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Conférence des cadres du président de la République Bazoum Mohamed est capable de libérer des terroristes, mais pas les prisonniers politiques

Le Président Bazoum Mohamed, soulignent les commentateurs, n’a pas failli à la tradition qu’on lui colle. Lors de la conférence des cadres qu’il a initiée et tenue le vendredi 25 février 2022, à Mahatma Ghandi, il a, de nouveau, commis une bourde. Une grosse bourde qui continue à faire jaser, tant la gravité des propos dépasse l’entendement dans une République démocratique chantée à longueur de journée par ses animateurs. « Ce sont neuf chefs terroristes que j’ai identifiés, que j’ai fait sortir de Koutoukalé [la prison de haute sécurité] et que j’ai directement reçus à a présidence de la République parce que je cherche la paix », a déclaré Bazoum Mohamed. Il s’en explique : « J’ai informé les responsables de [mes] forces de défense et de sécurité… » a souligné le chef de l’Etat qui semble soutenir que l’accalmie constatée (?) est liée à ces libérations qu’il a décidées. Bazoum Mohamed va plus loin dans la révélation, soulignant qu’il a plein d’émissaires dans toute la zone. Des émissaires sur l’identité desquels il ne s’est pas attardé mais qui lui ont permis de cibler les terroristes qui doivent être libérés. Bazoum Mohamed, qui dit leur avoir parlé « le langage qu’ils comprennent », précisé également que, « Il y a même un zarma parmi eux »,. Une autre bourde dont il ne se rend nullement compte. La révélation a fait l’effet d’une bombe. Bien que bourrée de partisans, essentiellement des militants du Pnds Tarayya et des partis alliés du pouvoir, le propos du Président Bazoum Mohamed n’a pas laissé indifférent. Selon un participant qui a requis l’anonymat, c’était la stupeur. Des murmures de réprobation vite étouffées ont échappé par-ci, par-là.

Le principe de la séparation des pouvoirs, tant invoqué par les tenants du pouvoir, n’a pas interdit à Bazoum Mohamed de libérer des terroristes.

C’est connu, à chaque fois que l’on demande aux autorités nigériennes de décrisper le climat politique en élargissant les prisonniers politiques, elles ont toujours argué qu’elles voudraient bien mais qu’elles ne peuvent rien pour la simple raison que la justice est indépendante et qu’elles ne peuvent pas interférer dans les affaires judiciaires. Une réponse devenue la ritournelle des tenants du pouvoir qui expliquent que le Niger est une république et qu’en république, le principe reste la séparation des pouvoirs. En vérité, personne n’y croit, la rupture d’égalité des Nigériens devant la justice étant criarde. Le propos du Président Bazoum vient le confirmer. Il a déclaré avoir libéré des terroristes, au nom…de la paix qu’il veut pour son pays. Le principe de la séparation des pouvoirs ne lui pas interdit de le faire. Il a volé en éclats pour des terroristes. Ils ont été libérés par les soins du Président Bazoum qui dit les avoir même reçus à la présidence de la République. Que se sont-ils dit ? Motus et bouche cousue. On ne sait rien, non plus, sur l’identité de ces émissaires qui ont certainement servi d’intermédiaires. Des émissaires que le Président Bazoum, lui, connaît si bien qui lui ont fait comprendre le bien-fondé de la libération des terroristes. Selon les témoignages d’un commissaire de police qui a requis l’anonymat, il y aurait parmi eux, au moins, cinq qui sont très dangereux et qui écument la région.

Quid des prisonniers politiques qui pullulent comme têtards dans un étang dans les prisons nigériennes ! Des hommes politiques, des acteurs de la société civile, mais aussi des militaires. Même des malades mentaux y ont séjourné. Arrêtés, soit pour leurs opinions et/ou des propos tenus en période électorale, les premiers n’ont pas bénéficié de la même mansuétude que les terroristes. Bakary Saïdou, l’ancien président du groupe parlementaire du Moden Fa Lumana Africa a passé cinq ans derrière les barreaux sans jugement. Actuellement, d’autres hommes politiques sont dans les liens de la détention. Bazoum Mohamed n’a pas cru nécessaire de les élargir de prison. La faveur qu’il a accordée à des terroristes, le Président Bazoum ne voit aucune raison, sans doute, de l’accorder aux prisonniers politiques.

Qui sont ces émissaires dont parle le Président Bazoum ?

Les Nigériens sont choqués par la dialectique du chef de l’État qui trouve commode d’élargir de prison des individus qui ont commandité et/ou perpétré des massacres sur les populations nigériennes, civiles et militaires, mais garde en prison des compatriotes dont l’unique tort est d’avoir exprimé une opinion politique. En agissant comme il l’a dit, le Président Bazoum est sous le coup d’une violation du principe constitutionnel de séparation des pouvoirs. Sur les réseaux sociaux, les critiques et diatribes ne finissent pas. Selon certains, il est utile que Bazoum Mohamed s’explique sur l’identité de ces émissaires qui intercèdent pour la libération de terroristes mais qui ne peuvent le faire pour des acteurs politiques ou de la société civile. Sont-ils, eux-mêmes, des terroristes ou des représentants de pays tiers ? Quoi qu’il en soit, l’accalmie dont parle le Président Bazoum est relative. De paisibles citoyens continuent à tomber sous les balles terroristes. Pas plus tard que le 20 février 2022, un camion de transport ayant quitté Taroum à destination de Tizegorou, a fait l’objet d’une attaque meurtrière, causant la mort de 18 personnes et des blessures à huit autres.

Doudou Amadou