et assumer leur choix. Devant l’Histoire. Devant leurs peuples. D’ores et déjà, le Ministre de la Défense, et ancien chef d’Etat-major, le Général Salifou Mody, dans un de ses posts, avait averti : « Le CNSP rappelle que toutes les dispositions sont prises pour apporter une réponse à toutes formes d’attaques contre le Niger ». Et ce ne sont pas de vains mots. L’homme sait bien de quoi il parle ! En tout état de cause, note le CNSP, ces « manoeuvres sournoises et dilatoires qui visent émousser dans la durée l’ardeur patriotique des nigériens » ne sauraient triompher sur la détermination d’un peuple qui s’est mis debout, décidé à se battre pour sa dignité. Contre les méchants et les injustes, le Niger triomphera. Les Nigériens, dans leur ensemble, ont entendu cet « Appel à la mobilisation du peuple jusqu’au départ des troupes françaises » que lui lançait le CNSP. Ce soutien, avertissent les Nigériens, ne lui feront jamais défaut : pour aller à la liberté et à la dignité, les Nigériens sont prêts à consentir tous les sacrifices.

Mairiga