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Il n’y a plus d’opposition politique dans la barque de la démocratie nigérienne?

Le gouvernement fait arrêter à tour de bras des acteurs politiques et civiques qui s’indignent de la gravité de la situation ou qu’il accuse faussement d’actes de nature à saper la paix et les relations de bon voisinage avec les pays voisins confrontés à la même situation.

Dans le même temps, dans les rangs même du régime, des personnalités s’adonnent en toute impunité à ce genre d’actes qui suscitent même des tollés d’indignation et de protestation chez les voisins.

La toute dernière en date, c’est bien évidemment cette interview accordée par le président Bazoum à Jeune Afrique dans laquelle, comme à son habitude, s’est fendu en critiques acerbes contre la stratégie de lutte contre le terrorisme des autorités burkinabé et Maliennes, pour justifier les difficultés qu’il a dans son pays pour endiguer rapidement le fléau. Le problème, c’est l’autre mais non moi ! Plus grave encore, il s’en est même pris à nos armées qu’il a dévaluées à travers une comparaison avec l’ennemi. Là également, l’opposition ne va pas réagir pour rappeler le président Bazoum à l’ordre. En tout cas, sa réaction qui devrait être spontanée se fait toujours attendre.

C’est quoi finalement cette opposition politique qui pense que son salut en 2025-2026 réside dans le fait de refuser d’assumer son rôle par crainte des représailles du régime en place ?

Où sont passés les opposants politiques? C’est la lancinante question que de nombreux Nigériens se posent aujourd’hui au regard du silence de cimetière que ces derniers observent depuis bientôt deux ans. Même les simples déclarations et communiqués que ‘’la Coalition pour l’Alternance 2020- 2021’’, le regroupement politique de l’opposition ayant soutenu le candidat de Mahamane Ousmane rendait publics avant pour dégager la position de ses membres par rapport à des préoccupations d’intérêt national ne se font plus depuis belle lurette.

Pourtant ce ne sont pas les occasions qui manquent, tellement ce régime des Renaissants posent régulièrement des actes de malgouvernance d’une gravité extrême sur lesquels les citoyens veulent bien voir l’opposition s’en saisir pour lui demander des comptes.

Mais pour nuancer nos propos, nous reconnaissons tout de même qu’il y a encore quelques leaders politiques qui ont le courage d’assumer leur rôle. Ceci étant dit, pour ne pas remonter loin dans le recensement des impairs graves de la gestion des Renaissants, nous nous limiterons simplement à de faits récents abondamment traités par les médias locaux et certains médias étrangers qui ont laissé indifférente la Coalition pour l’alternance 2020-2021.

Commençons d’abord par ce gigantesque scandale de corruption dans l’affaire dite ‘’Uraniumgate’’, qui vient d’être remis en surface grâce à des investigations menées par des juges français et américains, lesquelles investigations ont soulevé un nouveau coin de voile méconnu de l’affaire.

Alors qu’initialement la seule personnalité politique du régime citée dans l’affaire portant sur un détournement présumé d’un montant d’environ 200 milliards de francs CFA est le ministre Massaoudou Hassoumi, directeur de cabinet de l’ancien président Issoufou Mahamadou à l’époque des faits, voilà que de nouvelles révélations sont faites par les investigateurs occidentaux.

Africa Intelligence, le bulletin français d’investigation, qui a publié les résultats de l’enquête internationale, met en cause l’ancien président Issoufou d’avoir perçu sous un nom de code (T3) des rétro-commissions de l’ordre de plus de 3 millions de dollars US dans le cadre de la transaction secrète ayant porté sur quelque 2500 tonnes d’uranium. Sur la base de ces nouvelles révélations, les médias et une frange de la société civile indépendante ont réactivé le débat qui est toujours en cours d’ailleurs. Etrangement, jusqu’ici, l’opposition n’a pas daigné se prononcer sur le sujet malgré son caractère gravissime. Qu’est-ce qui pourrait justifier ce silence assourdissant des opposants membres de la coalition ? Mystère !

C’est dans ce contexte difficile pour le régime qu’est intervenue la cérémonie officielle de présentation du prix MO Ibrahim décerné en 2021 à l’ancien président Issoufou Mahamadou pour ‘’l’excellence’’ de sa gestion démocratique du pouvoir durant ses deux mandats.

Une distinction que l’écrasante majorité des Nigériens ont perçu comme une insulte à leur encontre au regard de la gestion prédatrice de l’Etat par l’ancien président qui s’est arrangé pour placer toutes les institutions de la République sous sa coupe et gérer le pays pendant dix ans selon un mode qui n’a rien à envier à un régime véritablement dictatorial.

A cette occasion aussi, les Nigériens ont attendu vainement l’appréciation du prix par l’opposition. Le président Mahamane Ousmane et ses camarades n’ont pas pipé mot.

Plus grave dans l’attitude de cette opposition, c’est qu’elle s’abstient même de se prononcer sur une question d’une extrême gravité, car mettant en péril l’existence même de l’Etat, notamment la gestion de la crise sécuritaire à laquelle est confronté notre pays depuis bientôt dix ans.

Le gouvernement fait arrêter à tour de bras des acteurs politiques et civiques qui s’indignent de la gravité de la situation ou qu’il accuse faussement d’actes de nature à saper la paix et les relations de bon voisinage avec les pays voisins confrontés à la même situation.

Dans le même temps, dans les rangs même du régime, des personnalités s’adonnent en toute impunité à ce genre d’actes qui suscitent même des tollés d’indignation et de protestation chez les voisins.

La toute dernière en date, c’est bien évidemment cette interview accordée par le président Bazoum à Jeune Afrique dans laquelle, comme à son habitude, s’est fendu en critiques acerbes contre la stratégie de lutte contre le terrorisme des autorités burkinabé et Maliennes, pour justifier les difficultés qu’il a dans son pays pour endiguer rapidement le fléau. Le problème, c’est l’autre mais non moi ! Plus grave encore, il s’en est même pris à nos armées qu’il a dévaluées à travers une comparaison avec l’ennemi. Là également, l’opposition ne va pas réagir pour rappeler le président Bazoum à l’ordre. En tout cas, sa réaction qui devrait être spontanée se fait toujours attendre.

C’est quoi finalement cette opposition politique qui pense que son salut en 2025-2026 réside dans le fait de refuser d’assumer son rôle par crainte des représailles du régime en place ? A la lumière de ce comportement démissionnaire des opposants politiques face à leurs responsabilités, les Nigériens savent désormais à quel type de classe politique qu’ils ont affaire. Ils sont quasiment tous dans la politique pour accéder au pouvoir d’Etat et jouir des avantages qu’il procure ; ils ne sont nullement venus à la politique pour défendre les intérêts du pays et promouvoir son développement harmonieux dans lequel les citoyens à la base trouveraient leurs comptes.

Amadou Madougou