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Commentaire / Lutte contre la corruption au Niger : du rêve à la réalité

La lutte contre la corruption est une des conditions de la bonne gouvernance. Le Président du Comité National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, le Général Abdourahamane Tiani, a promis aux Nigériens la bonne gouvernance. Il faut le croire ! Pourquoi ? Parce que ses premières décisions de Chef d’Etat conséquent auront été de relever de leurs fonctions les Directeurs Généraux des Offices et sociétés d’Etat en lesquels, il n’a pas confiance ou sur lesquels pèsent des soupçons de corruption, de concussion, de détournements et/ou autres actes de délinquance économique et financière. Qui a fait mieux en si peu de temps ? Personne !

On a accusé ici et là le Général Abdourahamane Tiani et ses frères d’arme de commettre un déni de droit et de procéder à une chasse aux sorcières. Que nenni ! N’importe quel inspecteur d’Etat ou inspecteur des finances vous expliquera que la procédure en matière de soupçon de corruption tient en trois phases. D’abord, la personnalité soupçonnée est relevée de ses fonctions ; ensuite, ses biens sont mis sous hypothèque ou sous séquestre par mesure conservatoire pour qu’elle ne puisse organiser sa faillite financière ; enfin, une information judiciaire est ouverte à son encontre… pour dire le droit. Si le Procureur général ou le procureur de la République juge de l’opportunité de la poursuite. Et, comme pour prouver leur mauvaise foi, certaines de ces personnalités relevées de leurs fonctions ont déjà commis des conseils dont l’axe de défense serait la maladie présumée de leurs clients pour leur permettre d’aller se faire soigner hors du Niger. Pour échapper à la justice. Mais, nul n’est dupe dans ce pays !

De fait, ce que le Général Abdourahamane Tiani a posé comme acte est donc dans l’ordre normal des choses et, est juste. Jusqu’à l’avènement du CNSP, les Nigériens étaient abreuvés de discours grandiloquents sur la lutte contre la corruption. Des discours non suivis d’acte et surtout destinés à gagner la confiance des bailleurs de fonds qui en savent plus sur la destination réelle de leur argent que n’importe qui. Imaginez ce qui serait arrivé si le CNSP n’avait pas agi ainsi avant même la formation du Gouvernement. Mieux, à ceux qui soupçonnent le CNSP de procéder à une chasse aux sorcières, toute personne sainte d’esprit opposera le maintien à leurs postes des nombreux maires de l’ancien régime ainsi que la reconduction à leurs postes de toute une kyrielle de cadres du régime déchu. Tiani a fait son job ; au gouvernement et à la justice de faire le leur.

Certes, quelqu’un disait que, « quand on veut enterrer un problème, on crée une commission » ; certes encore, les commissions précédentes avaient déçu les Nigériens. Mais, la COLDEFF ne nous semble pas relever de cette catégorie de comité ou de commission. De fait, de nombreux Nigériens rêvent d’une Cour ou d’un tribunal d’exception pour juger les crimes économiques et financiers ; les plus radicaux rêvent même de « gacaca », ces tribunaux populaires qui jugèrent des génocidaires au Rwanda de Paul Kagamé.

C’est dire que la question de la corruption révèle à quel point les Nigériens ont soif de justice. La lutte contre la corruption au Niger a fait l’objet de nombreux discours et on l’a dit, mais aussi d’études et d’enquêtes. L’une de celles-ci, « l’état de la corruption au Niger », réalisée en 2009 par Transparency international et l’Association nigérienne de lutte contre la corruption (ANLC), n’avait pas été considérée par l’ancien régime qui l’avait même jetée aux orties.

Or, l’enquête sur « l’état de la corruption au Niger » est une somme d’enseignements sur les figures de la corruption au Niger et surtout sur la façon de la combattre. Les 287 pages de cette enquête sur laquelle nous reviendrons sont instructives…

Sani Soulé Manzo

Source : https://www.lesahel.org/