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Des personnalités politiques américaines appellent à l'assouplissement des sanctions de la CEDEAO contre le Niger

Niamey, 20 Sept (ANP)  Cinq (5) personnalités politiques américaines que sont Mme Sara Jacobs, membre de la sous-commission Afrique, Mme Sydney Kamlager-Dove, M. James P. McGovern, Mme Ilhan Omar et M.Joaquin Castro, tous membres du Congrès,  ont interpellé  M. Antony BLINKEN, secrétaire d'État des États-Unis et Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis aux Nations unies sur la situation au Niger. Ils expriment leur indignation sur les sanctions que la CEDEAO a infligées au peuple nigérien après les évènements du 26 juillet 2023.

Dans une correspondance conjointe en date du 18 septembre, ces cinq membres du congrès avaient d’abord salué les efforts du gouvernement américain, déployés pour soutenir le rétablissement d'un régime civil au Niger, notamment en soutenant le dialogue mené par la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). ‘’Nous continuons à suivre de près les événements au Niger et l'instabilité persistante dans l'ensemble de la région du Sahel. Nous vous écrivons pour vous faire part de notre inquiétude quant à l'impact des sanctions de la CEDEAO sur les populations civiles, en particulier en ce qui concerne la fourniture de services humanitaires et de développement’’.

S'il est important de maintenir la pression en faveur d'un retour à un régime civil, ‘’nous devons atténuer autant que possible les retombées pour la population. Par conséquent, nous demandons instamment à l'administration Biden de plaider en faveur d'exemptions pour l'aide humanitaire et les produits de base essentiels tels que la nourriture et les médicaments intégrés dans les sanctions actuelles de la CEDEAO. Plus précisément, nous encourageons les représentants du gouvernement américain à insister sur cette question auprès de leurs interlocuteurs dans les États membres de la CEDEAO lors de la  78e session de l'Assemblée générale des Nations unies’’.

 Suite à la prise de contrôle militaire du gouvernement nigérien le 26 juillet, la CEDEAO a imposé des sanctions au Niger, notamment la fermeture des frontières terrestres et de l'espace aérien commercial avec le Nigeria et le Bénin, la suspension de toutes les transactions commerciales avec le Niger, le gel des avoirs de l'État du Niger à la Banque centrale de l'Afrique de l'Ouest et le gel des avoirs de l'État du Niger dans les banques commerciales. ‘’Si l'objectif de ces sanctions est d'affirmer la nécessité de rétablir un régime civil dans le pays, il est également important que toutes les parties prennent des mesures pour rétablir un accès humanitaire sans entrave pour les civils qui ont besoin d'une aide humanitaire’’.

Le 17 août, le sous-secrétaire général aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d'urgence des Nations unies a envoyé une lettre aux dirigeants de la CEDEAO, exprimant son

inquiétude quant à l'impact négatif des sanctions de la CEDEAO à l'encontre de la population civile nigérienne et la demande de modification des régimes de sanctions actuels afin de garantir l'acheminement de l'aide en temps voulu et l'autorisation des transactions essentielles aux opérations humanitaires. Cette demande a été reprise dans une note de plaidoyer du 28 août signée par plus de 40 organisations internationales humanitaires et de développement à but non lucratif. Les sanctions de la CEDEAO, ainsi que les mesures prises par la junte nigérienne, ont réduit l'accès aux denrées alimentaires de base et aux produits pharmaceutiques. En outre, les acteurs du développement et des services humanitaires sont confrontés à des limites sur les retraits d'argent dans les banques commerciales basées au Niger, ce qui a un impact sur leur capacité à financer les projets en cours. Avant la prise de pouvoir par les militaires, on estime que 4,3 millions de personnes avaient déjà besoin d'une aide humanitaire au Niger. À la mi-août, le Programme alimentaire mondial a estimé que 3,3 millions de personnes étaient en situation d'insécurité alimentaire "grave" et que des millions d'autres pourraient se retrouver dans une situation d'insécurité alimentaire grave en raison de l'impact des sanctions. En l'absence d'exemptions humanitaires pour les sanctions, les acteurs humanitaires estiment que les stocks alimentaires d'urgence ne peuvent atteindre que 1,2 million de Nigériens jusqu'à la fin du mois de septembre et que les fonds actuels pour les programmes d'assistance à la protection ne dureront que jusqu'en novembre 2023, ce qui pourrait mettre en danger plus d'un million de personnes qui dépendent de l'accès à ces programmes pour accéder aux ressources et à la sécurité physique.

‘’Nous craignons que si les exemptions humanitaires ne sont pas mises en œuvre de manière opportune et efficace, les sanctions de la CEDEAO ne plongent des millions de Nigériens dans une insécurité alimentaire plus aiguë. Nous craignons également que l'impact des sanctions sur les populations civiles n'incite la population à soutenir davantage le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Les privations accrues découlant des sanctions sans exemptions humanitaires peuvent également servir d'outil de recrutement pour les organisations extrémistes violentes et créer des opportunités de commerce dans les économies de marché noir. L'intégration d'exemptions humanitaires est cohérente avec les déclarations de la CEDEAO selon lesquelles les sanctions ne doivent pas empêcher l'acheminement de l'aide humanitaire aux citoyens des États membres de la CEDEAO, avec la résolution 2664 (2022) du Conseil de sécurité des Nations unies, qui autorise des exemptions humanitaires dans les mesures de gel de savoirs des Nations unies, et avec les licences générales globales du département du Trésor des États-Unis visant à faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Par conséquent, nous demandons instamment à l'administration Biden d'engager les dirigeants et les États membres de la CEDEAO à modifier rapidement les sanctions existantes afin d'y inclure des exemptions humanitaires, et de revoir toutes les sanctions adoptées à ce jour en appliquant le principe "Do no harm" (ne pas nuire).’’

SML/ANP/092/Septembre 2023

Source : http://www.anp.ne