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Gouvernance de Bazoum Mohamed : Comment sortir de l’étouffement ?

Pendant quatre mois, Bazoum Mohamed est à la tête du Niger, évoluant sur un terrain marécageux où ses amis ne semblent pas vouloir lui faciliter la tâche. Depuis quatre mois donc, l’homme marche, tente d’imprimer sa marque mais contrarié par un clan qui sait qu’il a mal géré et qui voudrait se servir de lui pour ne pas répondre de ses actes. Bazoum, il faut le dire, vient à un moment où, le pays va mal : au plan sécuritaire avec une violence terroriste qui prend de l’ampleur, au plan économique avec des caisses vidées qu’il trouve en héritage et un chapelet de scandales qu’on voudrait qu’il couvre, au plan social avec un pays gravement divisé avec en toile de fond le réveil des réflexes identitaires que les réseaux sociaux ont exacerbés, et au plan politique, avec une victoire contestée, et un champ politique marqué par de graves dissensions qui couvent aujourd’hui encore. Les défis, ainsi qu’on peut les voir, sont immenses pour un homme qui arrive presque sans moyens, peut-être aussi tragiquement, sans le pouvoir de son pouvoir. Il a pourtant conscience de la délicatesse de son pouvoir pour comprendre après seulement quelques semaines, qu’au lieu de « consolider et avancer », l’urgence lui commande plutôt de « rassembler et d’avancer », choix qui, comme il fallait s’y attendre, avait irrité certains milieux de son camp qui n’ont pas attendu longtemps pour arrêter ce qu’ils peuvent considérer comme une dérive de la gouvernance du Philosophe. Il a compris qu’il lui est est difficile de reconstruire et « d’avancer » avec des hommes et des femmes qui n’ont appris qu’à voler, qu’à détourner, et à ne rien respecter des convenances et des textes de la République. Comment avancer quand ses collaborateurs sont souvent des gens sales, des hommes et des femmes qui se sont compromis dans des affaires graves, quand de graves soupçons pèsent sur ses collaborateurs ? Là est tout le drame que vit aujourd’hui l’homme qui préside aux destinées du pays et qui, pris en tenaille dans son pouvoir par sa volonté de rentrer dans l’histoire, de gouverner dans l’intérêt des Nigériens et un lobby que dirige son prédécesseur, décidé à assurer à la pègre qui l’a entouré pendant dix années de saccage et de pillage une impunité contre laquelle pourtant, dès les premières heures de son entrée en fonction, Bazoum dit se battre sans faiblesse, chacun devant désormais répondre de ses actes sans compter sur personne. Verbe, c’est vrai car, plusieurs mois après, les Nigériens attendent de voir des actes qui peuvent convaincre de la volonté politique exprimée. Le seul cas d’Ibou Karadjé qui, au regard de son ampleur et de ses implications, pourrait faire effondrer le système Issoufou peine à avoir une suite véritable car les hommes cités sont bien connus et formant aujourd’hui encore, le sérail du nouveau président qui sait bien qu’il doit s’en méfier car ces femmes qui crient sur tous les toits qu’il n’est président que par leur volonté, pourraient être capables du pire pour s’imposer, peuvent avertir des analystes avertis. D’ailleurs, le PNDS n’aurait- il plus d’hommes et de femmes valables pour que les mêmes sur lesquels pèsent de graves soupçons, soient encore et toujours aux affaires pour ne pas avoir à répondre de leurs actes ? Pourtant, on le sait, après chaque passation, il faut qu’on ait un état des lieux auquel tout bon démocrate ne saurait se soustraire. Si Issoufou semble ne pas le vouloir, c’est qu’il a conscience des gaffes commises autour de lui lorsqu’il pouvait assurer aux siens une certaine impunité. Dans toutes les bonnes démocraties, les choses ne peuvent que se passer ainsi et on se demande pourquoi Issoufou voudrait s’y soustraire lui a fait croire au monde entier qu’il aura gouverné mieux le Niger. Que peut-il craindre s’il a la conviction d’avoir bien gouverné, bien géré ? Il se trouve malheureusement que les fais ne militent pas en sa faveur : et lui et certains ténors qui l’ont accompagné, tout socialistes qu’ils seraient, trônent aujourd’hui sur des fortunes immenses qu’ils ne peuvent justifier car elles ne sont même pas justifiables par le seul fait d’avoir occupé des responsabilités politiques. Avant eux, personne dans le pays ne se serait tant enrichis. Tout le monde le sait. Ils le savent aussi. Et on comprend, de ce fait, leurs appréhensions, les mêmes pour lesquelles, ils peuvent trafiquer des résultats électoraux dans certaines régions au moyen de falsifications de PV, de bourrages d’urnes et d’utilisation d’armes à feux pour intimider des agents électoraux ce, afin de s’imposer. On sait surtout qu’ils ne l’ont pas fait pour Bazoum et beaux yeux que nombre d’entre eux avaient même contesté comme candidat, mais pour assurer leurs arrières.

Face aux multiples défis qui attendent et pour lesquels il ne peut perdre encore trop de temps car à la fin, les Nigériens devront juger de ce qu’aura été sa gouvernance, Bazoum, depuis quelques jours, sans doute après que son ami ait défié son pouvoir en allant faire son one man show à Tahoua, devrait se demander, comment peut-il sortir de cet étouffement, de cette volonté de prendre en otage son pouvoir pour l’empêcher de gouverner au mieux de ses convictions ?


Pour certains observateurs, Issoufou se trompe d’époque et d’objet car les hommes peuvent tout partager, sauf le pouvoir. Pour ceux-là, Bazoum ne peut plus longtemps supporter ces caprices et ces télescopages qui le défient comme pour montrer qu’il ne tient pas la réalité du pouvoir et que celui-ci, malgré le départ de l’autre du pouvoir, reste encore entre les mains de celui qu’on pourrait considérer comme étant son bienfaiteur. Pourtant, ceux qui savent lire entre les lignes, pour donner sens à certains faits, peuvent comprendre que la lune de miel entre les deux hommes, malgré les prudences mesurées de François Soudan de Jeune Afrique, ne peut durer longtemps car, comme l’a dit un panéliste sur une des télévisions privées de la place, l’homme n’est pas du genre à se laisser manipuler pour lui dénier toute personnalité. D’ailleurs, pour certains observateurs, Bazoum Mohamed, après plus trente années de compagnonnage et d’amitiés, pourrait être celui qui a le mieux compris Issoufou pour avoir le « mot de passe » par lequel, il est facile de prendre l’homme. Il a en, d’autant intelligemment usé qu’il a réussi à se faire coopter par l’homme avec lequel, pourtant, en certains moments, il avait de graves divergences ayant commencé à naître, notamment autour de la création du parti et de celui qui pouvait réclamer sa paternité. Bazoum est quand même connu pour être cet homme trop franc qui avait peu de soin pour ses discours publics et pouvait tout dire pour frustrer des adversaires, pour faire mal à un autre, comme pour plaire à dessein à l’ami et comme s’il ne devrait pas avoir d’ambitions politiques sérieuses pour rester dans cette posture qui soigne peu son image de futur présidentiable. Il savait peut-être que c’était la seule façon pour lui de rester dans les bonnes grâces de son ami avec lequel, nous le rappelions tantôt, il avait eu étouffement, de cette volonté de prendre en otage son pouvoir pour l’empêcher de gouverner au mieux de ses convictions ?


Pour certains observateurs, Issoufou se trompe d’époque et d’objet car les hommes peuvent tout partager, sauf le pouvoir. Pour ceux-là, Bazoum ne peut plus longtemps supporter ces caprices et ces télescopages qui le défient comme pour montrer qu’il ne tient pas la réalité du pouvoir et que celui-ci, malgré le départ de l’autre du pouvoir, reste encore entre les mains de celui qu’on pourrait considérer comme étant son bienfaiteur. Pourtant, ceux qui savent lire entre les lignes, pour donner sens à certains faits, peuvent comprendre que la lune de miel entre les deux hommes, malgré les prudences mesurées de François Soudan de Jeune Afrique, ne peut durer longtemps car, comme l’a dit un panéliste sur une des télévisions privées de la place, l’homme n’est pas du genre à se laisser manipuler pour lui dénier toute personnalité. D’ailleurs, pour certains observateurs, Bazoum Mohamed, après plus trente années de compagnonnage et d’amitiés, pourrait être celui qui a le mieux compris Issoufou pour avoir le « mot de passe » par lequel, il est facile de prendre l’homme. Il a en, d’autant intelligemment usé qu’il a réussi à se faire coopter par l’homme avec lequel, pourtant, en certains moments, il avait de graves divergences ayant commencé à naître, notamment autour de la création du parti et de celui qui pouvait réclamer sa paternité. Bazoum est quand même connu pour être cet homme trop franc qui avait peu de soin pour ses discours publics et pouvait tout dire pour frustrer des adversaires, pour faire mal à un autre, comme pour plaire à dessein à l’ami et comme s’il ne devrait pas avoir d’ambitions politiques sérieuses pour rester dans cette posture qui soigne peu son image de futur présidentiable. Il savait peut-être que c’était la seule façon pour lui de rester dans les bonnes grâces de son ami avec lequel, nous le rappelions tantôt, il avait eu quelques brouilles. On comprend donc que pour un temps, il soit obligé d’avoir ces gentillesses pour son ami, le temps d’avoir un contrôle total de son pouvoir comme l’a, du reste fait, au Congo, Félix Tshisekedi, qui, ayant compris qu’il ne peut pas plus longtemps s’accommoder de l’influence nocive de son prédécesseur, a joué à renverser la majorité à sa faveur pour gouverner plus librement. Quoi qu’il fasse, Bazoum Mohamed finira par comprendre qu’il ne peut, lui aussi, avoir de choix que celui-là pour voler de ses propres ailes et s’affranchir d’un pouvoir dont il ne jouit du duplicata, la copie conforme et originale restant dans les mains de celui qui a prétendu qu’il lui a passé la main pour assoir la première alternance pacifique dans le pays. Tout le monde aura compris qu’en réalité Issoufou ne voulait pas quitter le pouvoir et il l’a du reste dit à Tahoua, lorsqu’il peut dire en langue devant ses fans qu’il a la nostalgie du pouvoir comme pour faire entendre qu’il ne s’en est pas éloigné et que peut-être, jouant de scénarii plausibles, peut-être, rêve-t-il d’un come-back ?


Il est certain que le Niger ne peut trouver son chemin avec de tels télescopages au sein du pouvoir qui, nous l’avons dit, ne peut être partagé par deux hommes, entendu que l’autre, dans le principe, n’est plus aux affaires pour se prévaloir de quelques autorités pour croire qu’il peut toujours déterminer le nouveau pouvoir pour qu’il ne répondre qu’à ses désirs et aux désirs de son clans, non aux désirs de Nigériens qui attendent que leur vie change et surtout que leur pays soit géré dans le respect des normes et des valeurs qui fondent la démocratie et l’Etat de droit.

Le duel silencieux auquel se livrent à distance les deux hommes même si l’on apprend qu’ils se rencontrent et qu’ils se parlent, finira par éclater. Ce qu’on a vu à Tahoua avec les propos peu politiques tenus par le sortant, pleins de mépris et d’arrogance, en sont un signe. Bazoum ne peut pas protéger tant de voleurs et de détourneurs patentés. En ne leur arrachant pas ce qu’ils ont pris à l’Etat, il est clair que lui ne pourra pas avoir les moyens pour gouverner, pour faire des réalisations et surtout pour rassurer des partenaires qui attendent que la vie publique soit assainie. Des familles ne peuvent pas s’en aller avec la fortune du pays pour croire qu’ainsi, ils peuvent durablement s’imposer aux Nigériens.

Ses choix d’envoyer vers le peuple des signes de décrispation ne doivent pas être que politiciens ; ils doivent être commandés par un réel désir de changer et de gouverner autrement le Niger qui ne peut émerger si les mêmes tares doivent être propagées et protégées.

On ne peut pas gouverner par un autre et le nouveau président finira par s’en rendre compte pour décider de s’affranchir du tutorat qu’on veut lui imposer pour ne servir que d’instrument aux mains d’un autre. Il doit sortir de ce carcan pour gouverner par ses seules convictions et pour le faire, tant dans le pays que dans son parti, il ne manquera pas de Nigériens responsables pour l’aider dans sa nouvelle politique de refondation du Niger qui a réellement besoin de renaitre. La renaissance actée par son prédécesseur n’aura conduit qu’à la mort lente du Niger, dépourvu de son unité, de ses valeurs fondatrices de rigueur et de sérieux au travail, de fraternité et de solidarité, de tolérance et d’engagement.
La trêve qu’on peut voir sur le champ politique ne s’explique que par l’espoir de ce virage que le nouveau président semble vouloir amorcer. Mais s’il se plie aux désidératas de son ami qui ne pense qu’à protéger une famille, un clan, il va sans dire que face à lui, demain et toujours, il aura à faire face aux même adversité, toute chose dont n’a pas besoin de pays aujourd’hui trop fragile. Pour ce pays qui va mal, l’on ne saurait s’accommoder de ses insouciances qui peuvent à terme conduire loin le pays, en tout cas jusqu’à sa perte. Les défis sont immenses et on ne peut continuer à se jouer d’un pays. D’un peuple surtout.

Par Waz-Za