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Commentaire : Pourquoi la France ne peut pas empêcher au Niger de demain de naître

Vivant et prospérant aux dépens de pays comme le Niger depuis plus de six décennies, la France, si arrogante, surprend le monde en montrant peu d’empressement à quitter ce pays que ses médias ont toujours présenté comme le plus pauvre de la planète. Si elle a finalement fait partir ce pauvre Sylvain Itté, retenu, cloitré dans l’enceinte de l’enclave française, par Emmanuel Marcon, la France traîne toutefois les pieds en ce qui concerne le départ de ses troupes militaires. Ces Français, tout de même ! Le pays le plus pauvre de la planète vous dit qu’il ne veut pas de votre présence et de votre aide et vous ne vous sentez pas offensés. Où est donc passée la fierté du coq gaulois ? Tout le monde l’aura compris, la France est en perte de repères et de valeurs. Et pour avoir vécu de larcins et de supercherie au détriment de nos pays qu’elle a spoliés de ses richesses pendant des décennies, le pays de De Gaule se réveille brutalement face à la réalité. Une réalité douloureuse d’autant plus qu’elle s’est fourvoyée dans une voie surréaliste où la diplomatie, la négociation et l’entente, bref les échanges gagnant-gagnant selon le concept chinois ou russe, cèdent le pas à la félonie, au chantage, à la menace, aux agressions lâches et barbares. La France a certes vécu et prospéré par des larcins et la supercherie. Mais elle a également refusé, obstinément, d’ouvrir les yeux pour voir la réalité qui pointait à l’horizon depuis des années, s’y préparer et anticiper au besoin les rapports nouveaux qui s’imposent désormais entre États du monde. Elle s’est laissée trop bercer par ces accords néocoloniaux qui sont autant de fers avec lesquels elle a cru avoir enchaîné pour l’éternité nos pays. Hélas, elle doit aujourd’hui comprendre qu’elle n’a d’autre choix que de se mettre au pas ou continuer à dégringoler. En un mot, la France n’a plus à nous dicter ses desideratas, mais à respecter notre volonté par rapport à nos richesses minières. Ces richesses minières, nous les vendrons à qui veut nous les acheter au meilleur prix et aux meilleures conditions. Ce qui s’est passé est passé, définitivement enterré, plaise à Dieu, comme l’a martelé le général Tiani.

C’est ce que, du reste, le Premier ministre, Mahaman Ali Lamine Zeine, a fait savoir, d’emblée, à ses interlocuteurs, le mardi 03 octobre 2023, dans la salle des banquets de la Primature où elle a réuni de nombreux leaders d’opinion et des responsables administratifs et coutumiers de la ville de Niamey. « Nous sommes en guerre contre la France », et ce n’est ni exagéré ni déplacé de présenter les choses de cette façon. C’est du réalisme et de la responsabilité. Seulement, ce que Lamine Zeine s’est gardé de dire, par pure diplomatie, c’est que la France va nécessairement perdre cette guerre qu’elle s’est imposée par cupidité et un amour trop prononcé pour le narcotrafic, le terrorisme, la destruction dans laquelle elle excelle et qu’elle a semée aux quatre coins du moins au cours de son histoire.

Le peuple nigérien a compris ce qui est essentiel et s’est engagé à le défendre au péril de sa vie. Tant pis pour cette France néocolonialiste qui a tant de mal à se défaire de ses lubies «enfantines» et de ses prétentions démesurées en ce siècle qui n’a rien, absolument rien, à voir avec celui des lumières. Aujourd’hui, d’autres nations fortes ont émergé, les relations internationales ne sont plus bipolaires et, le monde, pour ainsi dire, est devenu planétaire et multipolaire, ce qui rend inopérant le jeu favori de la France.

Le peuple nigérien a compris ce qu’il a de mieux à faire et ce n’est sans doute pas de faire la «guerre» au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Csnp), ce cadre unificateur qui incarne la lutte pour la souveraineté nationale, le rêve de toute une jeunesse profondément attachée aux valeurs de patriotisme, d’honneur, de dignité et surtout, suprême bonheur pour notre pays, de sacrifices à consentir pour construire les chemins de l’avenir.

Le peuple nigérien, et particulièrement sa jeunesse, l’a fort bien compris et ce ne sont certainement pas les viles manipulations orchestrées par les opérateurs français, RFI et France 24, à juste titre interdits chez nous, qui vont travestir des comportements induits par une connaissance conséquente de la situation et des enjeux. Des dignitaires corrompus déchus comme Hassoumi Massaoudou ne peuvent évidemment pas comprendre que « Zancan Kasa né – Labu Sanni no », ce slogan mobilisateur et unificateur, soit sorti des entrailles d’un peuple libéré qui dit « Trop, c’est trop, ça suffit comme ça ». Ils sont si corrompus, si mal élus, ont si mal gouverné qu’ils ne peuvent que ramener tout à la corruption par l’argent et à la prison. Ce n’est pas à un Emmanuel Macron ou à une Elizabeth Borne qu’il faut expliquer ce qui se passe au Niger, eux qui pensent que nous ne comprenons rien à rien et que tous les Nigériens sont des vendus et des traîtres à leur patrie à l’image de ceux avec qui la France «macronienne» a tant d’atomes crochus.

Ce Niger-là est derrière nous et la France a beau tout faire pour nous déstabiliser et nous écarter de notre voie, elle échouera, comme elle a échoué à le faire au Mali et au Burkina Faso. Avec ces deux pays voisins et frères, le Niger frayera son chemin, sur les sentiers abrupts de la lutte de libération, un concept plein de sens pour l’Algérie et le président Tebboune, incarnation vivante de la lutte que le pays de Boumediene a dû livrer pour se libérer de la France après des milliers de villages rasés, des centaines de milliers d’Algériens massacrés, etc. C’est cette lutte que nous menons, a dit en substance le Premier ministre Lamine Zeine et l’Algérie, si jalouse de sa souveraineté, ne peut que comprendre le peuple frère et ami du Niger et l’accompagner dans la voie choisie.

Laboukoye