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Confédération Nigérienne du Travail (CNT) : Message adressé aux travailleurs, militantes et militants de la CNT à l’occasion du 1er mai 2023

Monsieur le Ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection Sociale,

Mesdames et messieurs les membres du gouvernement ;

Honorables députés ;

Excellences mesdames et messieurs les ambassadeurs et représentants des organisations internationales ;

Mesdames et messieurs les Directeurs Généraux des sociétés et offices ;

Mesdames et messieurs les Directeurs et chefs de services ;

Camarades doyens du mouvement syndical ;

Chers invités mesdames et messieurs ;

Camarades !

Ce jour 1er mai 2023, les travailleurs du monde entier commémorent le 137ème anniversaire du drame de Chicago, au cours duquel des responsables syndicaux ; résolument engagés dans un combat qui puise ses origines dans les valeurs humanistes, solidaires, éthiques et morales, tombèrent sous les balles assassines d’employeurs cyniques, cupides, sans foi ni, loi.

Cette date anniversaire des évènements de Chicago a toujours donné l’occasion aux travailleurs du monde entier de manifester pour désapprouver de telles atrocités, mais aussi d’attirer l’attention de la gente humaine sur la nécessité d’abolir l’injustice dont ont été victimes, les prolétaires de Chicago.

Camarades !

Le 1er mai est à la fois un symbole mais aussi un détonateur, et nous nous devons au niveau de la CNT de saisir cette opportunité afin de nous prononcer sur la vie de la nation. Mais avant tout ; permettez-moi de m’incliner et prier pour les militants et responsables syndicaux de la CNT qui nous ont quittés depuis le 1er mai 2022. Ces braves hommes et femmes qui ont consenti des sacrifices jusqu’à leurs derniers souffles, et qui sont restés fidèles à leur engagement syndical. (Une Fatiha pour le repos des âmes des disparus).

Camarades !

La commémoration du 1er mai 2023 se tient dans un contexte de tension née du refus du gouvernement de négocier avec les organisations syndicales des travailleurs sur leurs revendications aussi justes que légitimes.

A cela s’ajoute la négation flagrante des droits constitutionnels : d’opinion, d’expression et de manifestation. Pourtant, le Président de la République a promis solennellement aux partenaires sociaux et représentants de la société civile, que l’espace des libertés publiques sera scrupuleusement respecté et promu. Mais, quelle ne fut notre surprise d’assister au quotidien à des arrestations motivées par l’expression d’opinion, et surtout de voir les autorités municipales de la capitale interdire systématiquement toutes les manifestations projetées par les organisations syndicales et la société civile.

Pire ! La politisation à outrance de l’administration publique, la corruption, la concussion, le népotisme, le clanisme, le trafic d’influence, les passes droits, les détournements des deniers publics et la gabegie ; bien que punis par la loi deviennent chaque jour davantage des règles et sont érigés en mode de gouvernance, malgré la profession de foi du Président de la République concernant l’assainissement dans la gestion des affaires publiques.

Camarades !

Annoncée à grande pompe, la mensualisation de la pension n’a finalement été que chimère. Aujourd’hui, les fonctionnaires retraités après avoir servi l’Etat avec dévouement, dignité et le sens élevé du devoir accompli, végètent dans une précarité du fait de leur abandon par l’Etat.

Les retraités attendent depuis le mois de janvier le paiement de la pension mensuelle, alors même que des annonces d’illusions confirmaient l’effectivité de sa mensualisation. Cette situation déplorable créée par l’Etat plonge les valeureux retraités dans une situation de laissés pour compte. Pourtant, le paiement de la pension n’est ni une faveur encore moins une charité, mais un droit après des années de dur labeur d’où le terme consacré « admis à faire valoir ses droits à la retraite ». Mais, cette expression est comprise de nos jours comme : « admis à faire valoir ses droits à la détresse ».

Aussi, la CNT apporte-t-elle son soutien indéfectible à tous les retraités et s’engage à les accompagner pour mettre fin, à cette discrimination et ingratitude vis-à-vis de ces vaillants fonctionnaires ayant servi l’Etat durant leurs carrières administratives avec loyauté et dévouement. Camarades !

Concernant la situation sécuritaire, notre pays fait face aux attaques barbares des terroristes et autres groupes armés sans foi ni loi. Ces actes criminels touchant également nos voisins et pays frères ; le Burkina et le Mali. Ces attaques lâches endeuillent aussi bien les Forces de Défense et de Sécurité, que les populations civiles.

A ces deuils, s’ajoutent la fermeture des écoles, l’abandon des terres cultivables, les exactions de toutes sortes perpétrées par des hors la loi ; venus d’où ? Armés par qui ? Leur dessein est de semer la chao et la psychose dans notre sous-région. Malheureusement, cette terreur se déroule malgré la présence des forces étrangères sur notre territoire.

Déjà la réponse souveraine du Mali et du Burkina Faso leur demandant de dégager est la parfaite illustration. Toutefois nous saluons la montée en puissance de nos FDS contre ces forces du mal et nous estimons qu’il est impérieux pour davantage neutraliser ces terroristes que nos armées (Niger, Burkina et Mali) mutualisent leurs efforts et stratégies au niveau des trois frontières. La CNT réaffirme une fois de plus sa position sur le départ des troupes militaires étrangères de notre territoire.

L’on se rappelle encore de la décision courageuse du CMS de Seyni Kountché relativement au départ des troupes françaises à l’époque. Le Niger étant un pays souverain qui n’est sous la tutelle de quelqu’un et d’aucune puissance hégémonique. Notre vaillante armée peut sans ingérence extérieure assurer la sécurité du peuple nigérien et de ses frontières. Les nigériens de 2023, doivent prendre leurs responsabilités à l’instar des nigériens d’hier intègres et courageux.

Au demeurant, son souci cardinal étant de répondre positivement aux aspirations légitimes des travailleurs, dans ce contexte d’insécurité et démission de l’Etat dans des secteurs comme l’éducation, la santé et l’emploi, la CNT ne se lasse point de rappeler aux travailleurs nigériens, que de leur disponibilité, de leur conviction et leur engagement, dépendra non seulement le retour d’une paix inclusive mais aussi, un développement socio-économique significatif du pays.

C’est aussi dans cette logique que, la CNT s’est engagée à dénoncer toutes les violations des droits humains, des libertés syndicales et d’agir pour mettre fin à toute discrimination. La dernière est celle des compagnies de transfert d’argent qui bafouent les lois et règlements en matière du droit de travail et les libertés d’organisation et de négociation.

Il ne peut en être autrement, car la CNT s’est toujours engagée à promouvoir la démocratie et agir pour la protéger, afin que les citoyens bénéficient des conditions qui leurs permettent de jouir et, d’exercer pleinement tous les droits humains universels et inaliénables.

Et la CNT demeure optimiste que le terrorisme, la prolifération des bases militaires étrangères injustifiées, la vie chère, l’abus des entreprises locales et multinationales et le chômage peuvent être endigués si les syndicats, dernier rempart pour les travailleurs, acceptent à l’unisson d’oeuvrer pour le développement du Niger.

De toute évidence, l’histoire de la CNT nous apprend que rien n’est impossible lorsque des organisations syndicales fortes s’investissent en faveur de la protection des travailleurs et, la promotion du bien-être des citoyens. Ce qui justifie d’ailleurs la redynamisation de l’ITN ainsi que la création de l’Unité d’Actions Syndicales du Niger (UAS-Niger) pour initier et cordonner des actions communes au profit de tous.

Car, nous sommes conscients que la sauvegarde des acquis des travailleurs et, des intérêts des citoyens dans un Etat de droit, dépend de notre capacité à répondre présents face au défi lancé au monde du travail.

Il est vrai que, le gouvernement non content d’ignorer les engagements qu’il a signé avec les partenaires sociaux de 2012 à ce jour, refuse tout dialogue pour trouver des solutions consensuelles aux problèmes des travailleurs. Mieux, les pouvoirs publics s’adonnent à des actes d’intimidation, de déstabilisation et de discrimination entre les travailleurs nigériens, mais aussi entre les structures syndicales représentatives.

Hélas ! À cela nous demandons une fois de plus la neutralité du gouvernement dans ses rapports avec les partenaires sociaux. Autrement, en ces attitudes abjectes et révolues la CNT ne voit qu’un stimulant de conviction et de mobilisation, pour prouver qu’il appartient aux travailleurs de déterminer leur propre avenir.

Il est vrai que la CNT s’est assignée comme mission de toujours : ‘’notre boulot, défendre le vôtre’’ avec comme credo le dialogue social, mais la CNT existe aussi et avant tout, pour unir et mobiliser les forces démocratiques et, indépendantes du syndicalisme nigérien.

Bref, travailleurs nigériens, militants et sympathisants de la CNT,

c’est de votre disponibilité, de votre conviction et surtout de votre engagement que dépendra l’avenir de chacun individuellement pris, mais aussi de l’avenir collectif de tout le pays.

Camarades !

Au regard de tout ce qui précède, la CNT estime qu’il est impératif et urgent pour les autorités politiques de s’atteler au travail, afin de mériter la confiance en elles, placée par le peuple, de lui venir en aide dans les domaines de la sécurité, de l’alimentation, de l’éducation, la santé, de l’emploi, de l’énergie, de la protection sociale et de la cherté de la vie.

Et, la CNT rassure d’ores et déjà les travailleurs, qu’elle ne saurait accepter aucune remise en cause des acquis obtenus de hautes luttes, encore moins cautionner des violations des droits et libertés syndicales, l’injustice et l’impunité.

Mieux, La CNT ne ménagera aucun effort pour garantir et promouvoir les droits de tous les travailleurs dans ce contexte difficile d’insécurité, de pauvreté et de vie chère.

Faut-il le rappeler une fois de plus que la CNT n’est sous l’obédience de personne. Son souci cardinal réside dans l’amélioration des conditions de vie et de travail des militantes et militantes et les citoyens d’une manière générale pour une vie décente.

Enfin, nous profitons de cette commémoration, pour adresser nos remerciements et notre profonde gratitude à nos différents partenaires nationaux, mais aussi à nos partenaires extérieurs notamment, la CSC de Belgique, la CNV-Internationaal des Pays Bas, la Confédération Syndicale Internationale (CSI-internationale), la CSI Afrique, la CFDT de France ainsi que, le BIT, pour leur accompagnement.

Bonne fête à toutes les travailleuses et tous les travailleurs !

Vive l’OIT

Vive la CSI

Vive la L’ITN

Vive l’UAS

Vive la solidarité syndicale
Que Dieu protège le Niger et son peuple

Je vous remercie.