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Commentaire : Le Niger veut le droit, rien que le droit mais tout le droit

La Cour de Justice de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest a donc débouté l’Etat du Niger qui l’avait saisie aux fins d’appréciation de la légalité des sanctions imposées à notre pays et de prononcer le sursis à exécution desdites sanctions prises par la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA réunie à Abuja en République Fédérale du Nigéria.

Etonnant ? Non ! Surtout quand on sait que, sous les Tropiques, le pouvoir judiciaire est souvent soumis aux injonctions du pouvoir exécutif. Pourquoi ? Parce que l’exemple vient de loin et de haut. En effet, la France, qui donne des leçons à tout-va, est le pays où l’entrave à la justice est phénoménale. Surtout sous le régime « socialiste » de François Mitterrand (1981-1995). Citons pêle-mêle les affaires Elf, Areva, Greenpeace, De Grossouvre, Bérégovoy, les frégates, etc. En fait, c’est à croire que les « socialistes » français, nigériens et autres vendeurs d’illusions excellent dans l’art délicat de vendre du vent à leurs peuples. En s’en mettant plein les poches.

Vous ne voyez pas le lien avec la décision de la Cour de Justice de l’UEMOA ? C’est un député socialiste français qui nous éclaire, s’adressant dans les années 1980 déjà à l’opposition de droite à l’Assemblée nationale française : « vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires ». « Politiquement minoritaire », le Niger l’est assurément dans cet espace UEMOA où tous les leviers de commande (banque centrale, justice communautaire, etc.) sont tenus par deux des huit pays membres – la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ci-devant porteurs d’eau de Macron.

Que la BCEAO et la Cour de Justice de l’UEMOA jouent donc à fond la carte des sanctions contre le Niger n’est pas pour nous étonner. D’autant que la monnaie CFA est fabriquée à Chamalières en France et que le droit qui est dit chez nous est une pâle copie des textes français. Encore et toujours la France ! Conclusion ? Il faut rompre les amarres ! Avec courage et détermination. Ce, d’autant que la France est minée de l’intérieur par une crise de confiance en ses propres choix officiels en matière de politique étrangère et de projection de son armée sur les terrains d’opérations extérieures.

Certes, la décision de la Cour de Justice de l’UEMOA est un référé. L’avenir dira si le jugement au fond des requêtes du Niger sera honnête…

Car enfin, qu’est-ce qui fait douter les citoyens ? Même la fameuse « communauté internationale » et la non moins fameuse « justice internationale » ont une conception élastique du Droit. La championne de la « démocratie » en Birmanie a tous les égards et les musulmans birmans qu’on tue par milliers sous le regard de Ang Sun Kyu aucun droit ; Volodymyr Zelenski est paré de toutes les vertus et Poutine rabaissé au rang de satrape ; Israël peut tout en Palestine mais le Hamas ne doit pas réagir contre l’agression permanente de Tel Aviv ; ceux qui opèrent des coups d’Etat constitutionnels permanents » sont salués et ceux qui viennent sauver leurs patries en danger sont traités en parias. On peut multiplier les exemples de ces dénis de droits ou de justice dont sont coutumiers les donneurs de leçons professionnels.

Quid des décisions attendues de la Cour de Justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ? Cette Cour joue les prolongations, fait durer le suspens en fixant au 7 décembre son délibéré. Wait and see.

Après le précédent de la Cour de Justice de l’UEMOA où nous n’étions même pas au courant de la date de l’audience, le Niger doit se doter de plusieurs pools d’avocats qui suivent les dossiers au cas par cas pour éviter d’être « dribblés » par des Cours usant et abusant de manœuvres et arguties juridiques préjudiciables aux intérêts du Niger et de son peuple. Pour le reste, nous faisons confiance à la science et à la préscience du ministre de la Justice Alio Daouda ainsi qu’à la combativité et à la compétence des avocats du Niger, qui doivent prouver qu’il existe parmi eux des Isorni et des Floriot, des Jacques Vergès et des William Bourdon voire des Eric Dupont-Moretti alias « Acquittator », reconnus pour leurs plaidoiries d’anthologie. Le Niger veut le droit, rien que le droit mais tout le droit. Le reste, tout le reste, n’est que fumisterie pour nous distraire de l’essentiel : la sauvegarde de notre patrie !

Sani Soulé Manzo (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org/