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Expansion du Terrorisme au Sahel : La solidarité triangulaire s’impose !

L’Afrique fait face à elle-même ; le Sahel à lui-même et son destin. Voici plus de soixante ans que l’Afrique a accédé à la souveraineté internationale qui ne put lui empêcher de subir le diktat des puissances colonisatrices surtout quand il s’agit de pays francophones ayant évolué sous le joug de la France. Pour le Sahel, riche de son histoire et des mobilités qui l’on traversé et configuré sans cesse, on ne vit le plus souvent qu’instabilités climatiques avec comme corollaires les sécheresses et famines cycliques, et dans bien de cas, par les retards accusés dans bien de domaines, des turbulences et crises politiques diverses qui ont fait de cette zone du monde, un espace aujourd’hui au coeur des intérêts de la géopolitique internationale. Cet intérêt est davantage aiguisé par les potentialités dont regorge le sous-sol sahélien et sur lesquelles un terrorisme télécommandé donne le prétexte de se positionner au nom de la lutte contre le terrorisme. En effet, depuis près de dix ans, cette partie du continent, qui paie ainsi pour ses richesses, fait face à une rare violence terroriste qui va jusqu’à menacer l’existence des Etats, avec sur les trois territoires les plus impactés, le triangle formé par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, des partis des territoires sous le contrôle des terroristes. Au Niger où l’on peut entendre un certain discours politique ambiant dire qu’aucun terroriste n’occupe le territoire national et que tous ceux d’entre eux qui agissent au Niger ne viennent que d’ailleurs pour agir sporadiquement pour regagner chez les voisins leurs tanières. Ce discours, l’on peut s’en rendre compte aujourd’hui, est caduque car les preuves sont données que ces hors-la-loi sont bien sur le territoire nigérien où ils exercent un contrôle. Comment ne pas le croire quand, sur bien de parties du pays, les populations vivent au quotidien avec ces terroristes, rencontrent les nouveaux maîtres dans les marchés qui tiennent des prêches pour endoctriner les populations, non sans prétendre les protéger ? Comment ne pas le croire quand, il y a quelques jours, un maire dans le département de Téra s’offusquait du « laxisme de l’Etat » – c’est son expression informant que dans un village de sa commune, les terroristes ont érigé des hangars pour soi-disant, enseigner séparément aux filles et aux garçons le Coran ? Où est l‘Etat surtout quand dans cette zone, ses propre écoles sont fermées, et ne fonctionnent pas souvent depuis plusieurs années ? Peut-on d’ailleurs croire à ce discours politique quand, en plus, sur bien d’espaces, des centaines, voire des milliers d’écoles sont fermées, l’Etat lui-même ne pouvant assurer la sécurité pour que les enfants puissent avoir la chance, comme dans d’autres parties du pays, d’aller à l’école pour bénéficier de la plénitude d’un droit que la loi fondamentale du pays leur reconnait ?

Face au défi sécuritaire, les trois pays sahéliens les plus impactés, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, leurs gouvernements et leurs armées avaient été mis à l’épreuve, et face à la complexification de la situation, les Etats n’eurent de choix, lorsqu’ils manquent d’inspiration face au phénomène, que d’opter pour une coopération militaire avec les puissances occidentales qui ne peuvent que sauter sur une telle aubaine, pour déployer leurs armées, leurs armes et leurs logistiques pour occuper militairement les territoires sahéliens en proie à la violence terroriste. Pendant une décennie d’alliance militaire, les puissances étrangères, ne purent arriver à bout du phénomène, avec les attaques qui se multiplient, les deuils qui s’alignent, la peur et la psychose qui s’installent, des espaces qui sont désertés et des enfants qui ne peuvent plus aller à l’école, suivant les familles dans l’exil. Les populations avaient fini par s’excéder d’une alliance inefficace et demandèrent partout, le départ des troupes étrangères, notamment françaises au devant du déploiement des forces armées européennes et américaines. Ce rejet de la France dans sa collaboration suspecte dans la guerre, très fort ces dernières années, avait aussi fini par offusquer une France qui ne pouvait pas comprendre que les Sahéliens aient le droit de douter d’elle et notamment quand elle ne peut apporter les preuves de sa sincérité et de son efficacité dans l’alliance.

Dix ans après, le problème reste entier et l’on a vu, assumant leurs choix, quelques Etats – le Mali avant le Burkina Faso – demander, rien que le départ des troupes françaises de leurs territoires. La France en avait été humiliée, incapable de comprendre cette insoumission qui remet désormais en cause son influence sur le continent, mais elle ne comprit jamais l’attitude à avoir face à ces colères sahéliennes tout à fait légitimes pourtant. Alors qu’elle prédisait l’apocalypse pour l’insoumis Mali, annonçant l’effondrement du pays de Goïta, l’on apprend la montée en puissance de l’armée malienne et surtout, des victoires importantes sur des factions du terrorisme dans le pays au point où, il y a quelques jours, l’on apprenait que les éléments des groupes terroristes qui ne purent résister face à la force de frappe de l’armée malienne, durent opter pour la débandade, se repliant et se réfugiant au Niger où ils pouvaient souvent perpétrer quelques actes.

Aujourd’hui, face aux lamentations des populations et doutes sérieux sur l’alliance militaire française, bien de pays ont compris qu’il ne peut avoir de salut pour les pays sahéliens dans cette lutte qu’on leur a imposée, sans revoir les alliances militaires et surtout promouvoir des alliances régionales entre Etats concernés d’abord qui doivent apprendre à compter sur eux-mêmes et notamment en mutualisant leurs efforts et surtout en mettant synergie leurs armées pour mieux contrôler leurs frontières et surtout anéantir les groupes qui opèrent à l’intérieur, en détruisant leurs nids. Par l’aide des vecteurs aériens et de drones acquis par certains pays depuis qu’ils se sont débarrassés de la France, il est désormais possible, par les armées nationales de géo-localiser les mouvements des terroristes, leurs camps, et s’en servir à les détruire. C’est ce que font depuis quelques temps le Mali et le Burkina Faso qui ont presque déclaré le degré zéro de l’intolérance avec ces « fous » dont personne ne peut comprendre l’objet de leur combat. Avec les succès engrangés que les médias français ne peuvent avoir le courage de dire, misant toujours sur une improbable catastrophe qui arriverait à ces pays qui ont fait le choix courageux s’assumer leur souveraineté pour se battre et assurer leur sécurité par leurs soldats. Et depuis, tous ont compris la nécessité de se mettre ensemble, autour de ce grand triangle convoité par la géopolitique internationale pour se mettre à l’abri de la violence terroriste et mettre ainsi leurs richesses à l’abri de prédateurs impénitents.

Une solution sahélienne problème sahélien…
Le Sahel, comme toute l’Afrique, n’a aucun intérêt à sous-traiter sa sécurité. Une sécurité quand même un certain discours français veut faire du terrorisme un défi mondial, sans expliquer pourquoi, et pour quel intérêt revendiqué le terrorisme s’est installé sur cette partie du continent, reste de la responsabilité politique et de la souveraineté d’un Etat qui doit être jaloux de l’intégrité de son territoire. Le Niger qui semble ne pas être dans la démarche des deux autres pays, est pourtant conscient de l’impérieuse nécessité de se mettre ensemble pour traquer le mal et libérer tout l’espace sahélien de l’emprise terroriste qui a profité de ce manque de solidarité entre les Etats, souvent même de leurs incompréhensions et de leurs tensions pour gagner plus de terrain. Il y a quelques jours, le Niger envoyait une délégation militaire conduite par le Chef d’Etat-major de l’armée, pour aller rencontrer les autorités de la transition malienne afin de s’entendre sur de nouvelles stratégies collégialement pensées pour booter hors de leurs espaces ce terrorisme pernicieux. D’ailleurs, quand on apprend juste après la mission de l’Etat-major que les autorités nigériennes, réussissaient à libérer un otage américain et un français, menant leurs opérations au coeur du Mali, c’est que l’on a compris que malgré les discours discourtois échangés par médias interposés, le fil diplomatique, pour autant n’était pas coupé entre les deux pays pour avoir, pendant de longs mois et de longues années poursuivi des négociations qui ont fini par aboutir à l’heureux événement de la libération des deux otages français et américain. Aussi, lorsqu’après la mission de l’Etat-major nigérien, l’on apprend que l’armée nigérienne, traquant des terroristes qui ont commis la dernière attaque barbare dans le département de Banibangou, a poursuivi jusqu’en terre malienne pour neutraliser de nombreux éléments, c’est que le Niger a compris sans ces accords entre Etats, il est difficile d’arriver à bout de la menace et que le Mali n’est pas fondamentalement un ennemi mais bien un partenaire privilégié dans cette lutte contre ce grand banditisme qui veut déstabiliser nos Etats.

La solidarité triangulaire entre les trois Etats est donc vitale et nécessaire pour mieux réussir la lutte que les Etats touchés par le phénomène terroriste doivent s’imposer, au lieu de compter sur un autre. Compter sur la France ou sur un autre, n’est pas une stratégie car le faire c’est infantiliser nos Etats, refuser de croire en eux, en la capacité de leurs hommes à se défendre. Si ces partenaires sont de bonne foi, ils doivent aider en armements, en logistique, en moyens de renseignement et en formation élitiste des armées. Le reste, les armées pourront le faire car il s’agit bien des descendants de ceux qui avaient aidé à libérer la France de l’occupation Nazi ! Il est donc plus judicieux et responsable de conjuguer les efforts, entre Etats concernés d’abord, puis avec d’autres Etats voisins pour que les armées soient constamment à l’affut pour arriver à bout de la menace.
C’est le temps d’être responsable.
Par Waz-Za